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BAXTER ANNE (1923-1985)

Actrice d'une beauté discrète, d'un charme tranquille, et d'un métier éprouvé, Anne Baxter n'a jamais vraiment appartenu à la constellation des grandes stars. Pas de sex-appeal ravageur, pas de vie tapageuse, pas de légende – mais une solide carrière cinématographique de quelque quarante-cinq ans, jalonnée par la rencontre des plus grands metteurs en scène (Renoir, Welles, Hitchcock, Lang, Mankiewicz, Lubitsch...), couronnée par un oscar (celui du meilleur second rôle pour Le Fil du rasoir d'Edmund Goulding, en 1946), et parachevée par un rôle, celui d'Eve dans All about Eve de Joseph Mankiewicz (1950). N'eût-elle tourné que ce seul film, incarné que ce seul personnage de petite actrice garce et arriviste – et ainsi tenu tête à la plus grande star de l'époque, Bette Davis –, Anne Baxter aurait à tout jamais apporté au cinéma les mille et une facettes de son talent, et la marque d'un certain génie dans l'art jusqu'au-boutiste de l'acteur.

Petite-fille du grand architecte américain Frank Lloyd Wright, Anne Baxter est née en 1923 dans l'État d'Indiana. Atteinte, dès le plus jeune âge, du démon de la comédie – une vocation que ne contrecarrent pas ses parents –, elle suit, encore enfant, les cours de l'actrice Maria Ouspenkaya. Elle n'a que douze ans lorsqu'elle se produit pour la première fois sur scène, à Broadway. Quatre ans plus tard, elle est à Hollywood. Toujours en quête de nouveaux visages, de nouveaux talents, le producteur David O'Selznick recherche une actrice pour incarner Rebecca dans le film que doit tourner Alfred Hitchcock. Anne Baxter passe un bout d'essai sous la direction du metteur en scène, et manque l'emporter sur celle qui, finalement, fut choisie : Joan Fontaine. « Anne Baxter a l'air plus vrai que Fontaine, et elle est plus émouvante », consigne Selznick dans ses célèbres Mémos. « Elle me paraît un peu trop jeune, mais il est bien possible que ce soit un avantage [...]. Alors, pour le moment, le score est d'environ deux tiers en faveur de Baxter, un tiers en faveur de Fontaine... » Si le rôle échappe à l'actrice, le bout d'essai la fait remarquer : elle signe un contrat de sept ans avec la 20th Century Fox.

1940 marque aussi l'arrivée de Jean Renoir à Hollywood. Anne Baxter tourne avec lui L'Étang tragique (1941). Souvent cantonnée, tout au long de la cinquantaine de films où elle apparaît, dans d'éternels personnages de jeunes femmes douces et de peu d'envergure, Anne Baxter rencontrera néanmoins quelques réalisateurs qui sauront l'utiliser, en cassant au besoin cette falote image de gentillesse : ainsi, Orson Welles lui fera jouer les amoureuses passionnées dans La Splendeur des Amberson (1942), Edmund Goulding lui offrira le rôle d'une alcoolique dans Le Fil du rasoir (1946), William Wellman la fera tourner dans La Ville abandonnée (1948). Puis, en 1950, ce sera Mankiewicz et All about Eve.

Billy Wilder (Les Cinq Secrets du désert, 1943), John Stahl (The Eve of St. Mark, 1944 ; The Walls of Jericho, 1948), Ernst Lubitsch (A Royal Scandal, 1945 qui fut terminé par Otto Preminger), Alfred Hitchcock (La Loi du silence, 1952), Fritz Lang (La Femme au gardénia, 1953), Cecil B. de Mille (Les Dix Commandements, 1956), Anthony Mann (La Ruée vers l'Ouest, 1961), Edward Dmytryk (La Rue chaude, 1962) lui confieront aussi d'intéressants personnages. Dans les années 1970, l'actrice se tourne vers le théâtre : à Broadway, elle jouera Applause, version musicale de All about Eve. À la télévision, Anne Baxter apparaîtra dans L'Homme de fer, Columbo, Hôtel. En 1980, elle joue dans un dernier film, Jane Austen in Manhattande James Ivory.

— Colette MILON

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Colette MILON. BAXTER ANNE (1923-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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