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ZANZIBAR

L'indépendance et l'union avec la Tanzanie

En décembre 1963, la Grande-Bretagne accordait l'indépendance à Zanzibar au sein du Commonwealth. Appuyé par les forces conservatrices et arabes, le Premier ministre Mohamed Shambtu Hamadi se heurta d'emblée à l'opposition du prolétariat africain de l'Afro-Shirazi Party. Son chef, le cheikh Abeid Amani Karume, exploitant le mécontentement populaire, déposa le sultan Saïd Jamshid et proclama la République dans une insurrection courte mais sanglante, qui fit quelque 10 000 victimes arabes (janv. 1964). Devenu président de la République, Karume, en mars 1964 (accord de Dar es-Salam), fondait l'ancien protectorat avec le Tanganyika dans la « république unie du Tanganyika et de Zanzibar » présidée par Julius Nyerere, l'ensemble prenant bientôt le nom de Tanzanie.

L'orientation communiste de Zanzibar s'affirma dès les premiers jours de la révolution anti-arabe. L'autonomie intérieure de Zanzibar fut maintenue dans une atmosphère politique troublée et au milieu de graves difficultés économiques. La révolution des « Jacobins noirs » fut radicale : nationalisation et redistribution des grands domaines arabes de l'archipel ainsi que du commerce de détail, remplacement des tribunaux par des cours populaires, expulsion des Arabes et des Indiens, liens privilégiés avec la Chine maoïste. L'assassinat de Karume, en avril 1972, et l'arrivée au pouvoir d'Aboud Jumbi marquèrent une inflexion vers une politique plus modérée, mais aussi une fusion plus étroite avec l'ensemble tanzanien. Au début de 1977, l'unité fut renforcée par la fusion de la Tanganyika African National Union (T.A.N.U.), parti unique de la Tanzanie, avec le parti unique de Zanzibar, l'A.S.P., dans une seule formation, le Chama Cha Mapinduzi (C.C.M.) ou Parti de la révolution en swahili.

L'Assemblée nationale tanzanienne adopta une nouvelle Constitution le 25 avril 1977, entérinant la suprématie du parti présidé par Nyerere, maintenant deux gouvernements, un pour les territoires continentaux et un pour les îles de Zanzibar et de Pemba ; le nombre des sièges à l'Assemblée passa de 96 à 106, de manière à admettre pour Zanzibar dix nouveaux députés élus aux élections générales. C'était la première fois que les Zanzibarites avaient l'occasion d'aller aux urnes depuis la révolution de 1964. En droit comme en fait, cette nouvelle Constitution ne maintenait que la fiction de l'autonomie de Zanzibar qui désormais était définitivement rattaché à l'ensemble tanzanien.

Le temps n'était plus où, suivant le dicton arabe, « lorsqu'on jouait de la flûte à Zanzibar, toute l'Afrique, jusqu'aux grands lacs, dansait ». Les fastes de Zanzibar s'étaient évanouis. Il en demeure néanmoins quelques reflets dans l'architecture de la ville, dans les traditions et le rôle culturel de l'île ainsi que dans l'imaginaire populaire.

— Jean-Louis MIÈGE

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Jean-Louis MIÈGE. ZANZIBAR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tanzanie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tanzanie : carte administrative

Culture d’algues, île de Zanzibar  - crédits : EcoPrint/ Shutterstock

Culture d’algues, île de Zanzibar 

Zanzibar (Tanzanie) - crédits : James Strachan/ The Image Bank/ Getty Images

Zanzibar (Tanzanie)

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Voir aussi