CHACO GUERRE DU (1932-1935)

La guerre du Chaco opposa la Bolivie au Paraguay de 1932 à 1935. Les hostilités débutent dès 1928 dans le Chaco boréal, région sauvage d'environ 259 000 kilomètres carrés, qui fait partie du Gran Chaco et qui est délimité, au sud, par la rivière Pilcomayo et, à l'est, par le fleuve Paraguay. Depuis que le Chili a annexé toute la zone côtière bolivienne à l'issue de la guerre du Pacifique (1879-1883), la Bolivie cherche à sortir de son isolement terrestre. Elle convoite ainsi le Chaco qui lui permettrait de rejoindre l'estuaire de La Plata, sur la côte atlantique, et qui serait, en outre, susceptible de renfermer d'importants gisements pétroliers.

Si les deux pays disposent déjà de forts dans la région, la Bolivie est en position de force : elle abrite trois fois plus d'habitants que le Paraguay, elle possède une armée bien entraînée par le général allemand Hans von Kundt, et détient en outre un important stock d'armes acquis grâce aux prêts de banques américaines. Cependant, le moral des troupes boliviennes, formées majoritairement de conscrits indigènes, est au plus bas. Par ailleurs, les Paraguayens connaissent mieux les plaines marécageuses et la jungle, où de nombreux Boliviens mourront autant de maladies et de morsures de serpent que de balles ennemies.

Le 5 décembre 1928, le Paraguay lance une série d'attaques, qui débouchent bientôt sur un véritable conflit malgré la médiation de plusieurs pays du continent américain. En juin 1932, les Boliviens s'emparent des positions paraguayennes dans le nord du Chaco, et parviennent à prendre le fort Boquerón dans le centre de la région. En août, le Paraguay réplique en renforçant ses troupes, dirigées par le général José Félix Estigarribia, et lance sa première grande offensive contre le fort Boquerón, qui tombe à la fin du mois de septembre. La Bolivie envoie alors Kundt dans le sud du Chaco, pour concentrer les attaques sur le fort Nanawa, où les combats durent pendant plusieurs mois.

Le Paraguay déclare officiellement la guerre le 10 mai 1933. À la fin d'octobre, Estigarribia lance une série d'offensives sur une longue ligne de front, et ses avancées sont si fulgurantes que le président bolivien, Daniel Salamanca, rappelle Kundt et confie le commandement au général Enrique Peñaranda. Au terme d'une trêve de trois semaines, Estigarribia reprend l'offensive (9 janvier 1934) contre le fort bolivien de Ballivián où, de mars à juillet, les combats les plus meurtriers de la guerre vont se dérouler. Quand Ballivián tombe, le 17 novembre, Salamanca ne peut qu'accepter la reddition. Le Paraguay poursuit inexorablement son avancée en territoire bolivien jusqu' en janvier 1935.

Après une série de contre-offensives boliviennes qui remettent les forces paraguayennes sur la défensive, une trêve est conclue le 12 juin 1935. Plus de 100 000 hommes sont morts dans ce conflit. Un accord de paix est élaboré par plusieurs pays américains dont l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Pérou, l'Uruguay et les États-Unis ; le traité de Buenos Aires est signé le 21 juillet 1938. Le Paraguay, vainqueur indiscuté, gagne 75 p. 100 du Chaco, tandis que la Bolivie obtient un couloir d'accès au fleuve Paraguay, ainsi que le port Puerto Casado.

— Universalis