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RUSSIE (Le territoire et les hommes) Géographie

Capitale Moscou
Langue officielle Russe
Population 143 826 130 habitants (2023)
    Superficie 17 098 250 km²

      Article modifié le

      En 1985, Mikhaïl Gorbatchev engageait l'U.R.S.S. dans la perestroïka, nouvelle politique qui se transforma bien vite en séisme géopolitique pour le continent européen.

      Après l'effondrement des démocraties populaires en 1989, l'implosion de l'U.R.S.S. en 1991 laissait la place à quinze républiques indépendantes, dont la Russie qui bien que ramenée, à l'ouest, à ses frontières du début du xviie siècle, demeure néanmoins le plus vaste État du monde (17 075 400 km2).

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      Premier président de la Russie, Boris Eltsine engagea cette nouvelle fédération sur la voie du capitalisme, ce qui supposait la refonte de son économie. On assista, en fait, à l'effondrement brutal du système productif soviétique. Après une décennie de crise, un renouveau se manifeste, quoique inégalement, dans différents secteurs de l'économie, mais des pesanteurs subsistent dans les structures et les mentalités ; et la Russie doit toujours composer avec un milieu naturel à la fois démesuré et rigoureux.

      Le poids du milieu

      Avantages et contraintes de l'immensité

      De Kaliningrad au détroit de Béring, la Russie s'étend sur 10 000 kilomètres ; des îles Severnaïa Zemlia (îles de la Terre du Nord) à la frontière chinoise, sur 3 500 kilomètres. Une telle étendue multiplie les ressources minières, mais de telles distances ne peuvent qu'en contrarier la mise en valeur.

      À l'ouest, la plate-forme russe alterne vastes dépressions (100 à 200 m d'altitude) et immenses plateaux, culminant entre 300 et 400 mètres. Les différences d'altitude y ont été réduites par les grands glaciers quaternaires qui ont recouvert de moraines toute sa moitié nord. Leur fonte, il y a quelques dizaines de milliers d'années, a laissé une topographie confuse de collines mal drainées, entre lesquelles prolifèrent plans d'eau, marais, tourbières. Au sud du front des glaciers, les vents violents ont accumulé des sédiments éoliens, les lœss.

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      La plate-forme russe, ensemble sédimentaire, offre peu de ressources minérales. Le charbon y est exploité, car il est situé dans la partie utile du pays, mais les gisements présentent de sérieux handicaps : la houille de la Petchora, de bonne qualité, se trouve au-delà du cercle polaire et la partie russe du Donbass, exploitée depuis un siècle, n'offre plus les meilleures qualités de charbon. Les hydrocarbures du soubassement primaire ont été exploités à partir des années 1950, le long de la Volga et de la Kama (gisement appelé le « Second Bakou »). La partie nord produit encore de grandes quantités de pétrole, la partie sud produisant plutôt du gaz (Orenbourg, Astrakhan). La principale ressource minérale de la plate-forme russe est le fer. Un énorme gisement de fer à haute teneur situé près de la surface grâce à un bombement du socle, constitue l' anomalie magnétique de Koursk (A.M.K.), près de la frontière ukrainienne.

      La plate-forme russe est ceinturée par un amphithéâtre de reliefs. Au nord, la partie russe du bouclier scandinave, qui s'élève à 1 190 mètres dans la presqu'île de Kola, renferme quelques minerais exploités (fer, apatite) ou en cours de mise en valeur (platine en Kola, diamants près d’Arkhangelsk). De gigantesques gisements de gaz offshore ont été identifiés en mer de Barents, entre la Nouvelle-Zemble et le Spitzberg. L'exploitation de ces réserves (plus de 10 000 milliards de m3) devra affronter des conditions extrêmes du pôle Nord, loin de toute terre habitée.

      À l'est, la chaîne de l'Oural allonge un mince cordon méridien de crêtes parallèles peu élevées (1 900 m au nord, 1 600 au sud). Avec ses cols bas et élargis par l'érosion, l'Oural n'a jamais constitué une barrière. Depuis Pierre le Grand, c’est un véritable coffre-fort métallifère. Toutefois, aujourd'hui, hormis pour le vanadium et l'amiante, l'Oural n'occupe plus qu'une position secondaire dans l’exploitation de quelques productions minérales (cuivre, fer, bauxite).

