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SIMON CLAUDE (1913-2005)

Claude Simon - crédits : Louis Monier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Claude Simon

Couronnée en 1985 par le prix Nobel de littérature, l’œuvre de Claude Simon, publiée entre 1945 et 2001, s’affirme comme l’une des plus importantes et originales de la deuxième moitié du xxe siècle. Traduite dans le monde entier, elle exerce une influence majeure sur de nombreux écrivains contemporains.

Une traversée du siècle

« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d’habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée », déclare Simon dans le discours qu’il prononçe à Stockholm en recevant le prix Nobel de littérature. Il a en effet vécu, souvent douloureusement, tous les événements de la première moitié du xxe siècle. Il est né le 10 octobre 1913 à Madagascar, où son père, Antoine Simon, est officier colonial ; fils de paysans pauvres du Jura, celui-ci a fait carrière en passant par Saint-Cyr. Suzanne de Namiel, qu’il a épousée en 1910, appartient au contraire à une famille aisée de l’aristocratie foncière perpignanaise. Le père de Claude Simon est tué au combat près de Verdun dès le 27 août 1914. L’enfant grandit à Perpignan, passant également une partie de l’été chez ses tantes à Arbois. Sa mère, rongée par un cancer, meurt à son tour, et à onze ans il est placé sous la tutelle d’un cousin écrivain, Paul Codet.

Il fait ses études secondaires comme interne au collège Stanislas, à Paris, puis s’inscrit au lycée Saint-Louis pour préparer l’École navale, comme sa mère le souhaitait. Mais il abandonne assez vite ce projet pour se consacrer à sa première ambition, devenir peintre. En 1932, il rencontre l’actrice Lucie Renée Clog, qu’il épousera en 1940 et qui sera sa compagne pendant douze ans. En 1933, il s’inscrit à l’académie de peinture d’André Lhote et s’essaie à la photographie. À vingt et un ans, il est majeur, « livré à lui-même, héritier d’une modeste fortune qui le dispense toutefois d’avoir à gagner sa vie, il mène celle-ci d’une façon paresseuse », écrira-t-il. En 1934-1935, Claude Simon fait son service militaire au sein du 31e régiment de dragons à Lunéville. En 1936, il commence à écrire et, avec Louis Montargès, passe la dernière quinzaine de septembre à Barcelone. Là, il assiste – en observateur plus qu’en acteur – à quelques épisodes de la guerre civile. Au printemps 1937, il voyage à travers toute l’Europe avec Alfred Cassou : Berlin, Moscou, Istanbul, la Grèce et l’Italie. En 1938, il rédige la moitié du Tricheur.

Le 27 août 1939, jour anniversaire de la mort de son père, Claude Simon est mobilisé. Le 17 mai 1940, il échappe au massacre de son escadron, à cheval face aux avions et blindés allemands, et voit son colonel être abattu devant lui par un tireur isolé. Prisonnier de guerre dans le Brandebourg, il parvient à s’évader fin octobre. Réfugié à Perpignan, il se lie d’amitié avec des peintres, Raoul Dufy et Jean Lurçat, qui lui présentent Edmond Bomsel, lecteur aux éditions du Sagittaire, lequel lui propose de publier après la guerre Le Tricheur, achevé en avril 1941. En février 1944, risquant d’être dénoncé pour avoir rendu des services à la Résistance, il rejoint Paris où, d’avril à la Libération, il héberge un centre de renseignements de résistants.

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Écrit par

  • : agrégée de lettres, docteure ès lettres, conservatrice à la Bibliothèque nationale de France

Classification

Pour citer cet article

Christine GENIN. SIMON CLAUDE (1913-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Claude Simon - crédits : Louis Monier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Claude Simon

<em>Jambes</em>, C. Simon - crédits : Centre Pompidou/ MNAM-CCI/ Philippe Migeat/ RMN-Grand Palais ;  avec l'aimable autorisation de Mireille Calle-Gruber, ayant droit moral pour l'oeuvre de Claude Simon

Jambes, C. Simon

Autres références

  • HISTOIRE, Claude Simon - Fiche de lecture

    • Écrit par Christine GENIN
    • 838 mots
    • 2 médias

    Couronné par le prix Médicis, Histoire constitue un tournant dans l'œuvre de Claude Simon (1913-2005) : appartenant au cycle « familial » ouvert par L'Herbe, le roman annonce par sa construction La Bataille de Pharsale et par sa thématique familiale et mémorielle les œuvres de la maturité...

  • LE JARDIN DES PLANTES (C. Simon) - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Didier WAGNEUR
    • 1 339 mots

    Le Jardin des Plantes de Claude Simon (éditions de Minuit, Paris) a constitué l'événement de la rentrée littéraire 1997. L'attribution à l'écrivain du prix Nobel de littérature en 1989 avait scandalisé une partie de la critique littéraire. Puis, insensiblement, elle a fait de lui un « classique » et...

  • L'ACACIA, Claude Simon - Fiche de lecture

    • Écrit par Christophe MERCIER
    • 1 353 mots
    • 1 média

    Dans le paysage des lettres françaises de la seconde moitié du xxe siècle, l'œuvre de Claude Simon (1913-2005), couronnée en 1985 par le prix Nobel, s'affirme comme l'une des plus puissantes. Paru en 1989, L'Acacia est une tentative pour retourner aux sources de la mémoire...

  • LE TRAMWAY (C. Simon)

    • Écrit par Christine GENIN
    • 1 005 mots

    Un enfant dont la mère est en train de mourir se rend au collège en tramway ; un vieil homme renaît à la conscience dans la chambre de transit d'un hôpital. Autour de ces deux images, Le Tramway (Minuit, Paris, 2001), Claude Simon compose la fresque fragile et émouvante d'une mémoire....

  • DESCRIPTION

    • Écrit par Jean-Michel ADAM
    • 3 152 mots
    ...peut ajouter une description productive, dernière tendance qui est parfois à l'œuvre dans des textes antérieurs, bien sûr, et que résument ces lignes de Claude Simon : « Est-ce qu'il n'est donc pas permis de se demander non seulement si, de même qu'indépendamment des choses représentées (nature morte,...
  • LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE

    • Écrit par Dominique RABATÉ
    • 7 278 mots
    • 13 médias
    ...lui consacrant une étude publiée dès 1931. Car c’est bien la forme personnelle du temps revécu qui devient le terrain de la littérature, une leçon que Claude Simon (1913-2005, prix Nobel de littérature en 1985) reprend, en lui donnant l’allure inspirée des monologues remémoratifs de William Faulkner....
  • LITTÉRATURE FRANÇAISE CONTEMPORAINE

    • Écrit par Dominique VIART
    • 10 290 mots
    • 10 médias
    ...Gracq (Jean-Paul Goux), Cervantès et Quevedo concurremment à Pascal et Descartes pour Lydie Salvayre. Après Beckett, qui fascine Chevillard et Gailly, Claude Simon constitue un modèle pour nombre d’entre eux, réunis autour de son œuvre, quand bien même ils ne pratiquent pas la même esthétique : Yves Ravey,...
  • NOUVEAU ROMAN. CORRESPONDANCE 1946-1999 (ouvrage collectif) - Fiche de lecture

    • Écrit par Christine GENIN
    • 1 243 mots
    Il faut attendre mars 1957 pour qu’entrent en scène les quatre autres membres du septuor, la doyenne Nathalie Sarraute (1900-1999), Claude Simon (1913-2005), Claude Mauriac (1914-1996) et Michel Butor (1926-2016), le benjamin. Bernard Dort est le premier à employer l’expression « nouveau roman...

Voir aussi