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NOUREEV RUDOLF (1938-1993)

Rudolf Noureev - crédits :  Michael Ward/ Getty Images

Rudolf Noureev

D'origine russe, Rudolf Noureev est probablement le plus célèbre danseur du xxe siècle. Ambassadeur du ballet classique dans le monde entier et dans des lieux non académiques, il a popularisé cet art jusqu'alors réservé à la bourgeoisie. Par sa fascinante présence scénique, ses grandes qualités d'interprète ainsi que ses propres chorégraphies, il a profondément modifié l'image du danseur masculin en lui accordant sur scène une place prééminente. Sa longue carrière, sa vie tumultueuse et romanesque ont fait de lui un artiste dont les dimensions dépassent le cadre de la danse. Personnage médiatique, Noureev fut aussi un symbole politique malgré lui, après l'écho retentissant que rencontra sa rupture avec l'URSS en 1961. Entre guerre froide, star-system, libération sexuelle et années sida, il est un signe emblématique de l'histoire de la seconde moitié du xxe siècle.

Les années russes

Rudolf Hametovitch Noureev naît le 17 mars 1938, à bord du Transsibérien, à proximité d'Irkoutsk (URSS). Fils d'un instructeur politique dans l'Armée rouge et d'une mère ouvrière d'usine, il descend d'une famille tatare musulmane et grandit à Oufa (République de Bachkirie), d'où ses parents sont originaires. Il est issu d'une famille démunie, et son enfance est difficile mais atténuée par la découverte libératrice de la danse, lors d'un spectacle donné à l'Opéra de cette ville, l'année de ses sept ans. Remarqué pour ses dons innés, le jeune garçon intègre, malgré l'interdiction de son père, un groupe folklorique, puis le ballet d'Oufa en 1953. Deux ans plus tard, il est admis à la célèbre école Vaganova de Leningrad. Il a alors dix-sept ans et comble vite son retard grâce à un travail acharné avec son professeur Alexandre Pouchkine (1907-1970). Après avoir remporté le réputé concours de Moscou en dansant Le Corsaire, il intègre en 1958 le ballet du Kirov, directement au rang de soliste. La prima ballerina Natalia Doudinskaia (1912-2002) le choisit d'emblée pour partenaire dans Laurencia (musique d'Alexander Krejn, chorégraphie de Vakhtang Chabouchiani), puis il danse Gayane (musique d'Aram Khatchatourian, chorégraphie de Nina Anisimova) et tous les grands rôles du répertoire : La Bayadère (musique de Léon Minkus, chorégraphie de Marius Petipa), La Belle au bois dormant (musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, chorégraphie de Marius Petipa), Le Lac des cygnes (musique de Tchaïkovski, chorégraphie de Marius Petipa), Don Quichotte (musique de Léon Minkus, chorégraphie de Marius Petipa et Lev Ivanov), Giselle (musique de Adolphe Adam, chorégraphie de Jules Perrot et Jean Coralli). Son lyrisme, son expressivité et son élévation fascinent d'autant plus le public soviétique, qu'il propose une manière novatrice de danser : demi-pointe très haute, souplesse du lever de jambe, féminité du mouvement, costumes échancrés, libertés prises avec la chorégraphie.

Son caractère rebelle lui vaut semonces et sanctions du pouvoir, et c'est au dernier moment qu'il peut venir à Paris, pour la toute première tournée occidentale du Kirov, au printemps de 1961. Il est somptueux dans La Belle au bois dormant et La Bayadère, la presse parisienne s'enflamme et le surnomme le Nouveau Nijinski. Noureev, qui prend d'incroyables libertés en fréquentant des Occidentaux, se voit sommé par le KGB de rentrer à Moscou. Le 16 juin 1961, « l'insubordonné » danseur demande alors l'asile politique à l'aéroport du Bourget.

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Rudolf Noureev - crédits :  Michael Ward/ Getty Images

Rudolf Noureev

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