      Station de ski dans le Dombaï - crédits : Efimova Anna/ Shutterstock

      Station de ski dans le Dombaï

      Au sud, le plissement alpin a érigé la chaîne du Caucase, sur laquelle s'appuie la frontière russe. Là se trouve le point culminant du pays, l'Elbrouz (5 642 m). L'avant-pays caucasien est semé de poches de pétrole et de gaz, dont l'importance décline.

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      Au-delà de l'Oural s'étend la plaine de Sibérie occidentale, immense cuvette effondrée. L'eau y est omniprésente : les marécages couvrent 60 p. 100 de la surface. Au printemps, la masse de neige accumulée sur le bassin (1,5 million de kilomètres carrés) fond rapidement et afflue vers les cours d'eau, mais si la fonte s'engage dès le 15 avril au sud, l'embouchure de l'Ob, au nord, reste gelée jusqu'en juin, entravant l'évacuation de l'eau. Le ressuyage de la plaine de Sibérie occidentale s'effectue durant l'été, très lentement, la pente de l'Ob étant très faible : à 2 600 kilomètres de la mer, le fleuve n'est qu'à 27 mètres d'altitude. Dans cette région, la circulation n'est aisée qu'en hiver, lorsque le gel assure un sol stable. Malgré ces conditions difficiles, la Sibérie occidentale est devenue la première source d'hydrocarbures du pays, sous le nom de « Troisième Bakou ». La mise en valeur a commencé, dans les années 1980, par l'exploitation du pétrole dans la partie moyenne de l'Ob. Plus au nord, sur le cercle polaire, les gisements de gaz assurent l'essentiel de la production du pays. Pour suppléer à leur déclin annoncé, l'exploitation va devoir se porter encore plus au nord, dans la presqu'île de Iamal (10 000 milliards de m3 de réserves estimées) et offshore, en mer de Kara (réserves estimées à plus de 5 000 milliards de m3).

      Ienisseï - crédits : M. Iijima/ Ardea Londres

      Ienisseï

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      Entre les fleuves Ienisseï et Lena s'étend la plate-forme de Sibérie centrale. Ses plateaux étagés, disséqués par des vallées en gorge, offrent de bons sites hydroélectriques. La couverture sédimentaire primaire recèle d'importantes réserves charbonnières, qui ne sont exploitées que dans le Sud (houille d'Irkoutsk, lignite du bassin de Kansk-Atchinsk). Les intrusions ou affleurements de socle sont à l'origine de sites miniers isolés, mais vitaux : le plateau de Iakoutie fournit la totalité des diamants du pays (la Russie en est le 3e producteur mondial au début du xxie siècle), le gisement polymétallique de Norilsk fournit du cuivre, mais surtout, à lui seul, place la Russie parmi les quatre premiers producteurs mondiaux de nickel, de platine, de rhodium, de cobalt et de palladium.

      Volcans au Kamchatka, Russie - crédits : Yuri Smityuk/ TASS/ Getty Images

      Volcans au Kamchatka, Russie

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      De l'Altaï au détroit de Béring s'étend une écharpe montagneuse de structure complexe. À l'ouest, il s'agit de massifs soulevés en bloc, les monts Altaï et Saïan. C'est sur le piémont septentrional de ce dernier que se trouve le bassin du Kouzbass qui est le pilier de la production charbonnière russe. Des chaînes de montagnes issues de plissements anciens s'étendent au-delà du lac Baïkal (monts Iablonov et Stanovoï, Sikhote-Alin) et au-delà de la Lena (monts Verkhoïansk et Tcherski). Elles sont de plus en plus inhabitées à mesure qu'on va vers l'est ou vers le nord. À l’exception du gisement charbonnier de Nierioungri, l'exploitation des ressources du sous-sol est limitée à l'extraction des métaux précieux (or). Sur le littoral pacifique, la presqu'île du Kamtchatka, les îles Kouriles et Sakhaline, qui font partie de la « ceinture de feu » du Pacifique, introduisent un paysage volcanique unique en Russie. Au large de Sakhaline, l'exploitation des vastes gisements offshore de gaz et de pétrole, largement financée par des capitaux étrangers, a débuté en 2007.

