THÉÂTRE OCCIDENTAL La théâtralité
Théâtre et représentation
Première conséquence : la représentation est inscrite dans l'essence de l'œuvre théâtrale ; celle-ci n'existe réellement qu'au moment et dans le lieu où s'accomplit la métamorphose. La représentation n'est donc pas un supplément dont à la rigueur on pourrait se passer ; elle est une fin aux deux sens du mot : l'œuvre est faite pour être représentée ; là est sa finalité ; du même coup, la représentation marque un achèvement, le moment où enfin l'œuvre est pleinement elle-même. Si copieux que soit son texte, il n'est pourtant que la partition écrite d'une action en attente d'acteurs : c'est cette attente qui crée un style de théâtre, plus facile à sentir qu'à définir, ou, si l'on préfère, cette qualité que nous reconnaissons quand nous disons qu'un dialogue ou un monologue « passe la rampe ».
L'idée d'un théâtre injouable est donc contradictoire. Bien significatif est ce Spectacle dans un fauteuil auquel Alfred de Musset invitait ses lecteurs (1834). D'abord, la paradoxale formule faisait appel à leur imagination de spectateur possible en leur demandant de doubler la lecture d'un jeu imaginaire sur la scène d'une sorte de théâtre intérieur ; il s'agit d'entendre et de voir en lisant ; plus tard, parlant de son Théâtre en liberté(1886), Victor Hugo le dira destiné à « ce théâtre idéal que tout homme a dans l'esprit ». D'autre part, Musset ne voulait pas opposer un théâtre de bibliothèque au théâtre des théâtres : il constatait simplement que le public des théâtres n'était pas celui de son théâtre ; ses comédies attendraient donc dans un livre des temps meilleurs.
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Écrit par
- Henri GOUHIER : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à la Sorbonne, membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences morales et politiques
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Pour citer cet article
Henri GOUHIER, « THÉÂTRE OCCIDENTAL - La théâtralité », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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