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GAMME

Il est difficile de donner du mot « gamme » une définition qui soit à la fois exacte et complète, tant sont diverses les notions que ce vocable recouvre et variés, au cours des époques, les objets qu'il désigne. D'une manière générale, on peut dire qu'une gamme serait l'ensemble des intervalles, égaux ou non, qui divisent une octave. Si l'on veut adopter une terminologie rigoureuse, on devrait donc distinguer les gammes, dans lesquelles sont définies les grandeurs des intervalles indépendamment de leur ordre, les modes, dans lesquels on tient compte essentiellement de l'ordre des mêmes intervalles, et les échelles, dans lesquelles les intervalles sont égaux. C'est donc par abus de langage que le seul mot « gamme » est souvent employé pour désigner indifféremment ces divers types de répartitions d'intervalles. Ainsi, dans la musique occidentale, on parle de la gamme naturelle majeure, de la gamme naturelle mineure et de la gamme chromatique. La première est celle qui existe sur les instruments à clavier lorsqu'on se sert des seules touches blanches à partir de la note ut (ou do) : ut, , mi, fa, sol, la, si. La deuxième possède deux formes : une forme montante, la, si, ut, , mi, fa dièse, sol dièse, et une forme descendante, la, sol bécarre, fa bécarre, mi, , ut, si. Enfin, la troisième est tout simplement la suite des demi-tons théoriquement égaux : ut, ut dièse, , dièse, mi, fa, fa dièse, sol, sol dièse, la, si bémol, si bécarre. Les deux premières sont dites gammes diatoniques ; elles sont constituées par une alternance de tons et de demi-tons. On voit qu'il serait plus logique de parler à propos des « gammes » que nous venons de citer de gamme d'ut dans le mode majeur, de gamme de la dans le mode mineur et d'échelle chromatique. À condition de garder la même répartition des intervalles, toute gamme peut être transposée sans perdre aucune de ses caractéristiques, ce qui veut dire qu'elle peut commencer sur n'importe quelle note. C'est alors la première note qui lui donne son nom. Ainsi, avec les mêmes intervalles que ceux de la gamme d'ut majeur, on peut avoir, par exemple, une gamme dite de majeur : , mi, fa dièse, sol, la, si, ut dièse. Là encore, pour la rigueur terminologique, il serait préférable de parler du mode d'ut majeur transposé sur . Dans leur grande majorité, les gammes, qu'elles soient européennes ou non, sont constituées de sept notes (gammes heptatoniques), mais on rencontre aussi des gammes de cinq sons (pentatoniques) et, bien entendu, la gamme de douze sons (chromatique).

L'idée de la gamme chromatique, formée d'intervalles égaux, est le résultat d'un effort de généralisation provoqué par les nécessités de la polyphonie occidentale et qui se trouve véritablement concrétisé vers la fin du xviie siècle. Parmi les préoccupations qui orientèrent la construction des gammes, il y en eut de théoriques (caractérisation de mélodies d'un type donné) et aussi de pratiques, ces dernières étant provoquées par l'existence d'instruments ne pouvant émettre que des sons dont la hauteur était fixée a priori (il s'agit, notamment, des instruments à clavier).

Dans les musiques archaïques ou extra-européennes, essentiellement fondées sur la mélodie, les diverses gammes utilisées peuvent être d'un très grand raffinement, variant parfois de très petits intervalles avec une grande subtilité. Un tel raffinement devient difficile dans le cas de la polyphonie européenne, les rapports régissant la succession des intervalles devant être conciliés avec ceux qui régissent leur superposition. Il est impossible de procéder à un inventaire complet des différentes gammes (européennes, grecques anciennes, indiennes, chinoises, arabes...). On peut dire que chaque gamme correspond à une[...]

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel PHILIPPOT. GAMME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ATONALITÉ

    • Écrit par Juliette GARRIGUES, Michel PHILIPPOT
    • 4 382 mots
    • 9 médias

    C'est dans les premières années du xxe siècle, et surtout à partir de 1912 (année de la première audition du Pierrot lunaire d'Arnold Schönberg), que l'on commença à parler de musique « atonale » et, par extension, de ce qui devait être considéré, à tort, comme une technique...

  • BÉCARRE, musique

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 163 mots

    Signe musical ♮ qui, placé devant une note, annule l'altération qui l'affectait, dièse ou bémol, que cette altération soit passagère (valable pour la seule mesure), ou constitutive (prévue pour tout un morceau par l'ensemble des altérations notées en début de portée, que l'on nomme armature). On...

  • DIAPASON

    • Écrit par Jacques CHAILLEY
    • 2 736 mots
    ...absolue, ils conservèrent les syllabes pour la seule hauteur relative : un la anglais n'est donc pas 435 ou 440 hertz, c'est le 6e degré de la gamme majeure, quelle qu'en soit la tonique. Cette adaptation moderne du système ancien, appelée tonic sol-fa, fut mise au point vers 1850 par John...
  • INTERVALLE, musique

    • Écrit par Sophie COMET
    • 1 021 mots

    Un intervalle est la distance qui sépare deux sons différents.

    Le plus petit intervalle du système tempéré est le demi-ton : mi-fa, si-do, sol dièse-la, ré-mi bémol... Un demi-ton est chromatique s'il est formé de deux notes de même nom (do-do dièse, la-la bémol, si bémol-si bécarre)...

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Voir aussi