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CHAMBERS PAUL (1935-1969)

Au cours d'une trop brève carrière, le contrebassiste et compositeur américain de jazz Paul Chambers a offert au hard bop un alliage idéal de force retenue, d'intelligence discrète et de musicalité débordante. Par ses dons et sa sensibilité, il se pose en héritier de Jimmy Blanton et en rival d'Oscar Pettiford. Si quelques critiques ont laissé entendre que sa justesse n'était pas irréprochable, les plus grands souffleurs de son temps, qui n'ont cessé de le réclamer, n'y ont jamais rien trouvé à redire... L'accompagnateur est sûr, efficace, attentif. Le soliste propose un phrasé à l'évidence magistrale et une rare variété de couleurs. À l'archet, ses solos dans le registre grave ont la vigueur des attaques, le swing soutenu et la richesse mélodique qu'offrent les plus grands saxophonistes, à un point tel que son style a parfois été comparé à celui de Sonny Rollins.

Paul Laurence Dunbar Chambers, Jr. – ses deux derniers prénoms constituent un hommage au grand poète afro-américain du xixe siècle – naît le 22 avril 1935 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Sa famille s'établit à Detroit alors qu'il a treize ans. Il aborde la musique par le saxophone baryton et le tuba avant d'adopter définitivement la contrebasse. En 1949 – la valeur n'attend pas le nombre des années –, il débute dans la petite formation du guitariste Kenny Burrell tout en se produisant avec d'autres jazzmen de Detroit. En 1954, il rejoint l'orchestre du saxophoniste Paul Quinichette, avec lequel il effectue en 1955 une tournée à New York. Immédiatement accepté par la fine fleur du bop, il joue au Embers et au Birdland avec le saxophoniste Sonny Stitt et le vibraphoniste Joe Roland, accompagne le pianiste George Wallington ainsi que les trombonistes Jay Jay Johnson et Kai Winding, dont il intègre le Jay and Kai Quintet.

1955 est l'année de la rencontre décisive de Paul Chambers avec Miles Davis ; leur association durera jusqu'en 1963, période durant laquelle les chefs-d'œuvre succèdent aux chefs-d'œuvre. Au sein d'une des plus parfaites sections rythmiques que l'on ait connues – celle-ci regroupe autour de lui le pianiste Red Garland et le batteur Philly Joe Jones – il va accompagner le grand trompettiste et l'immense John Coltrane (saxophone ténor) dans une série d'albums qui appartiennent à la légende du jazz : le quintette grave Relaxin', Steamin', Workin', Cookin' (1956), 'Round About Midnight (1955 et 1956). En 1958, Paul Chambers enregistre l'album Milestones au sein du sextette de Miles Davis (le saxophone alto Julian « Cannonball » Adderley a rejoint Coltrane, Jones et Garland) et figure dans Stardust de Coltrane. En 1959, Paul Chambers participe à un des albums les plus aboutis de l'histoire du jazz, Kind of Blue, avec le sextette de Miles Davis qui comprend alors Adderley, Coltrane, Bill Evans ou Wynton Kelly au piano et Jimmy Cobb à la batterie. Toujours en 1959, il est au côté de Coltrane pour Giant Steps (le quartette est complété par Tommy Flanagan ou Wynton Kelly au piano et Art Taylor ou Jimmy Cobb à la batterie) ; en signe d'admiration, Coltrane a dédié au jeune contrebassiste un thème portant ses initiales, Mr P. C., qui constitue la dernière des sept plages de cet album.

Dans la seconde moitié des années 1950, Chambers se produit aussi comme sideman avec des personnalités de la stature de Sonny Rollins, Kenny Clarke, Donald Byrd, Art Pepper, Bud Powell, Dexter Gordon, Milt Jackson... Comme leader, on mentionnera particulièrement l'album Bass on Top, enregistré en 1957 avec son quartette (Kenny Burrell à la guitare, Hank Jones au piano et Art Taylor à la batterie). En 1963, Paul Chambers forme un trio avec Wynton Kelly et Jimmy Cobb, qui ont eux aussi quitté Miles Davis. En 1965, il enregistre[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. CHAMBERS PAUL (1935-1969) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GIANT STEPS (J. Coltrane)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 302 mots

    À la mort de Charlie Parker, en 1955, seuls Stan Getz et Sonny Rollins semblent en mesure de recevoir et de développer l'héritage du grand saxophoniste. Pourtant, au sein du célèbre quintette que rassemble Miles Davis de 1955 à 1957, on ne tarde guère à remarquer le timbre de bronze ainsi...

Voir aussi