Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RITES DE GUÉRISON

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Ce n'est pas un hasard si le terme « salut » désigne aussi bien le salut physique, la santé, que le salut moral et religieux, la délivrance procurée par un sauveur. Bien plus, dans de nombreux cas, le sauveur divin (Asclépios, par exemple, ou même Apollon) est d'abord un sauveteur, un guérisseur, un thaumaturge. Même les sotériologies les plus tardives gardent en elles un élément médicinal, rappelant l'époque où soins de l'âme et soins du corps, péché et maladie relevaient ensemble d'une thérapeutique qui traitait l'homme comme un tout. C'est pourquoi il serait dérisoire d'aborder les rites de guérison comme des vestiges de magie ou de les référer seulement à la figure du sorcier de village, du medecineman, du soigneur à la fois ingénieux et superstitieux, dévoué à l'écoute et prompt à appliquer ses recettes miracles. Assurément, les rites de guérison dérivent en partie du savoir-faire magique (qui mêlait d'ailleurs connaissances naturelles et formules d'incantation). Mais leur signification déborde largement cet aspect ; elle se dégage du sens que les religions accordent à la souffrance, au mal physique, au mal moral et plus spécialement à l'état de malade, à l'usage des maladies, valorisées en situation d'épreuve, de purification, de conversion. En particulier, pour le christianisme, la guérison implorée réserve expressément la priorité de la cure spirituelle.

Avec les progrès de l'hygiène, de la médecine, de la chirurgie, de la protection sociale, tout un secteur de la détresse humaine s'est laïcisé : la religion n'est plus que d'intériorité. Il reste aux croyants une axiologie et une psychologie du souffrir qui ne sont pas forcément masochistes et dont il n'est pas sûr, si elles ne sont ni préventives ni curatives, qu'elles ne puissent être bénéfiques.

— Henry DUMÉRY

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Henry DUMÉRY. RITES DE GUÉRISON [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • BHAIṢAJYAGURU

    • Écrit par
    • 316 mots

    Buddha siégeant dans un univers oriental appelé Vaidūryanirbhāsa, Bhaiṣajyaguru (le Maître des remèdes), grand guérisseur, est très populaire en Chine et au Japon. Il est célèbre non seulement par ses talents de guérisseur et par l'ambition qu'il a de dépasser l'éclat du soleil, mais aussi par le...

  • ÉCROUELLES TOUCHER DES

    • Écrit par
    • 489 mots

    La tradition du toucher des malades scrofuleux remonte, selon Marc Bloch (Les Rois thaumaturges), à Robert le Pieux pour la France et à Henri Ier pour l'Angleterre. Son adoption plus tardive dans ce dernier pays semble prouver que le roi anglais, conscient du surcroît de prestige apporté...

  • ÉPIDAURE

    • Écrit par
    • 442 mots

    La ville d'Épidaure, sur la côte nord-est du Péloponnèse, doit sa célébrité au sanctuaire d'Asclépios qui se trouvait à quelques kilomètres de la cité. Selon la tradition, le dieu guérisseur vint s'installer dans ce vallon vers la fin du ~ vie siècle en s'associant...

  • HIPPOCRATE DE COS (460-env. 370 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 6 854 mots
    • 1 média
    ...intervention particulière d'une divinité dans le processus de la maladie et toute thérapeutique magique par les prières, les incantations ou les purifications. La chose est d'autant plus remarquable qu'une grande partie de la littérature contemporaine (les Histoires d'Hérodote, la tragédie et...
  • Afficher les 11 références