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BANQUE MONDIALE

Du soutien de la croissance à la lutte contre la pauvreté

L'idée de créer une Banque mondiale pour la reconstruction et le développement est née du constat que les marchés financiers étaient réticents, durant l'entre-deux-guerres, à financer des projets d'investissement dans des pays en développement, même lorsque ces projets présentaient toutes les garanties de sérieux et de rentabilité.

Dans ses premières années, la mission essentielle de la Banque sera d'octroyer quelques prêts de reconstruction à la France, aux Pays-Bas, au Danemark ainsi qu'au Japon. Elle sera cependant éclipsée par le plan Marshall, dont le déploiement rapide assura une partie des besoins financiers des pays européens et qui éloigna, en quelque sorte, la Banque mondiale de l'Europe.

Comme l'Asie était prise dans l'engrenage des conflits sociaux et l'Afrique dans le fait colonial, la Banque s'est cantonnée à l'Amérique latine, qui restera longtemps sa principale zone d'action. Parallèlement, tout en s'investissant dès le début de sa mission dans la lutte contre la pauvreté mais avec comme finalité de développement les seuls objectifs de croissance, la Banque limita le champ de ses interventions aux infrastructures, sans s'intéresser dans le détail à la façon dont ces projets s'intégraient dans l'échelle des priorités des États. Progressivement, dans les années 1960 et 1970, notamment sous la conduite de Robert McNamara, à la tête de la Banque mondiale de 1968 à 1981, et qui sera le premier à promouvoir l'idée d'un plan de lutte spécifique contre la pauvreté, des financements de plus en plus nombreux seront confiés à l'AID qui consent, à des conditions privilégiées, des prêts aux pays sous-développés pour construire des routes et des hôpitaux. Le rapport annuel de 1985 marqua le début d'une nouvelle approche en indiquant que « les bons projets ne suffisent pas pour maintenir la croissance dans un contexte institutionnel et de politique générale inadéquat, de même l'investissement ciblé ne suffit pas pour réduire la pauvreté absolue ».

Compte tenu de la mission initiale de la Banque, la pauvreté a fait l'objet de réflexions plus tôt en son sein qu'au sein du FMI. La réduction de ce fléau devient peu à peu le nouveau cheval de bataille de la Banque, qui l'intègre dans sa stratégie. Elle s'imposera comme son objectif prioritaire avec l'arrivée à sa tête, le 1er juillet 1995, d'un ancien banquier d'affaires d'origine australienne, James Wolfensohn. Dès 1990, le rapport annuel intitulé La Pauvreté marquait une première étape dans cette direction ; celui de 1992, Le Défi du développement, amorce le changement de stratégie de l'institution qui se préoccupe d'investissement dans le capital humain . Un premier travail statistique est entrepris la même année. Il met en évidence que 3 milliards de personnes (soit la moitié de l'humanité), selon les estimations de la Banque mondiale, vivent avec moins de 2 dollars par jour.

Lors des assemblées annuelles de 1998, le président James Wolfensohn a cherché à imposer une nouvelle vision du développement pour le xxie siècle. Il plaide pour un cadre de développement intégré global, équilibré et humain (ComprehensiveDevelopment Framework), plus respectueux de l’autonomie des processus démocratiques, des spécificités institutionnelles et des considérations sociales. Ce faisant, il prenait le parti de son remuant économiste en chef et numéro deux de la Banque, Joseph Stiglitz, qui avait dénoncé les approches parfois dogmatiques du Fonds et de la Banque. Joseph Stiglitz avait en effet pris le risque de déclencher une opposition ouverte avec le FMI à propos de la crise asiatique de 1997-1998, en dénonçant, à travers les politiques mises en œuvre, le dogme[...]

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Pour citer cet article

Marie-France BAUD-BABIC et Olivier MARTY. BANQUE MONDIALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FMI (Fonds monétaire international)

    • Écrit par Marie-France BAUD-BABIC, Olivier MARTY
    • 3 829 mots
    • 2 médias

    Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution financière internationale. Comme la Banque mondiale, il a été créé à l’occasion des accords de Bretton Woods, conclus en juillet 1944, par quarante-quatre États en guerre contre les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon). ...

  • GEORGIEVA KRISTALINA (1953- )

    • Écrit par Olivier MARTY
    • 1 467 mots
    • 1 média

    Kristalina Georgieva est une économiste et haute fonctionnaire bulgare. Après avoir été vice-présidente de la Commission européenne sous le mandat du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (2014-2019), puis directrice générale de la Banque mondiale de janvier 2017 à octobre 2019, elle est depuis...

  • GOUVERNANCE, politique

    • Écrit par David ALCAUD
    • 1 233 mots
    ...critères : une lisibilité accrue de l'action publique, une bonne comptabilité, la mobilisation des compétences en matière de gestion. La politique de la Banque mondiale a été de former des élites et d'encourager les privatisations et les partenariats entre public et privé ; la « gouvernance globale », qui...
  • LAOS

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Madeleine GITEAU, Christian LECHERVY, Paul LÉVY, Christian TAILLARD
    • 20 232 mots
    • 6 médias
    ...éventuelles de revenus liées aux lâchers des eaux turbinées pour les personnes vivant en aval, sur les rives de la Xe Ban Fai. Selon l'accord signé avec la Banque mondiale et sous son contrôle, le gouvernement laotien abondera de son côté, grâce aux revenus dégagés, un fonds de réduction de la pauvreté doté...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi