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NANTEUIL CÉLESTIN (1813-1873)

À dix-neuf ans, Célestin Nanteuil atteint en même temps la célébrité et sans doute le sommet de son talent. Ce « jeune homme moyen âge », selon l'expression de Théophile Gautier, s'impose dans ses eaux-fortes et ses lithographies comme l'interprète idéal des romantiques, de Victor Hugo à Alexandre Dumas, de Gérard de Nerval à Pétrus Borel. Les quatre frontispices commandés en 1832 par le libraire Renduel pour des œuvres de Victor Hugo constituent les modèles du genre : dans le Portrait de Victor Hugo et Notre-Dame de Paris, il enserre comme autant de médaillons la scène centrale et les scènes annexes dans un décor d'un gothique aussi imaginaire que flamboyant, articulé en retable. Un dessin volontairement naïf et abrégé, un usage répété du clair-obscur composent une imagerie à la fois fantastique et primitive qui convient parfaitement aux aspirations médiévales du premier romantisme. La contribution de Nanteuil aux Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France du baron Taylor (Moissac, Amiens) est une des grandes réussites de cet ouvrage capital pour le retour au Moyen Âge.

Nanteuil allait devenir le vignettiste talentueux (et presque obligé) du livre illustré, mais il n'échappe pas dans les innombrables romances qu'il illustre à une certaine fadeur. La seconde partie de sa carrière traduit bien, après 1840, l'essoufflement du romantisme et le triomphe de l'éclectisme ; mais on est trop sévère devant cette évolution. Son dessin devient en effet plus correct, ses compositions plus savamment élaborées et d'un sentimentalisme quelque peu alangui. Il vient plus souvent à la peinture ; La Vigne (Salon de 1853, Semur-en-Auxois), les pendants intitulés Séduction, Perdition (Salon de 1859, réduction au musée de Dijon) témoignent bien des nouvelles ambitions de Nanteuil et de son passage à un art décoratif, utilisant le registre de la fable et de l'allégorie et faisant preuve d'une riche culture. Mais a-t-on le droit d'enfermer le peintre dans la manière de sa jeunesse, même s'il semble en avoir gardé une certaine nostalgie, jusque dans ses dernières fonctions (fort effacées) de conservateur du musée de Dijon ?

— Bruno FOUCART

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Pour citer cet article

Bruno FOUCART. NANTEUIL CÉLESTIN (1813-1873) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CÉNACLES ROMANTIQUES

    • Écrit par France CANH-GRUYER
    • 2 432 mots
    • 1 média
    ...a aussi Augustus Mac Keat (Auguste Maquet, futur collaborateur d'Alexandre Dumas) ; Philotée O'Neddy (Théophile Dondey), l'auteur de Feu et Flamme ; Célestin Nanteuil, l'imagier du romantisme ; le sculpteur Jehan du Seigneur (Jean Duseigneur), qui modèle des médaillons de plâtre à l'effigie de ses...

Voir aussi