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CHACO

Le Chaco est une vaste plaine de 600 000 kilomètres carrés qui s'étale au pied des Andes entre l'Amazonie, au nord, et la Pampa, au sud. La vallée des fleuves Paraguay et Paraná, qui longent le rebord du socle brésilien, en marque la limite orient ale. Malgré l'aridité du climat et le vide humain qui en découle, cet immense domaine que se partagent l'Argentine, la Bolivie et le Paraguay a fait naître de sanglants conflits, au début des années 1930, entre ces deux derniers pays lorsque apparurent des indices de ressources pétrolières.

Une plaine semi-désertique

Le Chaco occupe la partie tropicale de l'immense plaine structurale qui s'étale dans le sud de l'Amérique, entre l'avant-pays andin et la vallée du río Paraguay et du río Paraná, selon un plan très légèrement incliné vers l'est : de la frontière bolivienne à la rive du fleuve, face à Asunción, sur une distance de 800 km, l'altitude passe de 400 à 55 mètres. Cette faible pente s'explique par l'origine de la couverture sédimentaire continentale : sables et limons arrachés au massif andin, transportés et accumulés par les puissants cours d'eau du piémont, avant d'être repris et étalés aux périodes sèches par les grands vents d'ouest et du nord au gré des alternances climatiques du Quaternaire. Mais c'est l'aridité qui définit le mieux le Chaco et l'individualise par rapport à la prairie pampéenne au sud et à la forêt amazonienne au nord. Sous des latitudes tropicales continentales, entre 18 et 30 degrés, le Chaco, pris en écharpe par la diagonale désertique préandine, est entré dans la légende comme le pays de la chaleur et de la soif. Les précipitations de saison chaude, entre octobre et février, atteignent leur minimum dans le Chaco occidental (moyenne annuelle d'Ingavi : 452 mm) ; elles s'élèvent régulièrement vers l'est et le sud-est jusqu'à atteindre et dépasser 1 200 mm au long du Paraguay-Paraná. Plus à l'ouest, d'abondantes pluies se déversent sur le haut piémont bolivien et argentin et les contreforts andins se couvrent d'une belle forêt dense d'altitude. Mais la plaine ne connaît que les paysages végétaux qui accompagnent la sécheresse et qui se répartissent en grandes masses liées au dispositif méridien des isohyètes. Au bas du piémont, la forêt s'éclaircit et se dégrade pour faire place à une association buissonnante très ouverte sur des sols salés ou dunaires. Vers l'est et le sud-est, la formation s'élève et s'épaissit, mais bien souvent les arbustes à épineux, les acacias et les cactacées rendent impénétrable le Chaco central. On passe à la forêt sèche à sous-bois d'épineux que domine le quebracho (Schinopsis), riche en tanin, lorsque les pluies dépassent un mètre et que le sol est encore assez aéré pour laisser filtrer les eaux. Plus à l'est et au sud, en effet, sur une frange de 200 km aux abords du fleuve, l'horizontalité parfaite empêche tout drainage des sols limoneux compactés, et l'on parcourt d'immenses savanes inondables à palmiers (caranday), envahies par d'innombrables oiseaux aquatiques.

L' aréisme humide succède ainsi à l'aréisme sec : le trait le plus frappant du Chaco est l'absence de tout écoulement organisé, de tout réseau hydrographique. Seules deux rivières issues des Andes, le Pilcomayo et le Bermejo, atteignent par intermittence le río Paraguay. Les autres ruisseaux temporaires divaguent et se perdent dans les étangs salés. C'est là, depuis la Conquête espagnole jusqu'à nos jours, l'obstacle majeur et souvent déterminant à la mise en valeur.

— Romain GAIGNARD

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, responsable de l'équipe de recherche en ethnologie sud-amérindienne associée au C.N.R.S.
  • : maître assistant des facultés des lettres et sciences humaines, professeur à l'université nationale de Cuyo-Mendoza, Argentine

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Médias

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Traité de paix - crédits : Keystone/ Getty Images

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