RWANDA
Nom officiel | République rwandaise (RW) |
Chef de l'État et du gouvernement | Paul Kagame (depuis le 24 mars 2000). Premier ministre : Edouard Ngirente (depuis le 30 août 2017) |
Capitale | Kigali |
Langues officielles | Anglais, français, kinyarwanda, swahili |
Unité monétaire | Franc rwandais (RWF) |
Population (estim.) |
13 833 000 (2024) |
Superficie |
26 338 km²
|
L'évolution politique depuis l'indépendance
De la « Révolution sociale » (1959-1961) au génocide (1994)
En novembre 1959, la Belgique met en route un processus d'autonomie interne. Mais la tension est montée au Rwanda depuis la mort subite de Mutara, en juillet précédent : un nouveau mwami, Kigeri Ndahindurwa, a été intronisé par les milieux les plus traditionalistes ; des partis politiques sont nés : le Parmehutu (Parti du mouvement de l'émancipation des Hutu) et l'Aprosoma (Association pour la promotion sociale de la masse) d'un côté, l'Unar (Union nationale rwandaise) et le Rader (Rassemblement démocratique rwandais) de l'autre ; à la Toussaint, des émeutiers coordonnés par le Parmehutu brûlent des milliers d'enclos tutsi ; en rétorsion, des jeunes proches de l'Unar assassinent des militants hutu.
Le pays est placé sous un régime militaire, géré par le colonel Guy Logiest, nommé résident spécial. Il remplace la moitié des autorités locales tutsi par des Hutu et organise les élections communales de juin 1960, qui donnent une majorité écrasante au Parmehutu. Le 28 janvier 1961, à Gitarama (au centre du pays), Grégoire Kayibanda, chef du gouvernement autonome créé en octobre 1960, fait proclamer la République par les nouveaux bourgmestres élus. Le mwami s'enfuit. Les élections législatives et le référendum de septembre 1961 entérinent le changement de régime et la prise de pouvoir du Parmehutu, avant même l'indépendance, qui intervient en juillet 1962, avec l'accord de l'ONU. La « démocratie du menu peuple » instaurée est celle des « 85 % de Hutu ».
Près de la moitié des Tutsi (environ 150 000) ont fui dans les pays voisins pour échapper aux violences. La mention de leur « ethnie » étant spécifiée sur leurs papiers d'identité, ceux qui sont restés dans le pays deviennent les boucs émissaires à chaque difficulté du régime. À la Noël de 1963, une attaque de réfugiés, qualifiés de cafards (inyenzi), dans le sud-est du pays, déclenche des milliers de morts en représailles, notamment dans la préfecture de Gikongoro. Dès cette époque, des observateurs parlent de « génocide » et le président Kayibanda menace la « race tutsi » de « fin totale et précipitée ». En février 1973, une nouvelle chasse aux sorcières conduit à l'épuration des administrations et des écoles et provoque une nouvelle vague de réfugiés tutsi.
En juillet suivant, un coup d'État militaire porte au pouvoir le général Juvénal Habyarimana. Des « nordistes » de Gisenyi et de Ruhengeri remplacent les leaders de Gitarama. Le MRND (Mouvement révolutionnaire national pour la démocratie), créé en 1975, devient en 1978 le parti unique, dans le cadre de la Constitution de la IIe République. Le régime insiste sur le développement rural et, considéré comme honnête et « modéré », il bénéficie de nombreuses aides étrangères, publiques et privées. Il a le soutien de l'Église, il met en scène des apparitions mariales à Kibeho en 1981-1983 et l'archevêque de Kigali, Vincent Nsengiyumva, fait partie du comité central du parti.
Mais la société change : le Rwanda devient un carrefour commercial entre le Congo et l'Est africain, le réseau routier s'étoffe, les affaires se développent, Kigali connaît un essor remarquable, les nouvelles élites adhèrent moins aux vieux schémas raciaux, notamment dans le sud du pays, où les relations de toutes sortes entre Hutu et Tutsi sont nombreuses. Pourtant, la propagande officielle entretient la logique ethniste et un système de quota limite à 9 % (taux officiel de leur part dans la population) l'accès des Tutsi aux écoles et aux emplois.
Ce décalage entre la société et le régime éclate à la fin des années 1980, alors que le pays est frappé par une crise économique. La contestation[...]
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Écrit par
- François BART : professeur à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
- Jean-Pierre CHRÉTIEN : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
- Marcel KABANDA : consultant à l'U.N.E.S.C.O.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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