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PARENTÉ SYSTÈMES DE

En français, le mot « parenté », d'après Littré, peut avoir deux sens différents : il désigne, d'une part, la consanguinité, d'autre part, « collectivement, tous les parents et alliés d'une même personne ».

En anthropologie sociale, l'étude de la parenté vise essentiellement les phénomènes sociaux qui marquent les relations de consanguinité aussi bien que d'affinité (ce qui veut dire alliance, mariage). Mais la consanguinité ne saurait avoir le sens restreint que lui donne le Code civil, pour qui les seuls parents en ligne paternelle sont des consanguins ; elle s'oppose ici à l'affinité. Les consanguins sont tous les parents qui ne sont pas des alliés. Cette définition est conforme à l'usage international ainsi qu'au droit canon.

Si les relations d'affinité, c'est-à-dire d' alliance, sont par définition des relations socialement reconnues, les relations de consanguinité peuvent être purement biologiques ou au contraire simplement sociologiques. L'anthropologie sociale entend par consanguinité non pas un fait biologique, mais une relation socialement reconnue. Il en est ainsi, par exemple, de l'adoption qui substitue une parenté sociale à une parenté biologique ou réputée telle. Les relations de parenté font donc référence à l'ensemble des phénomènes sociaux et culturels d'une ou de plusieurs sociétés. Mais quelle est la nature exacte de la parenté ? Certains, comme John Beattie, ont pensé qu'elle pouvait être une forme avec pour contenu la politique et l'économie ; la parenté ne serait alors qu'un langage. Mais s'agit-il d'un langage propre à la société étudiée et qui lui suffit à exprimer la réalité sociale de « sa » parenté ? Ou bien faut-il y adjoindre aussi le langage de l'observateur qui analyse cette même réalité ? Plus avant, il convient de se demander comment penser entre eux les systèmes de parenté.

Fondements de la parenté

On peut affirmer que les systèmes de parenté n'ont pas le même rôle dans toutes les sociétés : pour certaines, la parenté semble le principe fondamental qui commande l'ensemble des relations sociales ; pour d'autres, au contraire, comme pour la société occidentale, la parenté voit son rôle réduit à fort peu de chose. Si, pour C. Lévi-Strauss, « le système de parenté est un langage, ce n'est pas un langage universel [...]. En présence d'une culture déterminée, une question se pose toujours : est-ce que le système est systématique ? » L. H.  Morgan avait le premier dégagé la notion de système de parenté, mais l'anthropologie ne peut encore répondre de son exacte signification pour chacune des sociétés qu'elle étudie. Pour A. R.  Radcliffe-Brown, « l'hypothèse explicite est qu'entre les différents traits d'un système de parenté particulier il y a une relation complexe d'interdépendance ». Tel est bien le but de l'analyse d'un système de parenté : faire apparaître la cohérence des relations entre les divers traits dégagés. Mais à cette cohérence interne au système s'ajoute le problème des relations que ce dernier entretient avec les autres systèmes de la société globale. C'est finalement à l'organisation de la société tout entière que se réfère tout système de parenté. Faut-il donc affirmer que la comparaison n'est possible qu'entre sociétés globales, comme le soutient E. E. Evans-Pritchard ? Ou bien, au contraire, peut-on comparer des systèmes, inscrits chacun dans des sociétés différentes ? Cette démarche implique de la part de l'anthropologue qu'il s'appuie sur un découpage a priori des phénomènes sociaux. Les difficultés sont immenses puisqu'on peut penser avec Lévi-Strauss qu'« un système de parenté ne consiste pas dans des liens objectifs de filiation ou de consanguinité donnés entre les individus ; il n'existe que dans la conscience des hommes,[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Médias

Cousins parallèles et croisés - crédits : Encyclopædia Universalis France

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