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AQUEDUCS, Antiquité

Le coût des aqueducs

Les textes nous donnent quelques renseignements sur le coût d'un aqueduc. Le prix d'aqueducs romains est indiqué à deux reprises dans le traité de Frontin : l'Aqua Marcia (91 km) construite dans les années 140 avant J.-C. coûta 180 millions de sesterces ; deux siècles plus tard, au premier siècle de notre ère, il fallut 350 millions de sesterces pour construire les 68 km de l'Aqua Claudia et les 86 km de l'Anio Novus. Cela donne des coûts semblables au kilomètre mais cette remarque n'a pas grande signification dans la mesure où, en deux siècles, la monnaie romaine n'est pas restée stable et où les ouvrages ne sont pas de longueur équivalente. Elle permet seulement de formuler l'hypothèse d'une possible réduction des coûts, grâce aux progrès technologiques. On dispose de quelques autres chiffres : 7 millions de drachmes, soit près de 35 millions de sesterces, dépensés par le richissime Hérode Atticus pour l'aqueduc d'Alexandrie Troas en Asie Mineure ; 3,5 millions de sesterces dépensés par la ville de Nicomédie (Asie Mineure) pour un aqueduc inutilisable. Malheureusement, aucune étude n'a cherché à établir à quelles réalités archéologiques correspondaient les aqueducs d'Alexandrie et de Nicomédie. Tout juste est-on capable de donner quelques éléments de comparaison : la somme dépensée par Hérode Atticus correspondait au tribut versé à Rome par les 500 autres villes de la province où était Alexandrie. Les documents épigraphiques parlent de 100 000 sesterces pour le Capitole de Volubilis, de 30 000 sesterces pour la construction d'un portique, de 400 000 sesterces pour des thermes, de 77 000 sesterces pour une porte monumentale. Un aqueduc était donc un des monuments les plus coûteux ; c'est sans doute une des raisons pour lesquelles il n'est jamais construit en premier dans une ville. Sans l'aide d'un riche bienfaiteur, simple (et riche) citoyen ou magistrat de la ville, membre de l'aristocratie impériale (chevalier ou sénateur), sa construction était impossible. Mais le bienfaiteur par excellence est l'empereur : les inscriptions montrent que ses libéralités s'étendaient à des villes fort lointaines, soit pour prendre en charge la totalité de l'ouvrage, soit pour accorder une subvention permettant l'achèvement d'une conduite arrêtée par manque de fonds.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Provence (Antiquités nationales)

Classification

Pour citer cet article

Philippe LEVEAU. AQUEDUCS, Antiquité [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Construction : aqueducs - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Construction : aqueducs

Le pont du Gard - crédits : BasieB/ Getty Images

Le pont du Gard

Aqueduc de Ségovie - crédits : David Barnes/ The Image Bank/ Getty Images

Aqueduc de Ségovie

Autres références

  • EUPALINOS DE MÉGARE (milieu VIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 528 mots

    Ingénieur grec né à Mégare, auteur à Samos d'un aqueduc souterrain décrit par Hérodote (Histoires, III, 60) comme l'un des ouvrages d'art les plus remarquables construits par les Grecs.

    Redécouvert en 1882, le tunnel qui en constitue la section centrale a été complètement dégagé...

  • GAULE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE, Jean-Jacques HATT
    • 26 438 mots
    • 4 médias
    ...deux catégories de travaux d'utilité publique : les adductions d'eau et les routes. Les grands thermes urbains devaient être desservis par d'immenses aqueducs qui ont laissé des vestiges souvent impressionnants (pont du Gard ; piles de Jouy-aux-Arches, près de Metz). L'alimentation en eau de source fut...
  • MINES, Antiquité gréco-romaine

    • Écrit par Claude DOMERGUE
    • 12 763 mots
    • 1 média
    ...quantité, d'abord pour séparer l'or de sa gangue de graviers et d'argiles, ensuite pour évacuer les stériles, dont les volumes étaient énormes. Dans ce but, d'innombrables réseaux d'aqueducs ont été construits, qui dérivaient l'eau de toutes les sources possibles – y compris parfois l'eau qui...
  • POMPÉI

    • Écrit par Hélène DESSALES
    • 4 784 mots
    • 31 médias
    La ville était desservie en eau par une dérivation de l’aqueduc construit sous le règne d'Auguste (Aqua Augusta) et alimenté par des sources à partir de Serino. Il a été précédé d'un autre aqueduc de moindre envergure, qui remonte à l'époque de la formation de la colonie. À Pompéi, outre un...

Voir aussi