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BILLAUD-VARENNE JEAN NICOLAS (1756-1819)

Le Rectiligne, disait-on de ce révolutionnaire auquel sa rigidité et son caractère implacable ont donné une place particulière dans l'histoire de la Convention et du Comité de salut public. Fils d'un avocat au siège présidial de La Rochelle, avocat lui-même, auteur dramatique manqué, professeur laïque au collège des oratoriens à Juilly, rédacteur de plusieurs brochures dénonçant la superstition et « le despotisme des ministres », Billaud-Varenne devient, au début de la Révolution, un orateur écouté du club des Jacobins ; il sera l'un des premiers à développer des idées républicaines au moment de la fuite du roi en juin 1791. Membre de la Commune révolutionnaire de Paris, lors de l'insurrection du 10 août, il y assiste le nouveau procureur Manuel, puis est élu par la capitale à la Convention avec les principaux chefs de la Montagne, Robespierre, Danton et Marat. Il développe en 1793 ses idées sociales et politiques dans une brochure intitulée Les Éléments du républicanisme, qui résume assez bien le programme des Montagnards : « Le système politique, écrit-il, doit assurer à chacun la paisible jouissance de ses possessions, mais ce système doit être combiné de manière à établir autant que possible une répartition des biens sinon absolument égale, au moins proportionnelle entre les citoyens. » Porte-parole des revendications populaires, Jean Billaud-Varenne entre au Comité de salut public avec Collot d'Herbois, au soir de la tumultueuse séance à la Convention du 5 septembre 1793. Il se prononce contre les hébertistes, puis contre Danton. Mais l'ascendant pris par Robespierre au sein du Comité de salut public finit par inquiéter l'ombrageux républicain. Le 8 thermidor il s'exclame : « J'aime mieux que mon cadavre serve de trône à un ambitieux que de devenir par mon silence le complice de ses forfaits. » La chute de Robespierre ne signifie nullement à ses yeux la fin de la Révolution, mais au contraire un nouvel élan. Aussi la réaction thermidorienne fait-elle de Billaud-Varenne sa cible préférée. Le 7 nivôse an III, une commission d'enquête est chargée d'examiner la conduite de Barère, de Collot d'Herbois, de Vadier et de Billaud-Varenne. Billaud et Collot sont déportés. Relégués à Sinnamari, en Guyane, Billaud-Varenne y vit « en Socrate » selon l'expression de Barbé-Marbois, rédigeant des Mémoires publiés seulement en 1893 et dans lesquels il déplore les divisions de la Montagne. Désavouant le coup d'État de Brumaire, il refuse toute amnistie. Réfugié après 1816 à Saint-Domingue, il y meurt en prononçant des paroles qui résument son caractère de républicain à la Plutarque : « Mes ossements du moins reposeront sur une terre qui veut la liberté ; mais j'entends la voix de la postérité qui m'accuse d'avoir trop ménagé le sang des tyrans d'Europe. »

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Pour citer cet article

Jean TULARD. BILLAUD-VARENNE JEAN NICOLAS (1756-1819) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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