Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

EINSTEIN ALBERT (1879-1955)

Premiers travaux : physique moléculaire, quanta et relativité restreinte

La formation d'un style scientifique

Dès ses premières recherches, Einstein développa un style propre, orienté avant tout vers une analyse des bases fondamentales des théories et du contenu physique des concepts en jeu dans les phénomènes considérés. Dans ses travaux de 1901 à 1904 sur la thermodynamique et la théorie cinétique, il s'interrogeait sur la signification physique de la probabilité W dans la formule de Boltzmann qui la relie à l'entropieS (S = k ln W), relativement à un système physique. Il l'interpréta comme la fréquence dans le temps avec laquelle le système se trouve dans un état donné, et en tira la conséquence que les fluctuations des quantités physiques calculables correspondent à des occurrences réelles et observables.

Cette réinterprétation statistique de la probabilité dans la formule de Boltzmann conditionne ses recherches sur la théorie moléculaire (le mouvement brownien résulte de telles fluctuations), sur la théorie du rayonnement – point de départ de l'utilisation des probabilités en physique quantique –, aussi bien que ses critiques ultérieures sur l'interprétation courante de la mécanique quantique.

Quant aux travaux sur la relativité, ils prennent leur point de départ sur une critique de la mécanique et de la théorie électromagnétique, considérées du point de vue de leurs propositions fondamentales, suivie d'une reformulation des concepts d'espace et de temps. La théorie de la relativité restreinte ainsi constituée autour de la notion de covariance pour les systèmes d'inertie fut à son tour l'objet d'une critique sur le caractère arbitraire du choix de tels systèmes et sur la signification objective de la notion de covariance, qui ne peut être que générale et qui doit porter sur les mouvements accélérés quelconques. L'interrogation sur le rapport de la masse d'inertie à la masse gravitationnelle conduisant à énoncer l'équivalence du champ de gravitation et d'un mouvement uniformément accéléré, la remise en question de la signification physique de la masse d'inertie à travers le « principe de Mach » puis la critique de l'interprétation physique directe des coordonnées en termes de géométrie euclidienne sont les éléments d'analyse qui le conduisirent à la théorie de la relativité générale.

Mouvement moléculaire

Einstein s'aperçut que les fluctuations pourraient trouver une application dans les propriétés du mouvement brownien, mouvement aléatoire de nature macroscopique affectant de petits corps en suspension dans un fluide, qui résulte de l'agitation thermique des molécules. Élargissant la notion de pression osmotique des molécules des corps dissous aux corps en suspension, il montra, en 1905, que la loi en est la même dans les deux cas, et obtint le déplacement moyen des particules en suspension, qui fournit une détermination exacte des dimensions atomiques. Perrin verifia la formule d'Einstein quelque temps plus tard, confirmant ainsi la réalité des atomes.

Quantification du rayonnement

Dans son article de 1905 intitulé « Sur un point de vue heuristique concernant la production et la transformation de la lumière », Einstein appliqua, selon une démarche différente de celle de Planck, sa formule réinterprétée de l'entropie au rayonnement contenu dans un volume donné, trouvant la même forme pour la variation d'entropie que celle d'un gaz en théorie cinétique. Il en déduisit la relation entre l'énergie et la fréquence, E = h n, qu'il attribua à une propriété du rayonnement : « l'énergie de la lumière est distribuée de façon discontinue dans l'espace » sous forme de « quanta de lumière ». Planck avait au contraire considéré sa formule de la quantification des énergies dans[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS

Classification

Pour citer cet article

Michel PATY. EINSTEIN ALBERT (1879-1955) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Théorie de la relativité - crédits : Encyclopædia Universalis France

Théorie de la relativité

Albert Einstein - crédits : AKG-images

Albert Einstein

Albert Einstein - crédits : Encyclopedia Britannica

Albert Einstein

Autres références

  • EINSTEIN ET LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE, LES CHEMINS DE L'ESPACE-TEMPS (J. Eisenstaedt)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 961 mots

    Si les principes et les conséquences de la théorie de la relativité restreinte ont été souvent, et parfois de façon excellente, vulgarisés, la complexité mathématique de la théorie d'Einstein de la gravitation – appelée relativité générale – est telle qu'elle n'est appréciée que d'un petit nombre...

  • THÉORIE DE LA RELATIVITÉ, en bref

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 175 mots
    • 1 média

    Albert Einstein propose, en 1905, la théorie de la relativité restreinte comme un nouveau cadre pour décrire de façon cohérente les phénomènes physiques mettant en jeu des vitesses proches de celle de la lumière. En imposant l'universalité de la vitesse de la lumière, la relativité restreinte...

  • ATOME

    • Écrit par José LEITE LOPES
    • 9 140 mots
    • 13 médias
    ...formulées quelques années auparavant, retenaient l'attention des physiciens : la théorie des quanta de Planck (1901) et la théorie de la relativité d' Einstein (1905). Les travaux de Poincaré, de Lorentz et d'Einstein conduisirent, au début du xxe siècle, à la découverte d'un énoncé très important,...
  • ATOMIQUE PHYSIQUE

    • Écrit par Philippe BOUYER, Georges LÉVI
    • 6 651 mots
    • 1 média
    ...par un rayonnement ultraviolet. Ce phénomène, connu sous le nom d'effet photoélectrique, ne fut expliqué de façon satisfaisante qu'en 1905 par Einstein, qui supposa que le rayonnement électromagnétique était réellement constitué de quanta, les photons, chacun d'eux possédant une énergie...
  • BIG BANG

    • Écrit par Marc LACHIÈZE-REY
    • 2 533 mots
    • 4 médias
    ...qu'un modèle cosmologique, qui représente notre Univers, doit être construit dans le cadre de cette théorie fondamentale et révolutionnaire, énoncée par Albert Einstein en 1915. Ce fut d'ailleurs Einstein lui-même qui fonda cette « cosmologie » relativiste, en proposant dès 1917 le premier modèle relativiste....
  • BOSE-EINSTEIN CONDENSATION DE

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 1 580 mots

    En 1924, Albert Einstein (1879-1955) reçoit un court article intitulé « La loi de Planck et l'hypothèse des quanta de lumière » qu'un jeune enseignant indien de l'université de Dacca (Bangladesh), Satyendranath Bose (1894-1974), lui envoie en lui demandant respectueusement ce qu'il en pense. Einstein...

  • Afficher les 37 références

Voir aussi