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AVERROÏSME

Si le terme « averroïsme » doit désigner en principe la doctrine propre à Averroès et à ceux qui s'en réclament, on l'applique d'ordinaire à un courant de pensée qui, dans l'Occident latin, commence au xiiie siècle pour s'achever vers le xviie. On s'est demandé si ce nom était bien choisi : la question peut se justifier, mais aucune des formules proposées pour le remplacer n'est vraiment satisfaisante. Il est d'autre part incontestable que nombre de médiévaux, en des temps et des lieux divers, ont estimé que les livres d'Averroès contenaient la meilleure explication de la pensée d'Aristote, c'est-à-dire le meilleur exposé de la philosophie. Les divergences réelles qu'on peut relever entre eux ne changent rien au fond des choses, et c'est pourquoi le mot « averroïsme » garde suffisamment de sens pour qu'on le conserve, tout en restant attentif à la variété de ce qu'il nomme.

Averroïsme et penseurs juifs

Il ne semble pas que la doctrine d'Averroès ait influé sur l'histoire ultérieure de la pensée en Islam. En revanche, un certain nombre de penseurs juifs l'ont assimilée, rejetant toutefois certains éléments. Tel Isaac Albalag, qui vécut dans la seconde moitié du xiiie siècle, probablement en Catalogne ; admettant que la vérité est également contenue dans la philosophie et dans la Torah, mais sous des formes différentes, il est dans l'ensemble disciple d'Averroès, dont il repousse cependant la thèse de l'unité de l'intellect. Lévi ben Gerson (Juif provençal, 1288-1344), imprégné lui aussi de la pensée d'Averroès, nie également que l'intellect matériel soit unique, et en outre (contrairement à Albalag) que le monde soit éternel. On a pu présenter Moïse de Narbonne (vers 1300-apr. 1362) comme un « averroïste accompli ». Elie del Medigo, qui enseigna à Padoue et mourut en 1493, reprend dans l'ensemble la thèse averroïste de l'accord profond entre la philosophie et la révélation.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Jean JOLIVET. AVERROÏSME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABRABANEL (1437-1509)

    • Écrit par Colette SIRAT
    • 912 mots

    Le conflit entre les théories philosophiques universalistes et un attachement plus proprement religieux à la tradition existait depuis plus de deux siècles chez les penseurs juifs. La philosophie sous sa forme averroïste admettait généralement que la vérité philosophique ne différait de la vérité...

  • ALBALAG ISAAC (XIIIe s.)

    • Écrit par Gabrielle SED-RAJNA
    • 308 mots

    Philosophe et traducteur juif, qui a vécu probablement en Catalogne. Son œuvre principale est la traduction du Magasid al-Falasifa d'al-Ghazali, à laquelle il a joint des notes critiques réunies sous le titre de Tiqqun ha-De‘et (éd. critique G. Vajda, Jérusalem, 1973) et destinées à définir...

  • ANALOGIE

    • Écrit par Pierre DELATTRE, Universalis, Alain de LIBERA
    • 10 427 mots
    ...tenu jusqu'alors par les « paronymes » d'Aristote ; l'interprétation de cette relation de « convenance » dans le sens d'une « analogie d'attribution extrinsèque » forgée à partir d'éléments empruntés à la lectureaverroïste du livre IV de la Métaphysique d'Aristote.
  • ARISTOTÉLISME MÉDIÉVAL

    • Écrit par Alain de LIBERA
    • 4 951 mots
    • 1 média
    ...est-elle largement christianisée avant même que ne se formulent les thèses monopsychistes de l'aristotélisme radical : jusque vers 1245-1250, la thèse «  averroïste » de l'intellect unique pour tous les hommes est attribuée soit à Pythagore soit à Avicenne – Averroès étant, quant à lui, crédité d'une noétique...
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Voir aussi