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SYSTÉMISME

Une tradition d'inspiration cartésienne a longtemps réduit l'explication des phénomènes à l'analyse de leurs unités élémentaires. Le systémisme fait le pari, à l'inverse, qu'il n'y a d'intelligence possible du monde qu'à condition de saisir les relations que tissent entre elles les différentes parties des ensembles organisés.

De la cybernétique à la théorie générale des systèmes

L'approche systémique prend corps dans les années 1940 grâce aux travaux de cybernétique de Norbert Wiener. Elle bénéficie ensuite d'une formalisation décisive sous l'impulsion du biologiste Ludwig von Bertalanffy qui, en 1968, publie La Théorie générale des systèmes. En définissant les systèmes comme des « ensembles d'éléments en interaction », L. von Bertalanffy fonde une théorie générale qui embrasse large puisqu'elle concerne aussi bien la physique, la biologie, les mathématiques que les sciences de la communication ou encore celles de la société.

Dans son ouvrage, L. von Bertalanffy reproche à la physique conventionnelle de s'en tenir à l'analyse des systèmes clos. Or les organismes vivants sont pour l'essentiel des systèmes ouverts qui, grâce à des flux entrants (inputs) et sortants (outputs), entretiennent des relations d'échange avec leur environnement. L'intérêt d'une telle représentation est qu'elle vaut aussi bien pour la cellule organique que pour la société des hommes. Pour formaliser une telle dynamique, L. von Bertalanffy distingue plusieurs modèles. Il évoque ainsi cette tendance commune à de nombreux systèmes à tendre vers un même état final de stabilité en partant d'états originaux variés et en suivant des chemins qui ne le sont pas moins (modèle de l'équifinalité).

Un autre modèle permet de montrer que, passé un certain seuil critique, un système peut opter pour de nouveaux comportements adaptatifs. Mais le modèle qui a connu le plus beau succès en sciences sociales est celui de la rétroaction. Il est souvent illustré à l'aide de l'ensemble chaudière-radiateur-thermostat. Lorsque le but à atteindre (température souhaitée) diffère de l'output existant (température effective), le système détecte l'écart et envoie des instructions de manière à modifier les inputs dans le sens souhaité (augmentation ou diminution de l'activité de la chaudière).

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Écrit par

  • : professeur de sociologie au Conservatoire national des arts et métiers

Classification

Pour citer cet article

Michel LALLEMENT. SYSTÉMISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FONCTIONNALISME

    • Écrit par Michel LALLEMENT
    • 2 947 mots
    La seconde condition à la structuration des systèmes d'action est d'ordre proprement fonctionnel. Comme le montrent les sciences du vivant, tout système doit satisfaire un certain nombre de besoins élémentaires qui ont à voir avec son environnement et son organisation interne. Dans les Working Papers...
  • FONCTIONNALISME, géographie

    • Écrit par Régis KEERLE
    • 1 247 mots

    L'idée de fonction, empruntée à la physiologie, et sa mise en doctrine(s) sous la forme du fonctionnalisme n'appartiennent pas en propre à la géographie. Dans les approches fonctionnalistes qui se sont développées au xxe siècle en sciences humaines et sociales à partir notamment des...

  • FONCTION SOCIALE

    • Écrit par Claude JAVEAU
    • 1 345 mots
    ...fonctionnaliste des ordres sociaux est celui du sociologue américain Talcott Parsons (1902-1979), qui lui a donné le nom de structuro-fonctionnalisme. S'il doit survivre, un système social doit reposer sur quatre prérequis fonctionnels, à savoir : l'adaptation à l'environnement physique ; la capacité...
  • INSTITUTION

    • Écrit par Delphine DULONG
    • 1 614 mots
    Faut-il alors en déduire que les institutions constitueraient finalement des paramètres neutres dans le jeu des acteurs ? C'est ce qu'affirmel'analyse systémique (Karl Deutch et David Easton). Dans cette perspective, les institutions gouvernementales sont conçues comme une sorte de réseau central...

Voir aussi