Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CINÉMA (Réalisation d'un film) Photographie de cinéma

Le chef opérateur, maître de la lumière, Pierre-William Glenn - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le chef opérateur, maître de la lumière, Pierre-William Glenn

Aux tout premiers temps du cinéma, le réalisateur ne se distinguait nullement de l'opérateur, celui qui effectuait physiquement la prise de vues. Louis Lumière tourna lui-même les premiers films Lumière. Mais, dès que l'entreprise cinématographique Lumière devint une véritable firme commerciale, il fallut confier à d'autres le soin de se rendre dans des contrées lointaines pour en rapporter des images que le fondateur ne pouvait aller chercher lui-même. C'est ainsi que se développa la fonction d'opérateur, répondant, en premier lieu, à la commande de Lumière-Producteur. Mais, sur le terrain, ces opérateurs cumulaient les fonctions de scénariste (choix du sujet), de metteur en scène (choix du lieu et du point de vue), d'opérateur (choix de la distance et d'un cadre) et même de projectionniste. La technique se développant (objectifs, pellicules, éclairages artificiels, mouvements d'appareil...), les fonctions se diversifièrent. Mais le principe fondamental du cinéma – la lumière réfractée par un objectif venant impressionner la pellicule – fait du directeur de la photographie ou chef opérateur le plus important collaborateur de création du metteur en scène.

La reconnaissance du métier d'opérateur à Hollywood ne surviendra pourtant qu'en 1919, avec la création de l'American Society of Cinematographers (A.S.C.). Dirigée par Phil Rosen, l'A.S.C. n'est pas un syndicat, mais une « organisation éducative, culturelle et professionnelle », qui a pour but de permettre aux meilleurs opérateurs « ayant fait preuve d'un travail remarquable », choisis sur invitation, de se rencontrer pour promouvoir l'art et la technique du cinématographe. Peu à peu, ses membres ont fait figurer au générique des films le signe « A.S.C. » à la suite de leur nom. Mais c'est seulement en 1927 que cette reconnaissance professionnelle des opérateurs par la profession cinématographique devient officielle avec le premier oscar de la photographie attribué à Charles Rosher et Karl Strüss pour L'Aurore, de F. W. Murnau.

La lumière du jour

Georges Méliès - crédits : Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Georges Méliès

La faible sensibilité des premières pellicules (de l'ordre de 6 à 8 ASA) obligeait les opérateurs à travailler à la lumière du jour, même pour filmer des scènes censées se passer en intérieur. Les premiers studios, comme celui de Méliès à Montreuil-sous-Bois, dénommé « atelier de pose », sont d'immenses verrières à l'intérieur desquelles sont élevés des décors de toiles peintes. Les prises de vues ne pouvaient se dérouler, par beau temps, que de 11 heures à 15 heures environ. Il faudra une dizaine d'années après les débuts du cinématographe pour que des éclairages d'appoint viennent renforcer (et corriger) la lumière solaire. Cette recherche de la lumière est d'ailleurs à l'origine de l'émigration du cinéma américain, vers 1908, de la côte est à la côte ouest, où s'édifiera Hollywood.

La Sortie des usines Lumière, A. et L. Lumière - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Sortie des usines Lumière, A. et L. Lumière

Qu'il s'agisse de réalisme documentaire façon Lumière ou de fantasmagorie façon Méliès, la première lumière du cinéma est donc une lumière naturelle. C'est sans doute dans ces contraintes extrêmes qu'il faut chercher l'origine de la fascination qu'exerce encore aujourd'hui l'image de nombre de films dits « primitifs », et particulièrement ceux de Lumière : « Comme si dans les vues Lumière, écrit Jacques Aumont, l'air, l'eau, la lumière devenaient palpables, infiniment présents. » Il est vrai que l'invention du cinéma répond d'abord à une recherche strictement scientifique de l'analyse du mouvement qui n'a que faire de sa synthèse, et moins encore de quelconques effets esthétiques. Mais le cinématographe répond en même temps à un vieux rêve de l'humanité, ce que Noël Burch appelle « le grand rêve Frankensteinien du [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Joël MAGNY. CINÉMA (Réalisation d'un film) - Photographie de cinéma [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Le chef opérateur, maître de la lumière, Pierre-William Glenn - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le chef opérateur, maître de la lumière, Pierre-William Glenn

Georges Méliès - crédits : Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Georges Méliès

La Sortie des usines Lumière, A. et L. Lumière - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Sortie des usines Lumière, A. et L. Lumière

Autres références

  • ACTEUR

    • Écrit par
    • 6 815 mots
    • 2 médias
    Aux débuts du cinéma, l'acteur ne paraît pas un instant différent de l'acteur de théâtre. Car ce sont les mêmes qui, dans les premiers films de Méliès, interprètent les textes classiques. De même, dans le cinéma expressionniste, la technique de monstration et de dévoilement de l'expression appartient...
  • AFRICAINS CINÉMAS

    • Écrit par
    • 1 131 mots

    L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...

  • ALLEMAND CINÉMA

    • Écrit par et
    • 10 274 mots
    • 7 médias

    Le cinéaste Volker Schlöndorff a suggéré que l'histoire du cinéma allemand était faite d'une série de ruptures esthétiques mais aussi d'une grande continuité dans le domaine de l'industrie cinématographique. L'alternance entre les phases les plus inventives, comme celles des années 1918-1933, voire...

  • AMENGUAL BARTHÉLEMY (1919-2005)

    • Écrit par
    • 758 mots

    L'œuvre d'écrivain de cinéma de Barthélemy Amengual est considérable, autant par sa quantité (une douzaine d'ouvrages et une multitude d'articles) que par l'acuité de son propos. Comparable aux meilleurs analystes français de sa génération (tels André Bazin ou Henri...

  • Afficher les 100 références