Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANGLAIS (ART ET CULTURE) Peinture

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

Le XVIe siècle et la naissance du portrait

Marqué par les longs règnes d'Henri VIII et d'Élisabeth Ire, le xvie siècle voit à la fois la création de l'Église réformée anglicane et le renforcement du pouvoir royal. Cette évolution religieuse et politique du pays a des effets néfastes sur l'art anglais, car elle entraîne l'abandon de l'iconographie religieuse et décourage les échanges avec l'Italie de la Renaissance. La seule forme de peinture qui soit vraiment recherchée, aussi bien à la cour que dans la noblesse, est le portrait qui va devenir pendant deux siècles la préoccupation principale des artistes travaillant en Grande-Bretagne. Les séjours outre-Manche de Hans Holbein, de 1526 à 1528, puis de 1532 à sa mort en 1543, placent d'emblée cet art à des sommets : ses portraits de Thomas More (1527, collection Frick, New York), de Jane Seymour (1536, Kunsthistorisches Museum, Vienne) et d'Henri VIII (1537, collection Thyssen-Bornemisza, Lugano) montrent une exigence de réalisme pictural, d'expressivité psychologique et un souci de composition jusqu'alors inconnus dans le pays. Les autres portraitistes employés après sa mort par les souverains et par l'aristocratie ne peuvent que pâlir de la comparaison, même si la qualité moyenne de leurs œuvres est d'un haut niveau. La plupart sont d'origine étrangère, comme William Scrots, Gerlach Flicke et Hans Eworth. Ils définissent un type de portrait caractéristique de l'époque élisabéthaine présentant le modèle debout, le corps visible seulement jusqu'aux genoux et légèrement tourné d'un côté, tandis que ses yeux fixent le spectateur ; le visage et les mains fortement éclairés se détachent sur un fond sombre uniforme, et l'expression demeure le plus souvent impassible. L'habileté des peintres nés en Angleterre s'exerce surtout dans l'art de la miniature, qui est admirablement maîtrisé par Nicholas Hilliard (1547-1619) et Isaac Oliver (env. 1565-1617). Hilliard, qui débuta comme apprenti chez un orfèvre et était habitué à décorer chartes et patentes, était véritablement un héritier des enlumineurs médiévaux par la vivacité des couleurs et l'élégance du décor végétal. Son célèbre Jeune Homme au buisson de roses (1598, Victoria and Albert Museum, Londres) illustre bien le caractère emblématique de ces œuvres qui participaient souvent d'un rituel amoureux aristocratique. Hilliard a aussi peint quelques portraits de plus grandes dimensions, tel celui de La Reine Élisabeth Ire(vers 1575, Walker Art Gallery, Liverpool). La souveraine y est représentée comme une idole, son pâle visage enchâssé dans un diadème serti de perles et une collerette de dentelle, le corps engoncé dans une lourde robe de brocart ornée de pierreries et de colliers. Ici encore, le visage est impassible, comme celui de la Vierge sur une icône. Comme dans la plupart des portraits de cette époque, c'est la fonction du personnage dans la société bien plus que son identité psychologique qui est représentée.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Clermont-Ferrand-II-Blaise-Pascal
  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jacques CARRÉ et Barthélémy JOBERT. ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

<it>Le «Téméraire» remorqué à son dernier mouillage</it>, J. M. W. Turner - crédits :  Bridgeman Images

Le «Téméraire» remorqué à son dernier mouillage, J. M. W. Turner

<it>La Marche sur Finchley</it>, W. Hogarth - crédits :  Bridgeman Images

La Marche sur Finchley, W. Hogarth

<it>Le Bois de Cornard</it>, T. Gainsborough - crédits :  Bridgeman Images

Le Bois de Cornard, T. Gainsborough