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FELSENSTEIN WALTER (1901-1975)

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Le Musiktheater

Le Musiktheater n'est pas un genre, mais une manière d'appréhender les ouvrages. Pas de volonté d'innovation chez Felsenstein ; en revanche, une quête de l'humain et du vraisemblable qui va de pair avec un besoin exacerbé de logique. Logique du livret, qui doit correspondre à la musique, et logique de la musique, qui doit correspondre à une vérité humaine. Il rejette d'ailleurs, au nom de ce principe, la totalité des ouvrages de Puccini et Così fan tutte de Mozart. Quant au metteur en scène, il lui incombe de servir l'œuvre en aidant le chanteur-acteur à atteindre la vérité du jeu et la vraisemblance.

La perspective d'une liberté de manœuvre totale et d'un public neuf, supposé naïf et dépourvu de préjugés, est un stimulant qui engage Felsenstein à se lancer dans une aventure comparable à celle d'un Jean Vilar dans ce même après-guerre. Terminés dorénavant le concert en costume, les mouvements convenus à la rampe, les prouesses vocales dans les airs attendus. Sans sacrifier la musique ni le chant, il allait apprendre à ces spectateurs vierges le plaisir de se laisser raconter une « histoire » à l'opéra, une histoire à ne pas confondre avec la fable brechtienne, qui doit éduquer le spectateur. Les deux personnalités du théâtre est-berlinois entretiennent en effet de bons rapports de confraternité sans se soucier d'établir entre eux un consensus sur le plan de la méthode ou de l'idéologie, même s'ils s'accordent tous deux à refuser le spectacle facile, le « kulinarisch » qui flatte et corrompt le goût du spectateur. À la recherche de l'éternel humain, Felsenstein, dans son analyse du livret, porte souvent un regard ironique sur la société ; plus moraliste et artiste que militant, il sera toujours davantage préoccupé de qualité théâtrale que de lutte des classes.

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Écrit par

  • : professeur certifié de lettres modernes, D.E.A. d'études théâtrales, correspondante de la revue Opéra International

Classification

Pour citer cet article

Claude VAUGIER. FELSENSTEIN WALTER (1901-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Anneliese Rothenberger dans le rôle-titre de <it>Lulu</it> de Berg - crédits : D.R.

Anneliese Rothenberger dans le rôle-titre de Lulu de Berg

Autres références

  • FRIEDRICH GÖTZ (1930-2000)

    • Écrit par
    • 835 mots

    Tout en menant une importante carrière de metteur en scène marquée notamment par la « production du centenaire » de Parsifal au festival de Bayreuth en 1982, Götz Friedrich a fait de la Deutsche Oper de Berlin, dont il fut l'intendant général de 1981 à sa mort, l'une des principales scènes...

  • KOMISCHE OPER

    • Écrit par
    • 255 mots

    De création bien plus récente que les deux autres théâtres lyriques de Berlin – la Staatsoper et la Deutsche Oper –, la Komische Oper se trouvait, comme la Staatsoper, à Berlin-Est du temps de la R.D.A. La Komische Oper, où les œuvres sont exclusivement interprétées en allemand, fut inaugurée en...

  • SCÉNOGRAPHIE LYRIQUE

    • Écrit par et
    • 7 185 mots
    • 5 médias
    ...partagent la même éthique de la représentation lyrique, conçue comme un travail collectif, à l'opposé de tout star system, Wieland Wagner à Bayreuth et Walter Felsenstein au Komische Oper de Berlin-Est engagent la mise en scène d'opéra dans deux voies divergentes, celle d'un idéalisme inspiré du symbolisme...