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LAFARO SCOTT (1936-1961)

À l'instar de ses pairs Jimmy Blanton ou Paul Chambers, le contrebassiste américain de jazz Scott LaFaro s'affirme dès son plus jeune âge comme une personnalité hors du commun. En très peu de temps – le destin ne lui en accordera pas beaucoup –, il va imposer un style reconnaissable entre mille et parachever les conquêtes de Blanton – émancipateur de son instrument –, et de Charlie Mingus, défricheur de terres musicales inconnues. Avec LaFaro, la contrebasse déserte véritablement la section rythmique et ses tâches fondamentales pour se mêler sans complexes aux échanges des instruments mélodiques. L'accompagnement prend la forme d'une libre conversation avec le soliste qu'il sait relancer un peu à la manière d'un batteur. Ce jeu libertaire suppose une prodigieuse maîtrise instrumentale, des connaissances harmoniques poussées et une sûreté rythmique à toute épreuve. Doté d'une sonorité somptueuse, d'une fulgurante vélocité et d'un profond sens mélodique, Scott LaFaro peut se permettre toutes les audaces. Comme celle de se monter aussi à l'aise dans les folles aventures du free jazz que dans les délicats sortilèges que tisse Bill Evans.

Rocco Scott LaFaro naît à Newark (New Jersey) le 3 avril 1936 ; sa famille s'établit à Geneva (New York) en 1941. Fils d'un violoniste, il apprend d'abord le piano, puis la clarinette et le saxophone ténor. Il n'adoptera la contrebasse qu'en 1953, après avoir été enthousiasmé par une prestation du bassiste Leroy Vinnegar. Au printemps de 1955, il entame des études au conservatoire d'Ithaca (New York) et commence à se produire dans diverses formations. Le tromboniste Buddy Morrow lui offre à l'automne de 1955 son premier engagement professionnel dans un orchestre. LaFaro le quitte en septembre 1956 lors d'une tournée à Los Angeles pour intégrer le groupe du trompettiste Chet Baker, avec lequel il joue jusqu'en mai 1957. Il se rend ensuite à Chicago, où il se produit avec le poly-instrumentiste Ira Sullivan et le pianiste Pat Moran (1957). En 1958, il choisit la côte ouest des États-Unis et devient à San Francisco le partenaire des saxophonistes Sonny Rollins et Harold Land ; il accompagne le guitariste Barney Kessel et joue au sein d'un groupe qui se produit au célèbre Lighthouse Cafe d'Hermosa Beach, près de Los Angeles. Il devient le partenaire des saxophonistes Stan Getz et Herb Geller, du clarinettiste Buddy DeFranco, du pianiste Hampton Hawes. Stan Kenton recourt également à ses services.

En avril 1959, Scott LaFaro s'établit à New York ; il effectue des tournées avec Benny Goodman et anime son propre trio. Pendant deux ans, de décembre 1959 à sa mort, en 1961, il fait partie, au côté du batteur Paul Motian, du trio du pianiste Bill Evans, qui demeure un modèle. Ce sera l'un des sommets de sa trop courte carrière, marqué par les prestigieux albums Portrait in Jazz (28 décembre 1959), Explorations (2 février 1961), Sunday at the Village Vanguard (25 juin 1961), Waltz for Debby (25 juin 1961). En 1960, il est recruté par Gunther Schuller pour défendre les œuvres concertantes de ce dernier ; il côtoie alors Eric Dolphy et Ornette Coleman (Jazz Abstractions, 19 et 20 décembre 1960). Il participe le 21 décembre 1960, à New York, à l'enregistrement de l'album historique et incendiaire Free Jazz. A Collective Improvisation by the Ornette Coleman Double Quartet, que signe Ornette Coleman (saxophone alto) avec Don Cherry (trompette et cornet), Freddie Hubbard (trompette), Eric Dolphy (flûte, clarinette basse et saxophone soprano), Charlie Haden (contrebasse), Billy Higgins et Ed Blackwell (percussions). Coleman l'appelle aussi pour remplacer Charlie Haden dans son quartette (Ornette !, 31 janvier 1961, avec Don Cherry et Ed Blackwell). Au tout début de juillet 1961, il se produit[...]

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Pierre BRETON. LAFARO SCOTT (1936-1961) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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