JACOBINS CLUB DES

Le 30 avril 1789, à Versailles, les députés du tiers état de Bretagne, parmi lesquels Le Chapelier, Lanjuinais, Coroller et Defermon, se réunissent pour débattre ensemble de leur attitude cinq jours avant l'ouverture des États généraux. C'est l'origine du Club breton auquel s'agrégeront très vite des députés « patriotes » venus d'autres provinces : Mounier et Robespierre parmi les premiers, Mirabeau, Sieyès, Barnave, Pétion, Grégoire, les Lameth, Rœderer et Buzot assez vite. Le petit groupe parlementaire prendra en quelques mois une influence croissante au sein de la gauche.

Quand, après les journées d'octobre 1789, la Constituante se transporte à Paris en même temps que le roi, les députés du Club breton se cherchent un nouveau local. C'est ainsi que naît la Société des amis de la Constitution, siégeant aux Jacobins à Paris. Faut-il croire à quelque prédestination si les beaux orateurs férus de la « Constitution » trouvent leur gîte au couvent des Jacobins (Dominicains ou Frères prêcheurs) et si c'est au couvent des Cordeliers (Franciscains ou Frères mineurs) que naît quelques mois plus tard le club des meneurs populaires, défenseurs des Droits de l'homme ?

À cette première étape de sa carrière, le club des Jacobins ne reçoit encore en son sein que des députés ; il s'ouvrira peu après aux électeurs, mais sans admettre encore les citoyens « passifs » que leur peu de fortune écarte de l'électorat. Il réunit bientôt tous les hommes de gauche marquants, avec toutes les nuances qui se marquent et toutes les divergences qui se creusent dans cette gauche ; en son centre, les « triumvirs » qui en sont longtemps les maîtres : Barnave, Lameth et Duport ; à sa droite Mirabeau ; à son extrême gauche, une poignée d'hommes sur lesquels l'ascendant de Robespierre se marque toujours davantage.

Hommes de gauche, il faut préciser : bourgeois de gauche, qui ont du répondant et des correspondants, qui savent écrire autant que parler. Tout naturellement, leur action tend à répandre le nouvel esprit public par le canal de leurs relations en province. Dans chaque ville de quelque importance se crée une filiale jacobine. La société mère en reçoit ses informations et y diffuse ses mots d'ordre et ses circulaires. Elle sait tout ce qui se passe, elle influe sur tout ce qui se passe. En 1791, le comité de correspondance des Jacobins de Paris est une puissance : il est aux mains du romancier des Liaisons dangereuses, Laclos, homme de confiance du duc d'Orléans.

La crise de Varennes met fin à ce premier âge du jacobinisme. Soumis par Laclos et Danton à une insidieuse propagande orléaniste, travaillés par Barnave qui se voudrait le nouveau mentor de la reine, soucieux de certaines manœuvres qui voudraient amener la dictature militaire de La Fayette sous le couvert d'une république « washingtonienne », les Jacobins tergiversent. Pour les entraîner, Duport, Lameth et Barnave décident de frapper un grand coup : le 16 juin, ils décident de transporter le siège de la société au couvent des Feuillants. Presque tous les députés membres du club, dont Laclos, les accompagnent.

Robespierre presque seul, avec Pétion, Rœderer, Grégoire, Prieur de la Marne, Dubois-Crancé, Buzot, une poignée de députés et les patriotes les plus prononcés, tient bon. Les notabilités sont passées aux Feuillants, mais la quasi-totalité des sociétés affiliées des départements reste fidèle aux Jacobins. Robespierre passe à la contre-attaque, fait décider une épuration du club, accentue son orientation démocratique, ouvre plus largement ses portes au tout-venant des militants. Un nouveau club des Jacobins vient de naître en ces jours de juillet 1791 qui suivent la fusillade du Champ-de-Mars, et Robespierre en est désormais l'âme.

Son empire sera encore[...]

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Jean MASSIN, « JACOBINS CLUB DES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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Club des Jacobins

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Le Club des jacobins sera définitivement dissous par la Convention le 12 novembre 1794.

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