Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SAFAVIDES ou SÉFÉVIDES ou SAFAWIDES

Vie socio-économique et culturelle

Bien qu'ayant conservé des habitudes nomades, les Safavides encouragent le développement de la vie sédentaire (agriculture, commerce, artisanat) ; les tribus se confédèrent (Bakhtiyārī, Qashqay). Dans les villes, au factionnalisme entre rites sunnites se substituent les luttes de factions shī‘ites regroupées en organisations corporatives. Une dichotomie existe entre shī‘ites et sunnites, et les minorités qui ont tant contribué à la grandeur de la dynastie sont de plus en plus persécutées. Cette société disparate est en partie unifiée dans ses comportements (interprétés par certains comme l'expression de la renaissance d'un sentiment iranien national et racial). La montée des Safavides coïncide avec la découverte de la route du Cap. Au xvie siècle, les Portugais monopolisent le commerce dans le golfe Persique. Au xviie siècle, Anglais et Hollandais établissent en Perse fabriques et comptoirs commerçant avec l'Europe et l'Inde. Continuateurs de la politique étrangère des Moutons-Blancs, les Safavides reçoivent non seulement d'Europe mais aussi d'Orient des ambassades de plus en plus nombreuses. Inaugurées sous ‘Abbās Ier, les relations franco-persanes amènent l'établissement de missions (Capucins, Carmes, Jésuites). Malgré l'échange d'ambassades et la signature de deux traités, la tentative d'implantation de la Compagnie des Indes orientales est un échec. C'est néanmoins aux voyageurs français que l'on doit les meilleures descriptions de la Perse au xviie siècle.

L'opinion associant la période safavide à une renaissance culturelle iranienne culminant sous ‘Abbās Ier est à réviser ; l'Europe influence de plus en plus cette culture en déclin et la littérature classique brille surtout en Inde où l'arrivée de poètes persans avec les troupes envoyées par Ṭahmāsp Ier pour restaurer le fugitif Humāyūn est une vraie invasion culturelle. Mais, si ces rois turcophones négligent les belles-lettres et encouragent la composition de traités shī‘ites en arabe, ils favorisent aussi l'éclosion d'une littérature de caractère populaire. Hors du cadre de la théologie officielle, l'école d'Ispahan opère un renouveau en théosophie shī‘ite. Parmi les productions de prestige, l'architecture, la peinture et l'art du tapis gardent leur éclat. La tourmente de l'invasion afghane brisa la brillante enveloppe de cette civilisation et jeta la société iranienne dans une profonde décadence ; le xviiie siècle, si fécond en Europe, est la période la plus sombre de l'histoire culturelle de l'Iran.

— Jean CALMARD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jean CALMARD. SAFAVIDES ou SÉFÉVIDES ou SAFAWIDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Amasya - crédits : Huseyin Atilla/ Moment/ Getty Images

Amasya

Autres références

  • ARCHITECTURE SÉFÉVIDE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 443 mots

    1501 Shāh Isma'il prend le pouvoir en Azerbaïdjan et fonde la dynastie séfévide, qui prétend descendre de Shaykh Safī al-Dīn (1234-1252), fondateur d'un ordre de derviches à Ardabil. La nouvelle dynastie appartient au shī'isme duodécimain qui devient dès lors religion d'État et qui contribue à créer...

  • BAYÉZID ou BAJAZET II (1447-1512) sultan ottoman (1481-1512)

    • Écrit par Universalis, V. J. PARRY
    • 701 mots

    Sultan ottoman né vers 1447 à Demotika (auj. Dhidhimotikhon) en Thrace, mort le 26 mai 1512 à Demotika.

    Fils aîné du sultan Mehmed II, Bayézid II, surnommé Adlī (« le Juste »), règne de 1481 à 1512. À la mort de son père en 1481, son frère Djem conteste la succession au trône mais ...

  • CHIISME ou SHĪ‘ISME

    • Écrit par Henry CORBIN, Yann RICHARD
    • 9 396 mots
    • 2 médias
    ...iranienne antérieure, isolée dans quelques villes et semi-clandestine, n'était pas assez forte pour donner aux groupes extrémistes qui considéraient les Safavides comme des chefs charismatiques (mahdī) le contrepoids institutionnel qui assurât la pérennité du nouveau royaume. Des ulémas shī‘ites originaires...
  • IRAN - Société et cultures

    • Écrit par Christian BROMBERGER
    • 8 898 mots
    • 3 médias
    ...d'attitudes divergentes, voire contradictoires, selon les périodes, les dynasties, les écoles théologiques ou encore selon les différentes tendances du clergé. Les premiers souverains de la grande dynastie safavide (1501-1722) légitimèrent leur pouvoir en se prétendant les descendants de la lignée imamite fondatrice...
  • ISLAM (La civilisation islamique) - L'art et l'architecture

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 16 014 mots
    • 18 médias
    Dans l'anarchie qui régnait en Iran à la fin du xve siècle, une dynastie locale, les Séfévides, issue d'un ordre de derviches du nord-ouest du pays, réussit à imposer son autorité et à refaire, sous la bannière du chiisme, l'unité du pays qui connut ses heures de plus grande gloire...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi