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CROISADES

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Signification religieuse des croisades

Les caractéristiques de la croisade se sont définies progressivement tout au long de cette histoire. Urbain II, comme Grégoire VII, paraît avoir envisagé la croisade comme une expédition de secours envoyée aux chrétiens d'Orient pour les défendre contre leurs oppresseurs, au nom de la « charité fraternelle », en attribuant aux participants l' indulgence liée au pèlerinage de Jérusalem, c'est-à-dire la remise des pénitences que le confesseur pouvait enjoindre aux pécheurs repentants. Les croisés, de leur côté, mirent au premier rang de leurs préoccupations le pèlerinage, aux dépens des secours à apporter à leurs frères, et toutes les croisades du xiie siècle montrent les chevaliers et les pèlerins impatients d'arriver à Jérusalem.

Aussi, dès le temps d'Alexandre III, les papes se sont préoccupés de mieux préciser l'importance du secours à apporter à ces frères en danger que sont désormais les Latins établis en Orient, en accordant des privilèges spirituels plus étendus à ceux qui, le pèlerinage accompli, se mettaient au service des Latins d'Orient. Mais, en fait, c'est la chute de Jérusalem et l'impossibilité où les croisés se trouvèrent dès lors de visiter le Saint-Sépulcre qui donnèrent son caractère définitif au «   vœu de croisade » (votum crucis) : l'indulgence accordée à ceux qui partiraient pour le secours de la Terre sainte (subsidium Terrae sanctae) se distinguait désormais de celle qui était liée à l'accomplissement du pèlerinage.

Le vœu de croisade se différenciait du vœu de pèlerinage par le fait que le croisé portait les armes, ce qui était traditionnellement interdit au pèlerin. Mais, au moment de partir, le croisé recevait la bénédiction réservée aux pèlerins ; il devait accomplir son voyage en esprit de pénitence, sans rechercher ni enrichissement ni satisfaction de vaine gloire ; il lui fallait éviter le luxe et l'ostentation. Saint Bernard allait jusqu'à assimiler le fait de prendre la croix, c'est-à-dire de porter sur ses vêtements la croix d'étoffe désignant le pèlerin de Jérusalem, à une véritable « conversion », analogue à l'entrée en religion. Tous les croisés, bien entendu, ne satisfaisaient pas à cet idéal ; mais un encadrement religieux leur était donné : un légat pontifical accompagnait les armées pour veiller à ce que l'on prêchât la pénitence et à ce que les confessions fussent assurées.

Le vœu de croisade entraînait d'autre part pour le croisé l'acquisition de certains privilèges (privilegium crucis) : ses biens et sa famille étaient placés sous la protection de l'Église. Cela eut pour conséquence l'adoption d'un moratoire pour le paiement des dettes du croisé, et les juridictions laïques supportèrent avec impatience ces prérogatives à leurs yeux exorbitantes. En revanche, le fait de ne pas accomplir le vœu entraînait des peines spirituelles, telles que l'excommunication.

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Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Jean RICHARD. CROISADES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Croisades, XI<sup>e</sup>-XII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croisades, XIe-XIIe siècle

Saladin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Saladin

Croisades, XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croisades, XIIIe siècle

Autres références

  • ACRE ou AKKA, anc. SAINT-JEAN-D'ACRE

    • Écrit par
    • 336 mots

    Ville et port de Palestine, qui apparaît dans l'Ancien Testament sous le nom de ‘Acco et au temps des Ptolémées d'Égypte sous celui de Ptolemaïs, époque où elle connut une certaine prospérité. Conquise par les Arabes en 636, elle fut reconstruite peu après et son port réaménagé à la fin du ...

  • ADHÉMAR DE MONTEIL (mort en 1098)

    • Écrit par
    • 130 mots

    Clerc d'origine noble, évêque du Puy (1087), pèlerin de Terre sainte, Adhémar de Monteil joua un rôle essentiel dans la préparation de la première croisade, grâce à la connaissance qu'il avait de la situation en Orient. Le pape Urbain II le nomma légat et lui confia la direction de l'entreprise, lui...

  • ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)

    • Écrit par
    • 4 152 mots
    • 2 médias

    Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xiie siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' ...

  • ALIÉNOR D'AQUITAINE (1122 env.-1204)

    • Écrit par
    • 506 mots

    Fille de Guillaume X, duc d'Aquitaine. Duchesse à la mort de son père (1137), elle fut mariée dès son avènement au prince Louis, qui montait, deux semaines plus tard, sur le trône de France sous le nom de Louis VII. Le duché demeura cependant distinct du domaine royal. L'union était mal...

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