Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NEWTON ISAAC (1642-1727)

La postérité de Newton

Les mathématiques de Newton et ses lois du mouvement furent très vite adoptées et développées, transcrites dans les notations du calcul différentiel et intégral de Leibniz, ce qui conféra à la « nouvelle analyse » une plus grande force dans ses applications en géométrie comme en mécanique. Ce fut l'œuvre, notamment, des frères Jacques et Jean Bernoulli, du marquis de l'Hôpital, de Pierre Varignon. Mais l'inspiration des successeurs de Newton se tarit dans son propre pays dans la suite du xviiie siècle, jusqu'au renouveau en mathématique et en physique mathématique qui eut lieu vers 1820.

Quant à sa théorie de la gravitation universelle et à celle de son « Système du monde », elles ne furent pleinement acceptées et mises en œuvre qu'à partir de 1730, par Clairaut, Euler et d'Alembert, qui furent ses meilleurs continuateurs (problème des trois corps, unification de la mécanique des solides et des fluides, extension du calcul différentiel et intégral aux équations aux dérivées partielles). Les résultats de très grande précision auxquels ils parvinrent, notamment en astronomie, apparurent comme une confirmation éclatante du système newtonien, très vite soutenue et élargie par les travaux de Lagrange et de Laplace, qui développèrent la physique mathématique et la mécanique céleste dans la voie que Newton avait ouverte. Tout le xixe siècle fut, à leur suite, marqué par les conceptions de la physique newtonienne que, seules, les théories de la relativité, restreinte et générale, puis la physique quantique devaient remettre en cause au début du xxe siècle.

Sur le plan philosophique, la postérité ne retiendra longtemps de Newton que la lecture qu'en donna le xviiie siècle, faisant de lui le porte-drapeau de la rationalité physico-mathématique, du contrôle de la théorie par l'expérience, de l'induction à partir des phénomènes, du rejet des hypothèses métaphysiques et des questions d'essence, ainsi que de la cosmologie créationniste du Dieu horloger, tandis que le xixe siècle y verra l'un des précurseurs du positivisme. Tout en étant l'objet de discussions critiques (notamment de la part de Leibniz, de Berkeley, de Hume), ses conceptions sur l'espace, le temps et la causalité seront placées par Kant au centre de sa philosophie et sous-tendront tous les débats sur la philosophie de la connaissance de la fin du xixe et de la première moitié du xxe siècle.

— Michel PATY

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS

Classification

Pour citer cet article

Michel PATY. NEWTON ISAAC (1642-1727) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Isaac Newton - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Isaac Newton

Newton, W. Blake - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Newton, W. Blake

Microscope de Hooke - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Microscope de Hooke

Autres références

  • LE CALCUL DES FLUXIONS (I. Newton)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 201 mots
    • 1 média

    En octobre 1666, Isaac Newton (1642-1727) écrit Le Calcul des fluxions qui, sans être immédiatement publié, sera déterminant pour le développement du calcul différentiel. Il y définit le concept de fluxions. Newton décrit une particule parcourant une courbe à l'aide de deux quantités : la vitesse...

  • NEWTON TÉLESCOPE DE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 244 mots
    • 1 média

    Les lunettes – formées uniquement de lentilles – que Galilée commence à utiliser en 1609 à des fins astronomiques étaient des instruments médiocres, entachés d'aberration chromatique. Les lunettes plus importantes construites ensuite au cours du xviie siècle présentaient le...

  • PHILOSOPHIAE NATURALIS PRINCIPIA MATHEMATICA (I. Newton)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 133 mots
    • 1 média

    Isaac Newton (1642-1727) expose dans ses Philosophiae naturalis principia mathematica (1687) la mécanique sous une forme logique parfaite. À partir de quelques lois décrivant les forces qui s'exercent sur les astres, il explique un grand nombre de phénomènes célestes. Il justifie les ...

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean KOVALEVSKY
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    ...grande controverse s'engagea alors qui allait opposer, pendant quelques décennies, les deux plus anciennes académies du monde, l'Académie des sciences de Paris, sous l'égide de la dynastie des trois Cassini, réalisateurs de la carte de France, et la Royal Society de Londres, sous l'égide deNewton.
  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    ...juive hellénisée. Pendant près de quinze siècles, des trésors d’érudition furent déployés par d’éminents esprits pour tenter de résoudre ces désaccords. Le grand Isaac Newton (1642-1727) fut un des derniers à participer au débat par une savante Chronologie des anciens royaumes, publiée à titre posthume,...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    La synthèse tentée pendant tant de siècles entre les phénomènes terrestres et célestes devait être l'œuvre, un demi-siècle plus tard, d'Isaac Newton (1643-1727), dont Christiaan Huygens (1629-1695) était un des précurseurs. La contribution la plus importante de Newton, publiée en 1687 sous...
  • BARROW ISAAC (1630-1677)

    • Écrit par Universalis
    • 305 mots

    Mathématicien et théologien anglais qui fut un des précurseurs du calcul infinitésimal. Ordonné ministre anglican en 1668, Isaac Barrow enseigna le grec à l'université de Cambridge (1660-1663) et fut nommé, en 1662, professeur de mathématiques au collège Gresham de Londres. En 1664, il devient professeur...

  • Afficher les 54 références

Voir aussi