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DÉMONSTRATION THÉORIE DE LA

La théorie de la démonstration est la logique de la logique. En contraste avec d'autres sous-domaines tels que la théorie des modèles, les grandes questions qui ont tant passionné nos pères ont laissé une trace vivace dans cette discipline, qui s'occupe essentiellement (c'est là la définition technique de la théorie de la démonstration) de l'aspect syntaxique de la logique. Au début, grâce au programme de Hilbert, la théorie de la démonstration avait des visées claires et nettes ; mais, après l'échec du programme (1931), tout devint beaucoup moins simple. En particulier, plus question de répondre de manière simpliste aux grandes interrogations ontologiques sur la nature des mathématiques... Faute de pierre philosophale, la discipline aurait pu disparaître ; s'il n'en a rien été, c'est sans doute que l'étude générale des relations des objets finis aux objets infinis :

– dans la dénotation d'objets (infinis) par des constructions syntaxiques (finies),

– dans les preuves de propriétés d'objets (infinis) au moyen de démonstrations (finies), constitue, par-delà les querelles d'école et les tentatives éphémères du genre de celle que fit Hilbert, le véritable objet de la théorie.

Les avancées en théorie de la démonstration semblent liées à un progrès quant aux méthodes utilisées, plus précisément quant à leur complexité logique :

– Hilbert tenta d'élaborer une théorie élémentaire de la démonstration (« élémentaire » signifiant : de complexité logique nulle, cf. chap. 1) ;

– Gentzen a introduit les méthodes essentielles pour l'analyse des systèmes logiques finis (complexité logique Σ01 , cf. chap. 2) ;

– plus tard, on a considéré des logiques généralisées (infinies) ; la plus connue d'entre elles est la logique avec ω-règle (complexité logique Π11 , cf. chap. 3) ; mais de nouvelles logiques de plus grande complexité (Π12 , voire Π1n : cf. chap. 4) sont maintenant utilisées de manière intensive.

Cette question de complexité logique fait l'objet de nombreux contresens ; aussi importe-t-il de dire bien clairement en quoi elle intervient :

– individuellement, les objets considérés sont effectivement calculables, ils sont en pratique récursifs ; il en est de même des opérations définies sur ces objets ; par exemple les ω-démonstrations sont toujours récursives et peuvent être normalisées (par élimination des coupures) effectivement. On voit donc que, pour les objets, la complexité logique ne joue pas ;

– par contre, l'ensemble de tous les objets du genre considéré est logiquement complexe (l'ensemble des ω-démonstrations récursives est Π11 ; cette complexité logique intervient de manière décisive dans la démonstration du théorème d'élimination des coupures, à savoir que la fonction effective qui élimine les coupures remplit bien son rôle) ;

– dans la pratique, la complexité logique joue surtout un double rôle ; elle a un rôle « hygiénique » : assurer que tout se passe bien, que les opérations définies ont les propriétés attendues ; elle joue aussi un rôle de révélateur : voir des problèmes simples de manière inhabituelle ; le détour par des problèmes de très grande complexité logique peut permettre d'y voir clair dans des situations élémentaires embrouillées.

Une dernière mise en garde : ne pas croire que la complexité logique d'un problème soit un gage de profondeur...

Le programme de Hilbert

David Hilbert a proposé un programme de démonstration d'une opinion philosophique : le formalisme. La prétention de Hilbert à démontrer son point de vue a pour contrepartie évidente la possibilité de le réfuter ; la philosophie s'accommode rarement de conclusions aussi tranchées ! Même réfuté, le formalisme garde ses adeptes, notamment en France,[...]

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Pour citer cet article

Jean-Yves GIRARD. DÉMONSTRATION THÉORIE DE LA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Théorie de la démonstration - crédits : Encyclopædia Universalis France

Théorie de la démonstration

Autres références

  • GENTZEN GERHARD (1909-1945)

    • Écrit par Gabriel SABBAGH
    • 133 mots

    Logicien allemand, né à Greifswald et mort à Prague lors de son emprisonnement par les Soviétiques. Gentzen a développé l'étude des systèmes de déduction naturelle et établi un théorème d'élimination des coupures. Gerhard Gentzen a également donné une démonstration de consistance de l'arithmétique...

  • HERBRAND JACQUES (1908-1931)

    • Écrit par Gabriel SABBAGH
    • 87 mots

    Logicien et mathématicien français né à Paris et mort à Saint-Christophe-en-Oisans dans un accident de montagne. La brève carrière de Jacques Herbrand est marquée par sa démonstration, essentiellement correcte, d'un théorème central du calcul des prédicats du premier ordre, qui a...

  • HILBERT DAVID (1862-1943)

    • Écrit par Rüdiger INHETVEEN, Jean-Michel KANTOR, Christian THIEL
    • 14 726 mots
    • 1 média
    ...Hilbert s'est donné pour but de sauver la position classique de la mathématique et, en même temps, de forger de nouveaux outils permettant de donner une démonstration absolue de non-contradiction de l'arithmétique d'abord, puis de l'analyse. Il se proposa d'établir la non-contradiction absolue d'un système...
  • POST EMIL LEON (1897-1954)

    • Écrit par Bernard JAULIN
    • 622 mots

    Mathématicien américain né à Augustów (Pologne) et mort à New York. Arrivé aux États-Unis en 1904, Emil Post obtint son Ph.D. à l'université Columbia de New York en 1920. Il était membre de l'American Mathematical Society depuis 1918 et de l'Association for Symbolic Logic dès sa fondation...

Voir aussi