ALGORITHMIQUE

Algorithmes génétiques

Les algorithmes génétiques (A.G.) constituent un exemple représentatif d'un ensemble de méthodes connues sous le nom d'algorithmes évolutionnaires (A.E.). Ces méthodes servent à implanter sur des systèmes artificiels les mécanismes néo-darwiniens de l'évolution naturelle. Cette approche initiée dans les années 1970 par John Holland connaît depuis le début des années 1990 une forte croissance. Les A.E. sont des algorithmes itératifs fondés sur la notion de génération ; mais ils sont, également, par nature, hautement parallèles dans la mesure où ils simulent l'évolution de tout un ensemble de solutions.

Concepts de base

Un A.G. manipule des chaînes de symboles. Chaque chaîne représente une solution potentielle complète à un problème donné. De façon métaphorique, une chaîne est assimilée à un chromosome, la valeur d'un symbole à un allèle et l'ensemble des chaînes manipulées à une population. Le plus souvent, la population est de taille constante, les chromosomes sont de longueur fixe et l'alphabet des symboles est binaire. D'autres représentations sont également utilisées : structure arborescente, taille de chromosome variable, ou encore codage fondé sur les nombres réels. Un des problèmes cruciaux pour appliquer un A.G. réside dans le codage des solutions sous la forme d'une chaîne de symboles. On peut établir un parallèle entre cette correspondance et le processus de morphogenèse qui produit un phénotype à partir du génotype. Les chromosomes sont soumis à un processus directement inspiré par l'évolution. L'algorithme de base est à la fois simple et général : il implante une boucle évolutionniste dans laquelle chaque itération correspond à une génération.

Le plus souvent, la population initiale est engendrée de façon aléatoire mais il peut être judicieux de biaiser cet échantillonnage dès lors que l'on dispose d'informations a priori sur la qualité de certaines solutions. Afin d'améliorer, de génération en génération, les performances de la population, une pression sélective est exercée sur les solutions. La sélection est fondée sur une valeur d'adaptation, dite valeur de fitness, associée à chaque chromosome via son expression phénotypique. Exploiter les connaissances disponibles en sélectionnant les « meilleurs » chromosomes de la population n'est pas suffisant, car la sélection seule conduirait à terme à ne conserver que les meilleures solutions déjà disponibles dans la population initiale. Il faut donc disposer de mécanismes – mutation ou croisement – qui, en introduisant de la diversité, permettent d'explorer l'espace de recherche. L'opérateur de croisement est essentiel dans la dynamique d'un A.G. ; il consiste à recombiner deux chromosomes (par exemple les chaînes binaires 00111 et 11000) pour donner deux « descendants » (00000 et 11111). Le croisement permet l'échange d'information entre solutions tout en laissant globalement invariant le « matériel génétique » disponible dans la population. L'opérateur de mutation modifie la valeur allélique sur un locus particulier d'un chromosome ; il joue un rôle de moindre importance.

Contrairement aux autres heuristiques de recherche non déterministes, un A.G. explore en parallèle plusieurs chemins vers des solutions optimales. Bien que l'on ne puisse pas garantir l'obtention d'une solution optimale, cela permet d'éviter une convergence vers une solution sous optimale. Il existe de nombreuses variantes de ce schéma général ; elles concernent la méthode de sélection, le choix des opérateurs, ou encore les techniques de remplacement.

Application

Un des intérêts de l'approche évolutionnaire est que l'on dispose d'un algorithme générique facile à implanter. Pour l'instancier sur un nouveau problème,[...]

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Écrit par

  • Philippe COLLARD : professeur des Universités
  • Philippe FLAJOLET : ingénieur de recherche à l'Institut national de recherche en informatique et automatique (I.N.R.I.A.).

Classification

. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Algorithmes de calcul de p

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Comparaison des approximations fournies par les trois algorithmes de calcul de p.

Arbre binaire

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Un arbre binaire de recherche associé à la suite x = 12, 9, 23, 6, 3, 18, 7 et sa lecture en…

Échelle de complexité

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Échelle de complexité.

Autres références

  • CALCUL, mathématique

    • Écrit par Philippe FLAJOLET
    • 1 785 mots
    L'algorithmique s'attache à l'élaboration d'algorithmes efficaces pour résoudre les problèmes reconnus comme calculables. Cette discipline s'organise selon quelques grands principes généraux. Par exemple, pour traiter efficacement des problèmes de recherche d'information de forme complexe, il s'avère...
  • INDE (Arts et culture) - Les mathématiques

    • Écrit par Agathe KELLER
    • 5 429 mots
    • 3 médias
    À l’indépendance, la création de centres d’excellence pour les mathématiques et une école indienne très forte, notamment en algorithmique théorique, placent définitivement l’Inde nouvellement créée sur la carte mondiale des sciences mathématiques. Si un certain nombre de mathématiciens fameux...
  • ITÉRATION, mathématique

    • Écrit par Jean-Paul DELAHAYE, Universalis
    • 830 mots

    Itérer signifie recommencer, faire à nouveau. Construire les nombres entiers peut être vu comme l'opération consistant à partir de zéro à itérer indéfiniment l'ajout d'une unité.

    Plus généralement, en mathématiques, lorsqu'une fonction ou opération est disponible, il est fréquent...

  • KOLMOGOROV ANDREÏ NIKOLAÏEVITCH (1903-1987)

    • Écrit par Jean-Luc VERLEY
    • 1 421 mots
    • 1 média
    Enfin Kolmogorov a fait d'importantes recherches en algorithmique. Ce sujet qui n'intéressait jusqu'alors que les logiciens (constructivistes) fit un immense bond en avant avec l'informatique et la théorie de l'information ; les outils comme l'entropie ou la complexité font dès lors l'objet de recherches...
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Voir aussi