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TUMEURS ANIMALES

L'organisme d'un animal est en renouvellement continuel. Au cours de la croissance, les cellules de la plupart des tissus se multiplient et se différencient. Ces deux stades de l'organisation histologique se succèdent à court ou à long terme. C'est ainsi que dans le cas des cellules nerveuses la phase de multiplication cellulaire au niveau du neuroderme aboutit à un nombre limité de neurones embryonnaires qui subissent ensuite une très lente maturation et ne sont en aucun cas remplacés s'ils viennent à être détruits.

Au contraire, des tissus moins différenciés restent capables d'un remaniement pour ainsi dire permanent : cela se produit dans le tissu osseux et surtout dans les tissus épithéliaux et le tissu hémolymphatique.

Lorsque destruction et reconstruction se compensent statistiquement, l'organisme renferme une masse tissulaire active relativement constante. Cela implique l'existence de phénomènes, dits homéostasiques, contrôlant le renouvellement des tissus. Ce contrôle exercé par l'organisme apparaît notamment dans les phénomènes de réparation des brèches tissulaires grâce à la production d'éléments cicatriciels et dans la régénération des tissus amputés, ou hyperplasie régénératrice.

Les tissus nouveaux, ou tissus néoformés, remplissent alors plus ou moins parfaitement le rôle de ceux qu'ils remplacent. Mais le fait essentiel est que ce processus réparateur soit limité dans le temps et dans l'espace. On l'explique par la conjonction d'influences stimulatrices venant de diverses parties de l'organisme (tissus lésés, réactions neuro-endocriniennes) et d'influences inhibitrices naissant au sein du tissu rénové lui-même.

C'est l'échec de tels mécanismes régulateurs qui caractérise le phénomène tumoral. Il s'agit d'une prolifération tissulaire échappant aux contrôles que l'organisme met d'ordinaire en œuvre, ce qui se traduit par une croissance autonome et persistante du tissu.

Des degrés existent entre le normal et le pathologique, par exemple l'aspect tumoral ou plutôt pseudotumoral de quelques réactions inflammatoires : tandis que la plupart d'entre elles se caractérisent par des tuméfactions rouges et douloureuses qui se résorbent peu à peu, certaines sont durables et présentent un aspect pseudo-tumoral (par exemple, hyperplasie végétante de la tuberculose verruqueuse de la peau) tant qu'un traitement spécifique n'a pas été mis en œuvre. On distingue donc, dans ce cas, processus inflammatoire et processus tumoral, selon l'évolution des phénomènes tissulaires en cause.

D'autres exemples d'anomalies dans la régulation de l'histogenèse (et de l'organogenèse) pourraient encore être mis en parallèle avec la naissance de masses tumorales : ce sont les dysplasies, qui affectent le développement embryonnaire et déterminent malformations ou monstruosités, ce sont aussi certaines dystrophies, caractérisées par un accroissement tissulaire anormal (goitre, hypertrophie prostatique, glycogénoses).

Il est souvent difficile de distinguer nettement certaines des anomalies précédentes et les tumeurs bénignes. Mais ces dernières s'opposent radicalement, par leur potentiel évolutif, aux tumeurs malignes qui sont, en principe, mal limitées, envahissantes, susceptibles de migration (métastases) et destructrices des tissus normaux. La transformation maligne de tissus néoformés est le point de départ de la maladie cancéreuse. Il est donc capital de reconnaître et de discriminer les différentes formes de tumeurs humaines sur le plan de leur évolutivité : la contribution de R. Gérard-Marchant résume, sur ce point, l'essentiel des connaissances histopathologiques.

Il est utile de découvrir dans le règne animal des modèles qui permettent d'analyser certaines modalités du passage de la[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de médecine de l'université de Paris-Val-de-Marne
  • : chef du département d'anatomie pathologique de l'Institut Gustave-Roussy, Villejuif
  • : chef de service d'expérimentation animale à l'Institut Gustave-Roussy, Villejuif
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Jean-Charles FRIEDMANN, Rémi GÉRARD-MARCHANT et Charles GOSSE. TUMEURS ANIMALES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Métastases - crédits : B. Boyer, Institut Curie

Métastases

Papillomavirus : épithélium normal et lésions précancéreuses provoquées - crédits : Encyclopædia Universalis France

Papillomavirus : épithélium normal et lésions précancéreuses provoquées

Traitement numérique de l'image - crédits : M. Laval-Jeantet

Traitement numérique de l'image

Autres références

  • AMYLOSE

    • Écrit par Anne LAVERGNE-SLOVE
    • 670 mots
    • 1 média

    Depuis l'introduction par Virchow, en 1854, du terme « amyloïde », les connaissances étiologiques et biochimiques de cette substance, qui doit son nom à sa ressemblance avec l'amidon, ont beaucoup évolué.

    Le terme de maladie amyloïde, ou plus simplement d'amylose, regroupe en fait...

  • CANCER - Cancers et virus

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    • 5 660 mots
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    ...Peyton Rous en 1911 démontrent successivement le rôle du virus de la leucémie aviaire (ALV) et du virus du sarcome de Rous (SV) dans le développement de tumeurs chez le poulet ainsi que le caractère transmissible de ces agents. En 1936, John Bittner montre le rôle d'un virus (MMTV) dans la formation de...
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    Les cénuroses sont des parasitoses graves, liées au développement, chez les animaux herbivores et, exceptionnellement, chez l'homme, des larves dites cénures de ténias appartenant au genre Multiceps. Un cénure est une larve vésiculaire contenant plusieurs têtes de ténia (ou scolex)....

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Voir aussi