AQUEDUCS, Antiquité
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Le rôle des aqueducs
Réfléchir sur les raisons de la construction des aqueducs conduit à s'interroger sur la rationalité socio-économique de la cité antique. Établir un lien décisif entre le développement urbain et l'alimentation en eau serait une attitude « moderniste » : on transposerait sur les villes antiques une réalité moderne. En fait, dans l'Antiquité, l'eau fixe rarement l'habitat : elle ne détermine que la localisation de certaines cultures, les jardins en particulier. Mais les civilisations méditerranéennes ont su s'adapter, soit par le portage, soit par la construction et l'utilisation systématique des citernes. Un texte de la ville de Pergame en Asie Mineure – sans doute la copie d'époque impériale d'un règlement d'urbanisme antérieur de deux siècles – est là pour confirmer l'attention que les autorités continuaient à porter à l'entretien des citernes, alors même que de nouveaux aqueducs étaient venus compléter la canalisation du Madradag dont le siphon a été décrit plus haut : les magistrats municipaux devaient tenir la liste des citernes et exiger qu'elles soient convenablement entretenues sous peine d'une forte amende. L'étude archéologique des villes antiques démontre l'importance accordée aux citernes qui étaient appelées à pourvoir à leurs besoins alimentaires et domestiques.
L'utilité des aqueducs telle que la concevaient les Anciens et telle qu'elle apparaît à l'historien n'est donc pas tout à fait celle que lui attribue le sens commun moderne qui songe plutôt aux usages économiques de l'eau. Le principal argument utilitaire invoqué par les Anciens en faveur des aqueducs n'est pas de permettre un développement économique mais d'apporter à la ville la salubrité. Évoquant l'effet de la mission de réorganisation des aqueducs que lui a confiée l'empereur, Frontin prévoit qu'« il se fera sentir davantage sur l'hygiène de la ville grâce à l'augmentation du nombre des châteaux d'eau, des travaux d'adduction, des fontaines monumentales et des bassins publics... Même les eaux d'écoulement ne restent pas oisives ; les causes du mauvais air sont enlevées, [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 8 pages
Écrit par :
- Philippe LEVEAU : professeur à l'université de Provence (Antiquités nationales)
Classification
Autres références
« AQUEDUCS, Antiquité » est également traité dans :
EUPALINOS DE MÉGARE (milieu VIe s. av. J.-C.)
Ingénieur grec né à Mégare, auteur à Samos d'un aqueduc souterrain décrit par Hérodote ( Histoires , III, 60) comme l'un des ouvrages d'art les plus remarquables construits par les Grecs. Redécouvert en 1882, le tunnel qui en constitue la section centrale a été complètement dégagé (1971-1973) et étudié par les archéologues allemands travaillant au sanctuaire d'Héra. Long de 1 036 mètres, il faisa […] Lire la suite
GAULE
Dans le chapitre « Les grands travaux d'équipement » : […] À cet équipement monumental des villes et des campagnes sont liées deux catégories de travaux d'utilité publique : les adductions d'eau et les routes. Les grands thermes urbains devaient être desservis par d'immenses aqueducs qui ont laissé des vestiges souvent impressionnants (pont du Gard ; piles de Jouy-aux-Arches, près de Metz). L'alimentation en eau de source fut un des soucis majeurs des Ro […] Lire la suite
MINES, Antiquité gréco-romaine
Dans le chapitre « Les techniques minières de surface : l'exemple de l'or » : […] Les informations manquent sur l'exploitation antique des dépôts alluviaux stannifères. Les vestiges ont dû être détruits par les reprises modernes, à la recherche du wolfram (minerai de tungstène) présent dans ces mêmes gisements. En revanche, la documentation sur les « minières » d'or est abondante. Ces minières datent principalement de l'époque romaine. On en trouve dans le Piémont (La Bessa), […] Lire la suite
POMPÉI
Dans le chapitre « Administration civique et édifices publics » : […] Quand Pompéi devient une colonie, un sénat local ( ordo decurionum ) est constitué. Il se compose de décurions, nommés parmi l'aristocratie locale. Parmi eux étaient élus les magistrats : deux duumvirs aux attributions administratives et judiciaires, à la charge annuelle ( duoviri iure dicundo ) et prenant le titre envié de quinquennales tous les cinq ans pour procéder au recensement et établi […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Philippe LEVEAU, « AQUEDUCS, Antiquité », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/aqueducs-antiquite/