      Les contraintes de la continentalité

      La continentalité marque climat et végétation de plus en plus durement à mesure qu'on va vers l'est, c'est-à-dire qu'on s'éloigne de l'Atlantique. En effet, dans l'hémisphère Nord, la circulation atmosphérique, vecteur des transferts d'énergie et d'humidité, se fait d'ouest en est.

      Pour l'essentiel, la Russie se situe au nord du 50e parallèle, celui de Vancouver et de Terre-Neuve. Cette position très septentrionale explique largement l'emprise du froid sur le pays, et plus on va vers l'est, plus la possibilité d'advection d'air maritime, de nature à atténuer la rigueur des températures, se fait rare ; le froid de l'hiver s'accuse donc. Ainsi, si Moscou, à l'ouest, connaît cinq mois sur douze à température négative, Iakoutsk, à l'est, en connaît huit. Si la température moyenne de janvier à Moscou est de — 11 0C, elle est de — 43,6 0C à Iakoutsk. À l'est de cette ville, à Oïmiakon, a été relevée la température la plus basse jamais enregistrée dans l'hémisphère Nord, — 78 0C.

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      Les faibles précipitations d'hiver tombent sous forme de neige. Celle-ci couvre l'essentiel du pays pendant plusieurs mois, mais l'épaisseur du manteau n'est pas suffisante pour protéger le sol contre la morsure du froid. Toutes les régions de Russie situées à l'est de l'Ienisseï et une frange septentrionale de sa partie ouest entrent donc dans le domaine de la merzlota (ou pergélisol), du sol perpétuellement gelé. Ce « froid » du sous-sol est en partie « fossile », c'est-à-dire hérité des glaciations quaternaires. L'été, le sol ne dégèle qu'en surface, les profondeurs restant gelées, donc imperméables, ce qui participe à l'extension des marécages en Sibérie. Ce dégel superficiel pose de gros problèmes pour les travaux publics et la construction.

      L'été est assez uniformément chaud : la température moyenne de Moscou en juillet est de 18 0C, celle de Iakoutsk, de 19 0C. Il est toutefois de plus en plus bref au fur et à mesure qu'on va vers l'est, et de plus en plus frais à mesure qu'on va vers le nord.

      Entre ces deux extrêmes, les intersaisons sont réduites à quelques semaines. Le printemps, bref, est la saison de la raspoutitsa, « la saison des mauvaises routes ». La quantité d'eau fournie par la fonte simultanée de tout le manteau neigeux, renforcée de précipitations, dépasse alors la capacité d'évacuation des rivières. L'eau stagne partout, transformant les chemins en bourbiers impraticables.

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      Conséquence de la continentalité, les précipitations sont faibles et s'amenuisent d'ouest en est : de 500 à 650 millimètres à l'ouest, elles tombent à 200 millimètres en Iakoutie. Seules la partie sud de l'Extrême-Orient, touchée par les effluves de la mousson, et les régions montagneuses enregistrent des abats importants. Partout, le maximum pluviométrique se situe en été et coïncide avec la saison végétative, mais il ne suffit pas aux besoins des plantes cultivées, en raison de l'importance de l'évapotranspiration liée à la chaleur de l'été. Ce déficit estival concerne la majeure partie de l'espace agricole russe, où l'irrigation est un moyen privilégié d'accroissement des rendements.

      L'espace russe est partagé en quatre grands domaines bioclimatiques :

      – Le Nord, où la température moyenne mensuelle n'est jamais supérieure à 10 0C, est le domaine de la toundra. Un riche tapis de fleurs apparaît par taches en été, mais l'essentiel de la végétation est constitué de mousses et de lichens. Les arbres se limitent à quelques formes naines, clairsemées en position d'abri.

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      – La taïga lui succède au sud et couvre la majeure partie de la Russie. C'est la grande forêt de conifères (pins, épicéas, sapins) auxquels se mêlent quelques feuillus, dont le bouleau, arbre cher au cœur des Russes, symbole de la jeune fille. À l'est de l'Ienisseï, avec l'aggravation de l'hiver, la taïga est plus clairsemée, et le mélèze devient dominant. Sous la taïga, s'étendent les podzols, sols lessivés, acides, n'offrant que de très médiocres possibilités agricoles. La longueur de l'hiver y restreint les possibilités de décomposition de la matière organique.

