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BIGOT ALEXANDRE (1862-1927)

Alexandre Bigot naît à Mer, dans le Loir-et-Cher, le 5 novembre 1862, de parents vignerons. Licencié en physique en 1884, il devient, en 1887, professeur à l'École alsacienne. Il passe son doctorat en 1890 avec une thèse sur les dérivés de la glycérine. À l'Exposition universelle de 1889, il s'enthousiasme pour les céramiques orientales. En 1890, Eugène Carriès lui demande des conseils techniques sur la fusion de certains émaux. Il devient également le conseiller technique du céramiste Ernest Chaplet. Grâce à ses connaissances scientifiques et géologiques, il expérimente une quantité innombrable d'émaux et expose ses premières œuvres au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1894. Le musée des Arts décoratifs de Paris lui achète immédiatement un vase à coulées brun-rouge. Aux premiers objets présentés en 1894 vont succéder, dès 1895, des statuettes réalisées en collaboration avec des sculpteurs : René de Saint-Marceaux, Jean Antoine Injalbert et surtout Pierre Roche, son collaborateur le plus assidu. En 1896, il expose vingt-deux grès émaillés dans le magasin L'Art nouveau Bing et, l'année suivante, la petite fabrique de Mer devient l'usine de la Société Bigot. Au Salon de 1897 apparaissent de nouveaux collaborateurs : le sculpteur blésois Alfred-Jean Halou et Jean Guillemonat.

Les panneaux publicitaires de la firme A. Bigot, installée à Paris 13, rue des Petites-Écuries, annoncent très clairement qu'Alexandre Bigot, spécialisé dans les grès flammés, a deux cordes à son arc : les objets d'art et les pièces destinées à l'architecture.

Très rapidement, Bigot travaille avec les plus grands architectes : Hector Guimard, Jules Lavirotte, Anatole de Baudot, Auguste Perret, Henri Sauvage, Frantz Jourdain, Henri Van de Velde. Ces mêmes architectes dessineront pour lui des modèles. Baudot et Sauvage donnent des modèles de frises, Lavirotte de balustrades, panneaux, cheminées, Guimard, de linteaux, frises et balustrades. Allié à la pierre, la brique ou au ciment, le grès apporte une note décorative à bon marché. Bigot accompagne également les premiers architectes du béton : Baudot, Lavirotte, Perret, Jourdain.

Ses réalisations en matière de grès architectural s'échelonnent sur une quinzaine d'années à Paris et en province, entre le Castel Béranger (1898) d'Hector Guimard et l'immeuble du 8, avenue de Vierzy, à Paris, de Coulomb et Chauvet (1913). Elles concernent les différents domaines de l'architecture civile et religieuse : cimetière, marché couvert, immeuble, théâtre, établissements thermaux, église, etc. Pour le théâtre de Tulle (1897-1900), réalisé en ciment armé, il crée, à la demande d'Anatole de Baudot, un décor en pastilles et en cabochons, procédé qui sera repris en 1903 pour la décoration intérieure et extérieure de l'église Saint-Jean-de-Montmartre 19, rue des Abbesses à Paris, sur les plans du même architecte.

C'est avec l'architecte lyonnais Jules Lavirotte que la collaboration est la plus assidue. Leur premier projet commun remonte à 1899. Bigot réalise la première façade exécutée entièrement en grès pour la maison de rapport du 27, avenue Rapp, façade pionnière dans les annales de la construction. Les éléments de grès n'y sont pas de simples éléments de décoration, mais aussi des éléments de construction. Bigot collabore encore à cinq reprises avec Lavirotte : pour le 3, square Rapp (1899-1900), le 12, rue Sédillot (1900), le 34, avenue de Wagram (1903), et le 6-8 et le 23, avenue de Messine (1908). La veine Art nouveau, caractéristique des réalisations en collaboration avec Lavirotte, se poursuit avec le 14, rue d'Abbeville (1901) d'Edmond Autant. Le décor floral vert foncé qui grimpe telle une liane en ronde bosse marque l'apothéose de l'esthétique fin de siècle. La maison du 25, [...]

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Marie-Cécile FOREST. BIGOT ALEXANDRE (1862-1927) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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