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SCHUMAN WILLIAM (1910-1992)

Avec Aaron Copland et Samuel Barber, William Schuman représentait le point de départ d'une tradition musicale américaine dont les racines étaient européennes, mais le langage spécifique à l'outre-Atlantique. À l'inverse d'Eliott Carter, de John Cage ou d'Earle Brown, Schuman ne recherchait pas cette spécificité dans l'avant-garde mais préférait se situer dans une continuité que semblent prolonger les compositeurs minimalistes et néo-romantiques de la génération suivante.

William Howard Schuman naît à New York le 4 août 1910. Après avoir fait des études commerciales (1928-1930), il travaille l'harmonie avec Max Persin et le contrepoint avec Charles Haubiel. Il suit les cours de Bernard Wagenaar et d'Adolf Schmid à la Juilliard School of Music de New York (1932-1933), puis étudie au Teacher's College de Columbia University et au Mozarteum de Salzbourg (1935). Il est aussi l'élève de Roy Harris (1936-1938). Serge Koussevitzky dirige son American Festival Overture en 1939, sa Troisième Symphonie en 1941 et A Free Song en 1943, partition qui lui vaut le premier prix Pulitzer décerné en musique. Il reçoit deux bourses Guggenheim (en 1939 et en 1941) et enseigne à Sarah Lawrence College, à Bronxville, dans l'État de New York (1935-1945). Puis il est nommé président de la Juilliard School of Music de New York (1945-1962), à laquelle il va donner un essor considérable en attirant les meilleurs musiciens américains dans le corps enseignant. Il est à l'origine de la constitution du Quatuor Juilliard, en 1946, et directeur des éditions Schirmer de 1945 à 1952.

Schuman devient vite une des figures dominantes de la vie musicale américaine : en 1955, il reçoit la première commande d'une œuvre musicale passée par le gouvernement fédéral (Credendum, Article of Faith) ; il est président du Lincoln Center for Performing Arts à New York (1962-1969), de la MacDowell Colony de Peterborough, dans le New Hampshire (1973) et de la fondation Norlin (1975-1985). Il est élu en 1946 à la National Institution of Arts and Letters et, en 1973, à l'American Academy of Arts and Letters. Partout, il se fait le champion de la cause de la musique américaine et suscite créations et commandes d'œuvres nouvelles. En 1981, l'université Columbia fonde un prix qui porte son nom, décerné chaque année à un jeune compositeur et dont il est, curieusement, le premier récipiendaire ! Schuman reçoit un second prix Pulitzer, en 1985, et la National Medal of Arts, en 1987. Il meurt à New York, le 15 février 1992.

Schuman a essentiellement composé pour l'orchestre : ses dix symphonies, qui s'échelonnent de 1935 à 1975, ont été créées par les principaux orchestres américains. Il a écrit des concertos pour piano (1938, rév. 1942), pour violon (1947, rév. 1954 et 1959), New England Triptych (1956), A Song of Orpheus, pour violoncelle et orchestre (1961), qu'a fait connaître Leonard Rose, Three Colloquies, pour cor et orchestre (1979). Il est aussi l'auteur d'un « baseball opera », The Mighty Casey (1951-1953), de plusieurs ballets (Night Journey, 1947 ; Judith, 1949), d'œuvres chorales (Te Deum, 1944 ; Carols of Death, 1959 ; The Young Dead Soldiers, 1975) et de musique de chambre (5 quatuors à cordes, Amaryllis, pour trio à cordes, 1964). Il a bénéficié d'emblée du soutien des plus grands solistes et chefs d'orchestre, qui ont créé ses œuvres : Serge Koussevitzky, Isaac Stern (Concerto pour violon, 1950), le Quatuor hongrois (Quatuor à cordes no 4, 1950), Charles Münch (Symphonie no 7, 1960), Leonard Bernstein (Symphonie no 8, 1962 ; In Praise of Shahn, cantique pour orchestre, 1969), Eugene Ormandy (Symphonie no 10, 1976). Son langage, très solidement structuré, notamment au point de vue contrapuntique, intègre des éléments de folk music, de jazz ou d'autres[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. SCHUMAN WILLIAM (1910-1992) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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