      – Dans la forêt mixte, des conifères se mêlent aux feuillus dominants. Cette formation, largement répandue à l'ouest de l'Oural, se réduit à une étroite bande en Sibérie. Ce domaine a été largement défriché, ses sols bruns podzolisés étant moins défavorables que ceux de la taïga. On retrouve une association à base de feuillus dans la région de l'Amour, au sud de l'Extrême-Orient, en rapport avec une influence septentrionale du climat de mousson.

      – Au sud des zones forestières s'étend la steppe. C'est une formation herbacée, analogue à la prairie nord-américaine, étroitement liée à l'écharpe de lœss qui s'étend de l'Ukraine à la frontière chinoise. Entre forêt et steppe s'intercale une bande plus ou moins large où les deux formations s'imbriquent en plaques, la steppe boisée.

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      Le mélange millénaire entre la matière organique provenant du cycle annuel de la végétation et le lœss a donné naissance au tchernozem, « terre noire » d'une grande fertilité. Vers le sud et vers l'est, au-delà de la Volga, le climat se faisant plus aride, le tchernozem se dégrade, faisant place à des sols châtains, pouvant être affectés de salinisation. La steppe y présente un aspect beaucoup plus sec.

      Russie : agriculture - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Russie : agriculture

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      Dans tout le pays, cette bande de tchernozem, même dégradé, est la base de l'activité agricole. L'agriculture mécanisée y a cependant connu des déboires, « terre noire » et lœss étant très sensibles au ravinement lors des orages si le sol est mis à nu par le labour. Les vents desséchants d'été (soukhoveï) sont également dangereux : ils érodent un sol mal protégé par les plantes cultivées et dessèchent les récoltes.

      Des fleuves excessifs

      Russie : principaux fleuves - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Russie : principaux fleuves

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      La Russie est drainée par de grands appareils fluviaux, imposants par leur longueur comme par la taille de leur bassin ou l'ampleur de leur débit (tabl. 1). Tous ces fleuves ont un régime nival étroitement lié au climat. L'hiver, pendant trois mois dans l'Ouest, six dans l'Est, ils sont pris par une carapace de glace. Faute d'apports d'eau, l'écoulement est réduit. Au printemps, les énormes volumes stockés sous forme de neige affluent, et en deux à trois mois, les fleuves charrient 60 p. 100 de leur écoulement annuel. À ces crues grandioses succèdent des étiages d'été. Peu approvisionnés – les précipitations sont insuffisantes par rapport aux besoins de la végétation –, les cours d'eau sont alors sévèrement ponctionnés par l'évaporation.

      Indigents lorsque l'homme a besoin d'eux, démesurés au point de paralyser l'activité au printemps, de tels cours d'eau invitent à l'aménagement. À l'Ouest, Volga et Kama ont été transformées, à l’époque soviétique, en escaliers de lacs par une série de barrages. Les réservoirs de retenue y ont pour fonction de retenir la crue de printemps pour la redistribuer pendant l'été (irrigation, navigation) et l'hiver (électricité de pointe). Les écosystèmes sont toutefois très perturbés par le fonctionnement de ces cascades. En Sibérie, seule la partie située en amont de l'Ienisseï et de son affluent l'Angara a fait l'objet d'un grand aménagement : cinq barrages géants y produisent plus de 100 milliards de kilowattheures par an (Bratsk, Oust-Ilimsk, Irkoutsk, Saïansk et Krasnoïarsk).

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      Écrit par

      • : professeur à l'université de Lyon-II, chercheur au Centre Magellan, Université de Lyon-III

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      Station de ski dans le Dombaï - crédits : Efimova Anna/ Shutterstock

      Station de ski dans le Dombaï

      Ienisseï - crédits : M. Iijima/ Ardea Londres

      Ienisseï

      Volcans au Kamchatka, Russie - crédits : Yuri Smityuk/ TASS/ Getty Images

      Volcans au Kamchatka, Russie

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