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ZANZIBAR

Zanzibar colonial

L'occupation allemande de la côte orientale de l'Afrique amorçait le dépècement du sultanat. En décembre 1885, une commission des représentants de l'Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne était formée « pour travailler à la délimitation des territoires du sultanat de Zanzibar ». L'accord anglo-allemand du 9 octobre 1886 limitait les possessions du sultan aux deux îles, à une bande côtière continentale de Tingui au sud à Tana au nord et, au-delà, aux villes de Kismayo, Brava, Marka et Mogadiscio. C'était la fin de la suzeraineté de Zanzibar sur l'intérieur partagé entre les deux puissances. En décembre 1886, le sultan Bargasch était contraint d'accepter tous les termes de cet accord de partage. Le domaine zanzibarite était non seulement démantelé mais directement menacé. Le traité anglo-allemand de 1890 remettait Heligoland à l'Allemagne contre la reconnaissance de la prépondérance britannique à Zanzibar qu'admettait également le traité anglo-français de la même année. Le 4 novembre 1890, le protectorat britannique sur Zanzibar était officiellement proclamé. Le Foreign Office en sera responsable jusqu'en 1913. Il passera alors au Colonial Office. En 1895, l'essentiel de la bande côtière (Coastal Strip) comprenant Mombasa était enlevé au protectorat pour être rattaché au Kenya bien que le sultan en conservât la suzeraineté théorique. Enfin, les possessions continentales du Nord passaient sous l'autorité de l'Italie, d'abord par l'intermédiaire des entreprises commerciales et politiques de Vincenzo Filonardi, puis comme protectorat officiel, enfin comme colonie italienne de Somali, au nord de la rivière Juba avec comme capitale la ville de Mogadiscio. Ainsi disparaissait, par la création de ces trois installations européennes, le domaine africain zanzibarite.

La domination britannique allait durer quelque soixante-dix ans. Lorsque l'ancienne Afrique orientale allemande devient mandat britannique en 1919-1920, le « sultanat et protectorat britannique de l'Est africain » subsiste comme entité administrative comprenant les îles de Zanzibar et de Pemba, quelques îlots adjacents et la souveraineté nominale sur un morceau de côte africaine de 10 miles de profondeur, le tout sous l'autorité d'un haut-commissaire. Ce dernier poste fut aboli en 1925, le résident britannique à Zanzibar dépendant alors directement du Colonial Office, cependant qu'étaient créés localement un conseil exécutif et une commission législative. Ce statut de protectorat et d'autonomie perdura, sans grandes modifications, jusqu'en septembre 1956 où fut créé un conseil privé, où fut remanié le Conseil exécutif ainsi que la Commission législative, qui passait de 26 membres (dont 12 élus) à 32 membres (dont 18 élus) en mai 1957.

Les premières élections eurent lieu en juillet 1957 : les années suivantes, la vie politique fut, dans la perspective de l'indépendance, marquée par des affrontements ethniques et sociaux, la population d'origine africaine craignant, avec l'indépendance totale, le renforcement de la supériorité de la minorité socialement et économiquement dominante des Arabes. Elle soutenait l'Afro-Shirazi Party (A.S.P.). Les Arabes animaient le Zanzibar Nationalist Party (Z.N.P.) qui s'affirmait plus fortement antibritannique.

Aux élections de juillet 1961, l'A.S.P., bien qu'il ait eu plus de voix (54 p. 100), obtenait moins de sièges au Parlement. Il provoqua de sanglantes émeutes sans pouvoir ébranler le pouvoir arabe confirmé aux élections de 1963. C'est dans ce climat de troubles qu'allait advenir l'indépendance. Pendant la période britannique, l'économie était restée dominée par la production des clous de girofle dont les îles demeuraient, de loin, le premier producteur mondial (jusqu'à 80 p. 100)[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Jean-Louis MIÈGE. ZANZIBAR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tanzanie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tanzanie : carte administrative

Culture d’algues, île de Zanzibar  - crédits : EcoPrint/ Shutterstock

Culture d’algues, île de Zanzibar 

Zanzibar (Tanzanie) - crédits : James Strachan/ The Image Bank/ Getty Images

Zanzibar (Tanzanie)

Autres références

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Voir aussi