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FELSENSTEIN WALTER (1901-1975)

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Travail avec l'ensemble : interprètes, chefs d'orchestre, décorateurs

Les exigences de Felsenstein en matière de répétition sont devenues légendaires, avec les neuf mois consacrés aux Contes d'Hoffmann. S'il se contente en général de huit à neuf semaines, il est vrai aussi qu'il lui arrive de mettre des interprètes en réserve afin de les avoir à sa disposition le moment venu, et qu'il n'hésite pas à repousser la date d'une première si besoin est. Dans l'étape initiale du travail en commun, tous les chanteurs-acteurs sans exception – car les seconds rôles n'existent pas dans le Musiktheater, non plus que les choristes, qui sont des « Chorsolisten » – doivent se persuader qu'ils ont, chacun en particulier, une histoire, passée, présente, à venir. La conception de Felsenstein privilégie l'identification au rôle, comme chez Stanislavski. L'application de cette conception au travail des interprètes dans la mise en scène lyrique tient de la performance et va de pair avec une analyse de la place du chant dans l'opéra. La voix est un simple instrument, considéré comme dominé d'avance. Le chanteur-acteur doit toujours savoir pourquoi il chante ; chaque note, chaque air a une signification non seulement dramatique, mais dramaturgique, le chant devient nécessaire quand la parole ne suffit plus, il est exaltation de l'émotion.

Pour la musique, Felsenstein aurait souhaité s'attacher une personnalité de tout premier plan. En 1949, il pressent en vain Otto Klemperer alors qu'ils montent ensemble Carmen, et tente aussi sa chance auprès de Georg Solti en 1968. Il aura de solides directeurs de la musique, comme Meinhardt von Zallinger (1953-1956), Václav Neumann (1956-1960) et Kurt Masur (1960-1964). Il est, en outre, assisté pendant plus de vingt ans (1947-1969) par Hermann Lüddecke, remarquable chef des chœurs entièrement acquis à ses objectifs.

Durant toute sa carrière, Felsenstein a fait équipe avec des décorateurs expérimentés. En 1954, il découvre et forme le jeune Rudolf Heinrich, qui sera le complice des grandes créations de la Komische Oper jusqu'en 1961. Ses décors à la fois concrets et allusifs, dépourvus de naturalisme, sont chargés d'ironie (par exemple, ceux des Contes d'Hoffmann) ; suffisamment souples, ils permettent une rapidité d'enchaînement et une mobilité des interprètes qui sont les garanties de la vraisemblance. En commun avec Felsenstein, il a créé ce « réalisme magique » qui enchanta tous ceux qui découvrirent alors La Petite Renarde rusée, Les Contes d'Hoffmann (donnés à Paris respectivement en 1957 et 1959, au théâtre des Nations) ou Le Songe d'une nuit d'été. Wilfried Werz et Reinhardt Zimmermann prirent la relève au départ d'Heinrich en 1961 ; leurs productions refléteront une continuité d'inspiration révélatrice de l'influence de Felsenstein sur ses décorateurs.

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Écrit par

  • : professeur certifié de lettres modernes, D.E.A. d'études théâtrales, correspondante de la revue Opéra International

Classification

Pour citer cet article

Claude VAUGIER. FELSENSTEIN WALTER (1901-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Anneliese Rothenberger dans le rôle-titre de <it>Lulu</it> de Berg - crédits : D.R.

Anneliese Rothenberger dans le rôle-titre de Lulu de Berg

Autres références

  • FRIEDRICH GÖTZ (1930-2000)

    • Écrit par
    • 835 mots

    Tout en menant une importante carrière de metteur en scène marquée notamment par la « production du centenaire » de Parsifal au festival de Bayreuth en 1982, Götz Friedrich a fait de la Deutsche Oper de Berlin, dont il fut l'intendant général de 1981 à sa mort, l'une des principales scènes...

  • KOMISCHE OPER

    • Écrit par
    • 255 mots

    De création bien plus récente que les deux autres théâtres lyriques de Berlin – la Staatsoper et la Deutsche Oper –, la Komische Oper se trouvait, comme la Staatsoper, à Berlin-Est du temps de la R.D.A. La Komische Oper, où les œuvres sont exclusivement interprétées en allemand, fut inaugurée en...

  • SCÉNOGRAPHIE LYRIQUE

    • Écrit par et
    • 7 185 mots
    • 5 médias
    ...partagent la même éthique de la représentation lyrique, conçue comme un travail collectif, à l'opposé de tout star system, Wieland Wagner à Bayreuth et Walter Felsenstein au Komische Oper de Berlin-Est engagent la mise en scène d'opéra dans deux voies divergentes, celle d'un idéalisme inspiré du symbolisme...