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CHRISTIE'S & SOTHEBY'S

L'arrivée en France des maisons de ventes anglo-saxonnes

L'arrivée des deux grandes maisons anglo-saxonnes sur le territoire français date en réalité de nombreuses années. En effet, Sotheby's a ouvert des bureaux à Paris dès 1967, et Christie's un an plus tard. Cette dernière a également ouvert des bureaux à Aix-en-Provence puis à Lyon et à Bordeaux. Toutefois, étant donné la législation française, qui accorde aux commissaires-priseurs un monopole qu'ils ne partagent guère qu'avec les notaires et les huissiers de justice, les maisons étrangères n'étaient pas autorisées à vendre sur le sol français. Depuis leurs bureaux de représentation, elles rassemblaient donc la marchandise auprès des vendeurs français et la livraient aux enchères à l'extérieur du territoire national. En général, la peinture ancienne était dispersée à Londres, la peinture moderne et contemporaine à New York, les bijoux à Genève et le mobilier français... à Monaco.

D'abord installée dans le VIIe arrondissement de Paris, Christie's a quitté ses anciens locaux en 1989 et a emménagé dans un luxueux hôtel particulier près du faubourg Saint-Honoré. À la fin de 1997, une nouvelle adresse a été retenue à Paris pour accueillir le nouveau siège de Christie's France : les locaux de l'ancienne galerie Artcurial, avenue Matignon dans le VIIIe arrondissement, d'une superficie de 5 000 mètres carrés, au cœur du quartier des antiquaires et des galeries d'art de la rive droite.

Pour sa part, Sotheby's a investi les locaux de l'ancienne galerie Charpentier, rue du Faubourg-Saint-Honoré, en face de l'Élysée. Entièrement rénovés, d'une superficie de 2 500 mètres carrés, ces locaux comprennent en outre une salle d'exposition et de vente d'une capacité de 350 places. Situés à quelques centaines de mètres les uns des autres, les deux géants anglo-saxons pourraient bien entraîner un déplacement du centre parisien des ventes aux enchères situé à l'hôtel Drouot dans le IXe arrondissement.

Ces nouvelles installations ont été motivées par la perspective de l'ouverture du marché français des ventes aux enchères publiques aux sociétés commerciales étrangères qui permettrait désormais à ces dernières d'organiser des ventes en France. En effet, la France défendant le monopole des commissaires-priseurs contre leurs concurrents étrangers, en 1992, le président de Sotheby's Londres a saisi la Commission européenne en invoquant l'article 59 du traité de Rome sur la libre prestation de services. Sommé par Bruxelles de se mettre, en matière de marché de l'art, en conformité avec le traité, le gouvernement français a dû revoir sa position. Les rapports successifs rendus aux pouvoirs publics par les commissions Chandernagor puis Aicardi n'ont pu ignorer l'ouverture du marché français à la concurrence internationale. Fin 1995, il a été décidé en conseil des ministres de préparer le marché français des ventes aux enchères à s'ouvrir le 1er janvier 1998 aux sociétés commerciales, c'est-à-dire à la concurrence internationale, dont celle de Sotheby's et Christie's. Si le délai imparti n'a pas été respecté, la loi n'en a pas moins été votée le 10 juillet 2000, et mise en application en 2002. Les commissaires-priseurs disposent désormais de la liberté d'établissement, ouvrant ainsi la profession à des concurrents européens ainsi qu'à d'autres professions. Il était pourtant acquis que les deux grandes maisons de ventes aux enchères anglo-saxonnes peuvent désormais organiser des ventes en France.

Cette possibilité offerte aux Anglo-Saxons devrait ainsi freiner l'hémorragie qui touche le marché français depuis de nombreuses années, en particulier dans des spécialités telles que le mobilier[...]

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Écrit par

  • : professeur de sociologie de l'art à l'université de Marne-la-Vallée, ancien élève de l'École normale supérieure de Cachan et de l'Institut d'études politiques de Paris, professeur agrégé de sciences sociales, membre de l'Institut universitaire de France

Classification

Pour citer cet article

Alain QUEMIN. CHRISTIE'S & SOTHEBY'S [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ART (Aspects culturels) - Le marché de l'art

    • Écrit par Raymonde MOULIN, Alain QUEMIN
    • 6 249 mots
    • 2 médias
    ...Les chiffres par secteurs d'activités sont malheureusement trop imprécis pour illustrer la part des ventes d'art contemporain dans les différents pays. Signalons simplement que la maison de vente Sotheby's réalisait en 1999 8 p. 100 de ses 2,26 milliards de dollars de chiffre d'affaires dans le domaine...
  • ART CONTEMPORAIN

    • Écrit par Yves MICHAUD, Raymonde MOULIN
    • 12 432 mots
    • 4 médias
    La concentration du marché mondial s'est réalisée autour de deux sociétés anglo-saxonnes dont les objectifs stratégiques sont mondiaux : Sotheby's, comptant d'importants capitaux américains, et Christie's, passée sous contrôle français depuis son rachat par François Pinault en 1998. Toutes deux...
  • COQUILLE DE NAUTILE (E. Weston)

    • Écrit par Hervé LE GOFF
    • 215 mots

    La vente, au prix de 190 000 dollars, d'une épreuve d'Edward Weston (1886-1958), la Coquille de Nautile, datant de 1927, marque l'entrée, en 1990, de la photographie dans le marché de l'art. Réalisée par un marchand de San Francisco, la transaction de près d'un million de francs va donner...

Voir aussi