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SÉNÉGAL

Nom officiel

République du Sénégal (SN)

    Chef de l'État

    Macky Sall (depuis le 2 avril 2012)

      Chef du gouvernement

      Amadou Ba (depuis le 17 septembre 2022)

        Capitale

        Dakar

          Langue officielle

          Français

            Unité monétaire

            Franc CFA

              Population (estim.) 18 504 000 (2024)
                Superficie 196 712 km²

                  Le Sénégal depuis l'indépendance

                  L'hégémonie de Senghor : la stabilité sans le développement

                  Prônant un socialisme modéré « africain », fondamentalement pro-français, Senghor va, en contrôlant étroitement l'arène politique, garantir au pays une vraie stabilité politique ; il bénéficie pour cela de l'appui de la France, avec laquelle il a signé des accords de défense et qui dispose d'une base militaire importante à Dakar, ainsi que de l'alliance qui avait été passée entre l'État colonial et les califes des confréries musulmanes. Prisonnier des structures d'une économie rentière établie à l'époque coloniale, Senghor est incapable d'en assurer l'évolution.

                  Léopold Sédar Senghor, 1949 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

                  Léopold Sédar Senghor, 1949

                  La Fédération du Mali explose trois mois après la proclamation de l'indépendance en juin 1960, du fait des désaccords politiques et personnels entre Senghor et son homologue soudanais, Modibo Keïta, plus radical et moins proche de la France. Le Sénégal proclame alors son indépendance le 20 août 1960 et se donne une nouvelle Constitution, de type parlementaire. Deux ans plus tard, les tensions montent cette fois entre le président Senghor et le chef du gouvernement Mamadou Dia, plus ancré à gauche. En décembre 1962, dénonçant une tentative de coup d'État, Senghor fait emprisonner Dia – il sera libéré en 1974. En avril 1963, une nouvelle Constitution est adoptée, qui supprime le poste de Premier ministre et établit un régime présidentiel. Senghor parvient progressivement à mettre la gauche au pas. Une timide tentative de guérilla communiste, menée par le Parti africain de l'indépendance (PAI), pro-soviétique, est étouffée dans l'œuf au Sénégal oriental en 1965. Soumis à une très forte pression, le PRA-S intègre, en 1966, le parti senghorien, entre-temps renommé Union progressiste sénégalaise (UPS), qui devient parti unique de fait.

                  Cette fermeture politique n'empêche pas la montée des tensions. En 1968, Dakar est secoué par une vive contestation étudiante et syndicale. Les ambitieux projets de l'État pour le développement agricole, touristique et industriel ne se concrétisent pas. De plus, la croissance démographique forte et la crise de la production agricole, qui résulte de la baisse des cours mondiaux et de l'érosion du soutien français à la filière arachidière, aggravent les difficultés d'un État clientéliste qui utilise les rentes agricoles pour influencer les groupes stratégiques – marabouts et élites urbaines. En 1979, le Sénégal est contraint d'entamer des négociations avec les institutions de Bretton Woods pour un plan d'ajustement structurel. Pour faire baisser la pression politique, Senghor joue la carte d'une ouverture limitée : l'UPS, qui deviendra Parti socialiste (PS) en 1976, perd son monopole politique avec la création, en 1974, par le juriste Abdoulaye Wade, du Parti démocratique sénégalais (PDS), qui se veut un parti de contribution plus que d'opposition. En 1976, une nouvelle réforme constitutionnelle autorise officiellement un parti supplémentaire, représentant la gauche marxiste : le PAI sort alors de la clandestinité. Sous la pression de jeunes bureaucrates, menés par Jean Collin, ancien administrateur colonial français devenu citoyen sénégalais, Senghor décide de quitter le pouvoir le 31 décembre 1980. Il est remplacé par Abdou Diouf, qui était son Premier ministre depuis la réforme constitutionnelle de 1970 qui avait restauré cette fonction.

                  Abdou Diouf : la crise continue

                  Abdou Diouf et Bill Clinton à Dakar, 1998 - crédits : Cynthia Johnson/ The LIFE Images Collection/ Getty Images

                  Abdou Diouf et Bill Clinton à Dakar, 1998

                  La prise de pouvoir de Diouf ne se fait pas sans mal : jeune technocrate sans base au sein du PS, il va devoir faire face à l'opposition de ses aînés, les « barons » du parti. Il s'assure d'abord du retrait définitif de Senghor, qui envisageait de rester à la tête du PS, puis autorise le multipartisme et la liberté de la presse. Si le PDS remporte[...]

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                  Écrit par

                  • : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
                  • : docteur en science politique, analyste à l'International Crisis Group
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  François BOST, Universalis et Vincent FOUCHER. SÉNÉGAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Sénégal : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Sénégal : carte physique

                  Sénégal : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Sénégal : drapeau

                  Delta du Sine-Saloum, Sénégal - crédits : Curioso Photography/ Shutterstock

                  Delta du Sine-Saloum, Sénégal

                  Autres références

                  • SÉNÉGAL, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

                    • Écrit par Roland POURTIER
                    • 21 496 mots
                    • 29 médias
                    ...symbolisa le « caoutchouc rouge », les activités de cueillette firent place à l'agriculture d'exportation. L'arachide, encouragée dès les années 1840 au Sénégal, puis le coton se développèrent comme culture de rente dans les pays de savane. Les paysanneries, après avoir tenté de s'opposer à la « culture...
                  • AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (AOF)

                    • Écrit par Alfred FIERRO
                    • 815 mots
                    • 2 médias

                    Créée par un décret du 16 juin 1895, sous la direction d'un gouverneur général, l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) répond à la nécessité de coordonner sous une autorité unique la pénétration française à l'intérieur du continent africain. L'A.-O.F. est, à l'origine, constituée des...

                  • ALPHABÉTISATION

                    • Écrit par Béatrice FRAENKEL, Léon GANI, Aïssatou MBODJ
                    • 8 963 mots
                    ...de vue quantitatif que d'un point de vue fonctionnel. À ces différences linguistiques s'ajoutent des situations « graphiques » particulières. Ainsi, le Sénégal présente un cas de figure que l'on retrouve dans de nombreux pays africains. Le français est la seule langue officielle bien qu'elle ne soit la...
                  • AMADOU (1944- )

                    • Écrit par Philippe BOUCHET
                    • 772 mots

                    Né en 1944 à Agniam Thiodaye (Sénégal), Amadou Bâ, élève de Pierre Lods (1921-1988), vit et travaille à Dakar. Sa peinture, pleinement nourrie par la tradition et que l'on pourrait qualifier de « classique » par les sujets traités – bœufs en forme de lyre, pasteurs, bateaux à fond plat sur...

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                  Voir aussi