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BÉDOUINS

Désert de Nubie, Égypte - crédits : Hermes Images/ AGF/ Universal Images Group/ Getty Images

Désert de Nubie, Égypte

Population nomade originaire du centre de l'Arabie, les Bédouins (Bādw) se sont dispersés en vagues successives à travers le Moyen-Orient, l'Égypte et l'Afrique du Nord, liant leur expansion à celle de l'islam des premiers siècles. Les conquêtes des Bédouins entraînent la transformation de nombreux groupes en cultivateurs sédentaires ainsi que, fréquemment, leur fusion avec les populations autochtones, sur le littoral de la Méditerranée notamment, de l'Égypte à l'Algérie. De nombreux historiens tiennent les invasions bédouines pour responsables du déclin de la civilisation urbaine, héritière de l'Antiquité, en Égypte et en Afrique du Nord.

De langue arabe, les Bédouins, là où ils ont gardé leurs traits les plus caractéristiques, ont un mode de vie qui repose sur l'élevage nomade ; leur subsistance leur est fournie par les produits laitiers et par la viande. En Syrie, dans le centre saharien et en Arabie, leurs troupeaux sont principalement composés de chameaux, l'élevage des moutons, des chèvres, des ânes et des chevaux ne constituant que des activités annexes ; au Soudan, où on les dénomme Baqqārah ou Baggara, en Syrie et en Irak, les Bédouins sont éleveurs de bétail. Tandis que les hommes assurent la garde des troupeaux, les femmes s'occupent de la traite et de la fabrication des produits laitiers. Les campements sont la forme d'habitat usuel : les tentes d'habitation sont, en général, faites de toile, mais certains groupes utilisent des tentes de peaux.

L'organisation sociale présente un aspect segmentaire ; elle repose, exception faite des Touareg, sur le principe de la filiation patrilinéaire. L'unité domestique est constituée par un patrilignage minimal : le campement réunit les membres d'un lignage mineur et la bande regroupe les membres d'un lignage de plus grande extension, c'est-à-dire ceux qui nomadisent ensemble. À un échelon supérieur, la fraction, sous-tribu, et la tribu constituent les principales unités politiques. Au niveau de la bande, l'autorité est détenue par un shagkh ; chaque sous-tribu possède un qāḍī, juge traditionnel dont la fonction est héréditaire.

La société née de la conquête a surimposé à l'organisation traditionnelle des nomades, relativement égalitaire, un système à caractère administratif. Elle a accentué la stratification sociale, avec, au sommet, une aristocratie qui comprend des guerriers et des marabouts, une couche de vassaux libres et, enfin, des esclaves et des serfs agriculteurs (souvent d'origine berbère en Afrique du Nord). Les artisans sont constitués fréquemment en castes, tels les forgerons et les cordonniers.

Le mariage chez les Bédouins est souvent polygynique. Il s'accompagne du versement d'une compensation matrimoniale. Les lignages ne sont pas exogames ; bien au contraire, le mariage avec la cousine parallèle patrilinéaire, c'est-à-dire la fille du frère du père, constitue une union préférentielle.

La société bédouine apparaît inséparable de l'islam. Le type d'organisation sociale préconisée par la tradition islamique a profondément subi l'influence de la société qui en a été le berceau. Réciproquement, la doctrine une fois constituée a pu intervenir comme une force de conservation et de stabilité pour un certain nombre d'institutions, en même temps que la conquête bédouine assurait l'expansion et la diffusion de cette doctrine.

— Roger MEUNIER

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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Pour citer cet article

Roger MEUNIER. BÉDOUINS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Autres références

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