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FRIEDRICH GÖTZ (1930-2000)

Tout en menant une importante carrière de metteur en scène marquée notamment par la « production du centenaire » de Parsifal au festival de Bayreuth en 1982, Götz Friedrich a fait de la Deutsche Oper de Berlin, dont il fut l'intendant général de 1981 à sa mort, l'une des principales scènes lyriques allemandes.

Né le 4 août 1930 à Naumburg (Saxe-Anhalt), Götz Friedrich étudie le théâtre à l'université de Weimar et devient en 1953 assistant de Walter Felsenstein à la Komische Oper de Berlin-Est que celui-ci dirige. Il signe sa première mise en scène à Weimar en 1958 (Così fan tutte de Mozart) et est engagé l'année suivante à la Komische Oper, où il est premier metteur en scène entre 1968 et 1972. Dès lors, il signe environ cinq nouvelles mises en scènes par an, d'abord dans les deux Allemagnes puis à l'échelon international. Il se forge une réputation de metteur en scène exigeant, réclamant de longues périodes de répétition et capable de retarder la première d'un spectacle qu'il ne juge pas suffisamment prêt. Pendant quelque temps, il est professeur à l'Académie Hanns-Eisler de Berlin-Est mais, en 1972, il choisit de passer à l'Ouest. Il fait alors ses débuts au festival de Hollande avec Falstaff de Verdi et au festival de Bayreuth avec Tannhäuser ; il reviendra à Bayreuth en 1979 pour Lohengrin et en 1982 pour Parsifal. En 1973, il monte Moses und Aron d'Arnold Schönberg à l'Opéra de Vienne, production qui est reprise en 1975 à la Scala de Milan. En 1974, il est invité au Covent Garden de Londres, où il propose une vision spectaculaire de la Tétralogie, transposée dans l'univers de la société industrielle moderne. De 1973 à 1980, il est premier metteur en scène à l'Opéra de Hambourg tout en occupant des fonctions analogues à Covent Garden (de 1976 à 1981). En 1981, il est nommé intendant général de la Deutsche Oper de Berlin-Ouest, poste qu'il aurait dû occuper jusqu'en juillet 2001. En 1982, il fait ses débuts américains au Houston Grand Opera avec une production de Wozzeck d'Alban Berg. En 1984, il est invité au festival de Salzbourg pour la création mondiale de l'action musicale de Luciano Berio Un Re in ascolto. Plácido Domingo fait appel à lui pour Otello de Verdi au Los Angeles Music Center Opera en 1986, l'une de ses rares apparitions dans le répertoire italien (avec Aïda et Falstaff de Verdi, Manon Lescaut et Turandot de Puccini). La France le découvre en 1980 au palais Garnier dans une mise en scène de Jenůfa de Leoš Janáček produite pour l'Opéra royal de Stockholm, puis, en 1988, dans Kátia Kabanová. En 1989, il revient à Covent Garden pour une nouvelle mise en scène de la Tétralogie, version remaniée de celle qu'il avait présentée auparavant à Berlin.

Au cours des années 1990, le metteur en scène s'efface derrière le directeur de théâtre, qui doit surmonter les problèmes de fonctionnement de son opéra, confronté à la concurrence issue de la réunification de l'Allemagne : celle de la Staatsoper Unter den Linden, dirigée par Daniel Barenboïm, et celle de son ancienne maison, la Komische Oper, dirigée par Harry Kupfer. Ironie du sort, cet ancien adepte du dogme marxiste lutte farouchement pour protéger ses acquis contre la concurrence des anciens théâtres de Berlin-Est. En 1998, il signe néanmoins une nouvelle production de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns au New Israeli Opera de Tel-Aviv. Il meurt à Berlin le 12 décembre 2000. Il avait épousé en secondes noces la soprano américaine Karan Armstrong, qui chantait souvent dans ses productions.

Les productions de Götz Friedrich reflètent son engagement politique, avec un fréquent parti pris de transposition propice à la critique sociale. Mais son sens du théâtre et la puissance dramatique de ses productions l'emportent toujours. En fidèle[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. FRIEDRICH GÖTZ (1930-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCÉNOGRAPHIE LYRIQUE

    • Écrit par Alain PERROUX, Alain SATGÉ
    • 7 185 mots
    • 5 médias
    ...retiendra les visions insolites et stimulantes de Peter Stein à Paris (L'Or du Rhin, 1976), de Ronconi et Pizzi à Milan, puis Florence (1974-1980) ; à Londres, Götz Friedrich utilise la machinerie de Svoboda, un plateau mobile, monté sur un vérin, pour faire traverser à la Tétralogie l'histoire...

Voir aussi