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MANTEGNA ANDREA (1431-1506)

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Peintre de la cour des Gonzague

<em>Portrait d’un homme</em>, A. Mantegna
 - crédits : Courtesy National Gallery of Art, Washington

Portrait d’un homme, A. Mantegna

En 1460, donnant suite aux demandes pressantes de Ludovico Gonzague, duc de Mantoue, Mantegna s'installa dans cette ville. Il y devint le peintre de la cour et exécuta, entre autres, les décorations pour la chapelle du château de San Giorgio. En 1466 et en 1467, l'artiste se rend à Florence et à Pise, où il eut certainement l'occasion d'approfondir sa connaissance de l'art raffiné qui était là-bas en pleine expansion. De retour à Mantoue, il entreprit la décoration de la chambre du palais ducal, que l'on appela ensuite Camera magna picta. Les travaux commencés entre 1467 et 1471 furent terminés en 1474. La « Chambre des époux » – nom que lui donna Ridolfi en 1648, et qui devint célèbre par la suite – est l'œuvre la plus importante de la maturité de l'artiste. Sa vision humaniste s'y réalise pleinement. Dans la chambre, Mantegna représente et réunit en une noble séquence les personnages de la famille Gonzague (Le marquis Ludovico rencontre son fils le cardinal Francesco ; La Cour de Ludovico Gonzague et de sa femme Barbara de Brandebourg). Ces personnages se trouvent placés dans un milieu idéal, devant une cité imaginaire telle que pouvait la concevoir un artiste sous l'influence des œuvres de Leon Battista Alberti. En haut, la voûte de la chambre semble annulée par la perspective feinte qui donne des dimensions nouvelles et illusoires à un lieu dont les proportions sont relativement petites. Une lanterne ouvre sur le ciel le plafond de la salle. Accoudées à la balustrade peinte et représentées dans un audacieux raccourci se tiennent des figures de putti et de jeunes femmes. Avec cette grande composition, Mantegna a jeté les bases de la peinture scénographique qui trouvera son développement dans l'art de Corrège et, au-delà, dans l'illusionnisme baroque.

<it>La Chambre des époux</it>, A. Mantegna - crédits :  Bridgeman Images

La Chambre des époux, A. Mantegna

<it>Ludovico Gonzague</it>, A. Mantegna, détail  la comtesse Barbara de Brandebourg - crédits : Electa/ AKG-images

Ludovico Gonzague, A. Mantegna, détail  la comtesse Barbara de Brandebourg

La Chambre des époux, A. Mantegna - crédits : M. Carrieri/ De Agostini/ Getty Images 

La Chambre des époux, A. Mantegna

En 1486, Mantegna termine les cartons du Triomphe de César (château de Hampton Court, Royal Collection). Cette œuvre donne l'illusion d'un bas-relief ; la nostalgie du monde classique y prend une valeur nouvelle, elle produit un effet pour ainsi dire archéologique.

<it>Vierge de la Victoire</it>, A. Mantegna - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Vierge de la Victoire, A. Mantegna

La Vierge de la Victoire(Louvre) peinte en 1495-1496, à la demande de Francesco Gonzague, comme ex-voto après la bataille de Fornoue, constitue un développement original dans l'activité tardive de Mantegna. Elle échappe, en effet, à cette rigueur de composition que le peintre s'était toujours imposée, pour faire place à de nouveaux rythmes où la couleur devient plus lumineuse et moins âpre la forme. On peut en dire autant pour la Madone aux Saints (musée du château Sforza, Milan), et, plus encore, pour les allégories du cabinet d'Isabelle d'Este qui étaient destinées, elles aussi, au palais ducal de Mantoue, et qui sont aujourd'hui au Louvre. Il en est de même pour Mars et Vénus ditLe Parnasse (1497) et Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu (vers 1500-1502) où un classicisme dans le goût préarcadien répond, semble-t-il, aux exigences de la commanditaire plutôt qu'à la sensibilité du peintre. Mais ce goût sera repris par la peinture bolonaise du xviie siècle et se perpétuera jusqu'à Poussin.

Le Christ mort, A. Mantegna - crédits : 	Mondadori Portfolio/ Getty Images

Le Christ mort, A. Mantegna

Mantegna s'engagea tardivement dans de tout autres expériences. Avec Le Christ mort du musée Brera à Milan, ou le Saint Sébastien de la Ca' d'Oro à Venise, il fait de nouveau la preuve de ses capacités créatrices qui s'exercent d'ailleurs aussi dans d'autres domaines : la sculpture et la gravure ; ses gravures, d'une grande force, ont certainement influencé Dürer à ses débuts.

— Pietro ZAMPETTI

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Pour citer cet article

Pietro ZAMPETTI. MANTEGNA ANDREA (1431-1506) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

<em>Portrait d’un homme</em>, A. Mantegna
 - crédits : Courtesy National Gallery of Art, Washington

Portrait d’un homme, A. Mantegna

<it>La Chambre des époux</it>, A. Mantegna - crédits :  Bridgeman Images

La Chambre des époux, A. Mantegna

<it>Ludovico Gonzague</it>, A. Mantegna, détail  la comtesse Barbara de Brandebourg - crédits : Electa/ AKG-images

Ludovico Gonzague, A. Mantegna, détail  la comtesse Barbara de Brandebourg

Autres références

  • MANTEGNA (exposition)

    • Écrit par
    • 1 021 mots

    La première rétrospective consacrée à Andrea Mantegna au musée du Louvre, à Paris, du 26 septembre 2008 au 5 janvier 2009, amène le visiteur au cœur du Quattrocento italien. Là, une confrontation perspicace des œuvres du maître avec celles de ses contemporains permet, en l'espace de près de 190...

  • BELLINI LES

    • Écrit par
    • 2 346 mots
    • 10 médias
    ...ces expressions pathétiques, ces musculatures nerveuses qui appartiennent aux types mantégnesques. Giovanni Bellini ne serait-il que le continuateur d' Andrea Mantegna ? Certes, la typologie est la même, et les erreurs d'attribution suffisent à montrer combien la différence est parfois difficile à observer....
  • GRAVURE

    • Écrit par et
    • 8 567 mots
    • 3 médias
    Ce même désir de populariser leurs œuvres décida Andrea Mantegna, puis Raphaël, à utiliser la gravure qui apparaît ainsi comme indissolublement liée, dans son origine comme dans son principe, à l'éclosion d'un monde où l'œuvre d'art conquiert son indépendance, déborde le cadre des cours féodales et...
  • RENAISSANCE

    • Écrit par , , et
    • 31 095 mots
    • 21 médias
    ...comme le serait un emblème de Paolo Giovio sans devise ou une illustration d'Alciat sans commentaire poétique. Le dialogue que Fiera a consacré à Mantegna donne une idée très nette du comportement d'un peintre mis dans une situation de compétition où il doit faire montre d'un maximum de subtilité...
  • LOMBARDIE

    • Écrit par
    • 3 753 mots
    • 10 médias
    À Mantoue, l'hégémonie artistique de Mantegna faisait place, toujours à l'ombre de la cour des Gonzague, à celle de Jules Romain. Cet artiste fut un merveilleux interprète du classicisme romain et de la tradition de Raphaël. Par lui, cette tradition se répandra en Lombardie et en Vénétie...