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ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologie urbaine

Il y a une quarantaine d'années, la rénovation du centre historique des villes, l'élargissement de la notion de patrimoine et l'amélioration des techniques de terrain, ont permis de reconsidérer l'archéologie des villes. Entendue comme une archéologie de l'urbain, et non plus de choses urbaines, l'archéologie urbaine prenait son essor en Europe. Partie du nord, elle s'étendit vers le sud jusqu'à atteindre les rivages méditerranéens au début des années 1980.

Aujourd'hui, la pratique a de nouveau changé, et on est revenu à une archéologie des choses urbaines, dans un registre bien plus étendu qu'auparavant, qu'il s'agisse de la durée considérée ou des centres d'intérêt traités.

L'archéologie en ville ? Une prise de conscience tardive

Longtemps, l'archéologie des villes s'est cantonnée à l'étude des cités méditerranéennes antiques qui livraient des témoignages de grandes civilisations. En France, seul le littoral de la Méditerranée où se trouvaient des villes d'origine grecque ou romaine et quelques grandes villes comme Lyon, capitale des Gaules, suscitaient l'intérêt de la recherche académique. Le reste du territoire était laissé aux sociétés savantes locales.

La Seconde Guerre mondiale, par ses destructions massives, a conduit à une prise de conscience du réel potentiel que contenait le sol des villes septentrionales aussi bien que médiévales. La reconstruction qui s'ensuivit révéla des stratifications de plusieurs mètres d'épaisseur, formées depuis l'Antiquité et lisibles sur toute leur hauteur.

Simultanément, les progrès techniques réalisés par la recherche de terrain, tout particulièrement à l'initiative des archéologues spécialistes de pré- et de protohistoire accoutumés à examiner des constructions et des niveaux ne laissant que des traces fugaces, se diffusèrent dans le milieu des archéologues médiévistes. Grâce à des fouilles comme celle de Haithabu, un comptoir marchand des viiie-xe siècles au sud de la péninsule du Jutland, ils purent également découvrir le rôle majeur de l'architecture de bois dans les agglomérations médiévales. Les conditions scientifiques d'une prise en considération de l'intégralité du spectre chronologique urbain étaient dès lors réunies.

L'accélération de la rénovation des centres historiques, le développement de l'urbanisme souterrain, l'élargissement simultané de la notion de patrimoine, passant des édifices majeurs aux ambiances urbaines puis à l'environnement, à partir des années 1960-1970, permirent d'inscrire la pratique de l'archéologie, non sans heurts, dans la vie des cités.

En France, il fallut de nombreux scandales, en premier lieu celui du port de Marseille, à la fin des années 1960, ou ceux de Poitiers et d'Orléans, entre autres, pour que l'ampleur du problème archéologique que posait la rénovation du centre historique des villes soit pleinement mesurée. La résorption de l'habitat insalubre dans des centres laissés à l'abandon depuis des décennies justifiait alors l'éradication de quartiers anciens, leur remplacement par des îlots mieux adaptés à la vie moderne, et notamment à l'usage en pleine expansion de l'automobile.

La mise en œuvre, alors encore récente, de moyens de terrassement mécanique de grande puissance, se traduisait par le dégagement de dizaines de milliers de mètres cubes de sol en quelques semaines, ce qui engendrait des destructions massives des archives des sous-sols urbains, sans même que des observations puissent être faites par les archéologues.

La loi Malraux, en 1963, conduisant à la création des secteurs sauvegardés, à partir de critères d'intérêt architectural, avait renouvelé l'intérêt pour le patrimoine urbain. Les archéologues, en France comme ailleurs[...]

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