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PARANÁ, fleuve

Après l'Amazone, le Paraná est le plus important fleuve d'Amérique du Sud. Le bassin versant du Paraná se développe sur plus de 2 000 kilomètres du nord au sud, depuis le plongement du socle brésilien (sud du Goiás-Triangulo Mineiro) sous les sables et les basaltes du Crétacé jusqu'à l'estuaire ennoyé de La Plata, au contact de l'immense construction sédimentaire pampéenne (d'une superficie de quelque 1 500 000 km2, dont 900 000 au Brésil ; longueur approximative de la vallée : 3 000 km). C'est un fleuve puissant (16 000 m3/s à Corrientes après la confluence du río Paraguay) dont le régime vigoureusement contrasté suit le rythme tropical des précipitations de son bassin amont, paraguayo-brésilien. On peut discerner au moins trois grandes sections au long du Paraná : la première partie du cours est entièrement située en territoire brésilien jusqu'aux anciennes chutes de Guaíra, submergées au début des années 1980 par le lac-réservoir du barrage d'Itaipú, achevé en 1982 ; le cours moyen du fleuve s'enfonce dans les basaltes en une véritable tranchée, profonde de 40 à 120 mètres, large de 200 à 300 mètres, où le fleuve, rapide et puissant, constitue la frontière entre le Paraguay et le Brésil, puis entre le Paraguay et l'Argentine à partir de la confluence du río Iguaçu. Les rapides de l'Apipé marquent le passage de la dernière coulée de basalte avant la confluence du río Paraguay. Sur cette section, le fleuve constitue une véritable barrière, un fossé plus qu'une voie de liaison au cœur du plateau dans lequel il s'enfonce. Il est difficilement accessible à la navigation (rapides de l'Apipé, impétuosité de l'écoulement dans le canyon), mais cela a suffi pour permettre l'exploitation forestière et la colonisation agricole de petites enclaves riveraines. Cette présence humaine précaire et lacunaire a été toutefois bouleversée par la politique paraguayenne d'occupation et de mise en valeur des plateaux forestiers de l'Est, qui coïncidait avec l'arrivée sur le bord du fleuve du front pionnier brésilien. Un pont a été jeté sur le Paraná au droit de Foz do Iguaçu, qui est devenu une ville tête de développement sur la route Asunción-Curitiba.

Argentine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Argentine : carte administrative

Le rio Iguaçu - crédits : Donald Nausbaum/ The Image Bank/ Getty Images

Le rio Iguaçu

Le site étonnant de l'Acaray, qui, coulant à fleur de plateau, surplombe le fleuve avant de le rejoindre, a fait l'objet d'un aménagement hydroélectrique qui couvre tous les besoins du Paraguay. Le complexe hydroélectrique d'Itaipú (12 600 MW) fournit de l'électricité à toute la région de São Paulo ainsi qu'au Paraguay. Il a permis de désenclaver Misiones et l'Itapúa par la voie fluviale. Dans sa dernière section, le Paraná argentin sépare la Pampa de la « Mésopotamie » isolée derrière la masse d'eau qui se traîne entre les îles, abandonnant des bras, recoupant ses méandres, sur une dizaine de kilomètres de largeur depuis la confluence du Paraguay jusqu'au delta que le Paraná construit sur une soixantaine de kilomètres au fond du río de La Plata. De Rosario à l'embouchure, le fleuve est accessible toute l'année aux navires de haute mer, Santa Fe l'est encore durant les mois d'été. Aussi le front pampéen souligné d'un net talus (la Barranca) est-il devenu un véritable littoral fluvio-maritime, région portuaire, industrialisée et urbanisée qui dessert l'espace agricole argentin en pleine expansion. En revanche, la rive chaquéenne, où la terre et l'eau se confondent, est vide d'hommes, à l'exception des installations portuaires difficilement aménagées pour desservir Resistencia, la capitale du Chaco. Si l'on excepte un faible trafic fluvial vers le Chaco, Misiones et le Paraguay, jusqu'à Rosario le Paraná n'est en Argentine qu'une énorme masse d'eau inutile et parfois dangereuse.[...]

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Écrit par

  • : maître assistant des facultés des lettres et sciences humaines, professeur à l'université nationale de Cuyo-Mendoza, Argentine

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Pour citer cet article

Romain GAIGNARD. PARANÁ, fleuve [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Argentine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Argentine : carte administrative

Le rio Iguaçu - crédits : Donald Nausbaum/ The Image Bank/ Getty Images

Le rio Iguaçu

Autres références

  • ARGENTINE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Universalis, Romain GAIGNARD, Roland LABARRE, Luis MIOTTI, Carlos QUENAN, Jérémy RUBENSTEIN, Sébastien VELUT
    • 37 033 mots
    • 18 médias
    Le Paraná, quant à lui, n'a guère participé à l'évolution de la Pampa. Après la construction de son delta intérieur sur les assises gréseuses de Corrientes, il s'est contenté, en aval, de creuser, au cours des périodes humides de l'époque glaciaire, un large chenal dans lequel purent se déposer durant...
  • PARAGUAY

    • Écrit par Rubén BAREIRO-SAGUIER, Universalis, Renée FREGOSI, Sylvain SOUCHAUD
    • 13 271 mots
    • 5 médias
    ...la forêt tropicale et subtropicale. Celle-ci s'étend sur les sols profonds et riches dérivés des basaltes du Secondaire, drainés par le cours moyen du fleuve Paraná qui trace la frontière orientale et méridionale du pays. Marquée par un climat humide et chaud, la région orientale connaît des précipitations...
  • PLATA RÍO DE LA

    • Écrit par Romain GAIGNARD
    • 389 mots

    L'immense estuaire (36 500 km2) du río de La Plata constitue l'embouchure des fleuves Uruguay et Paraná. Long de 250 kilomètres, large d'une centaine à la hauteur de Montevideo, mais d'une profondeur toujours inférieure à 10 mètres, il sépare l'Argentine de...

  • SANTA FE, Argentine

    • Écrit par Romain GAIGNARD
    • 412 mots
    • 1 média

    Comptant 451 571 habitants lors du recensement de 2001, la ville de Santa Fe, sur un bras du Paraná, le río de Santa Fe, demeura longtemps une place forte avancée au contact de la Pampa et du Chaco resté impénétrable jusqu'à ce qu'elle en dirige, dans la seconde moitié du xix...

Voir aussi