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AVEDON RICHARD (1923-2004)

Richard Avedon et Diana Vreeland - crédits : Sherman/ Hulton Archive/ Getty Images

Richard Avedon et Diana Vreeland

L'un des plus grands photographes américains de la seconde moitié du xxe siècle, Richard Avedon, né à New York en 1923, restera certainement pour ses photographies de mode. Probablement moins pour son engagement politique, pourtant revendiqué (notamment contre la guerre du Vietnam). Il demeure surtout l'un des portraitistes majeurs de son siècle, se réclamant volontiers d'une tradition qui part de Nadar et passe par Sander, et rivalisant avec son aîné et compatriote Irving Penn (1917-2009). Immédiatement reconnaissables, les portraits d'Avedon tiennent à leur(s) modèle(s) et à leur auteur, mais aussi à un dispositif mis en place tôt, qui ne variera plus : le sujet est placé, face à l'appareil, sous une lumière artificielle et crue, devant un fond blanc, nu – marque du photographe.

La mode

Né dans la mode (son père possède un magasin sur la Cinquième Avenue, ses parents sont abonnés à Vogue, Harper's Bazaar, Vanity Fair, sa sœur est une beauté), le jeune Dick photographie les siens près de voitures rutilantes et de « chiens empruntés ». À dix ans, rappellent Maria Morris Hambourg et Mia Fineman, commissaires de l'exposition Richard Avedon. Portraits, au Metropolitan Museum de New York en 2002, l'obsède l'idée de photographier le compositeur Sergueï Rachmaninov, qui habite l'appartement au-dessus de celui de ses grands-parents, sur Riverside Drive à Manhattan. « Je voulais qu'il me voie, qu'il me reconnaisse, d'une façon ou d'une autre. » Mais surtout : « Je voulais qu'il me donne quelque chose de lui que je pourrais garder, quelque chose d'intime, qui dure toujours et me rattache à lui. » Cela semble le début d'une quête, longue de toute une vie.

Lorsque Avedon, après être passé par Columbia University, rejoint la marine marchande en 1942 pour faire son service militaire, il est chargé de réaliser le portrait d'appelés – photos d'identité, au cadrage frontal, sur fond blanc déjà. Lorsque, à partir de 1944, il suit à la New School for Social Research l'enseignement d'Alexey Brodovitch et lui montre ses travaux, le designer lui demande « la même qualité technique appliquée à la mode ».

Photographie de mode de Richard Avedon - crédits : Courtesy of The Richard Avedon Foundation

Photographie de mode de Richard Avedon

Dès 1945, Avedon travaille à Harper's Bazaar, avec le même Brodovitch et Carmel Snow, Diana Vreeland, Marvin Israel. Il y restera vingt ans, et couvrira notamment la présentation des collections de mode parisiennes – de 1947 jusqu'en 1984. Son style évolue, il passe de la haute couture dans toute sa perfection à la vivacité du prêt-à-porter ; sert l'élégance, provocante ou sophistiquée, des Dovima, Twiggy ; expérimente enfin diverses manières de rendre le mouvement du moment. En témoigne Funny Face (Drôle de frimousse, 1957), film de Stanley Donen auquel il collabore en tant que consultant... et bien plus, puisqu'il prête au personnage principal, Dick Avery – incarné, auprès d'Audrey Hepburn, par Fred Astaire qui fait d'elle un mannequin vedette – nombre de ses traits. En 1966, Avedon rallie Vogue, où, avec Diana Vreeland et Alexander Liberman, il travaillera jusqu'en 1990. En 1985, il est en France le photographe exclusif du magazine Égoïste lancé par Nicole Wisniak, et, en 1992, sorte de consécration, le premier photographe jamais salarié par le magazine The New Yorker. À partir de cette date, il prend toutes ses photos de mode en studio.

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Écrit par

  • : critique, éditeur à l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Anne BERTRAND. AVEDON RICHARD (1923-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Richard Avedon et Diana Vreeland - crédits : Sherman/ Hulton Archive/ Getty Images

Richard Avedon et Diana Vreeland

Photographie de mode de Richard Avedon - crédits : Courtesy of The Richard Avedon Foundation

Photographie de mode de Richard Avedon

Autres références

  • RICHARD AVEDON, PHOTOGRAPHIES 1946-2004 (exposition)

    • Écrit par Hervé LE GOFF
    • 957 mots

    Première rétrospective montée après la mort du photographe, cette exposition a été organisée par la Richard Avedon Foundation et le musée d'art contemporain de Louisiana de Humlebæk au Danemark, qui l'avait présentée du 24 août 2007 au 13 janvier 2008. Après l'espace Forma de Milan qui la recevait...

  • BASSMAN LILLIAN (1917-2012)

    • Écrit par Karen SPARKS
    • 456 mots

    La photographe de mode américaine Lillian Bassman obtint un grand succès dans les années 1940 et 1950 en privilégiant l'usage du flou et des contrastes dans ses clichés en noir et blanc de mannequins aux formes fluides, donnant ainsi une image de la femme empreinte de mystère.

    Lillian Violet...

  • DONEN STANLEY (1924-2019)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 1 042 mots
    • 1 média

    Comme Vincente Minnelli, Gene Kelly ou Bob Fosse, Stanley Donen était rongé par l’inquiétude. L’art du musical est de nous faire croire qu’il est futile : il faut donc masquer à quel point le réel peut vous blesser. Seul le « divin » Fred Astaire paraît échapper à l’anxiété, sans...

  • PHOTOGRAPHIE (art) - Le statut esthétique

    • Écrit par Gérard LEGRAND
    • 5 146 mots
    • 8 médias
    ...elle s'est d'autre part totalement modifiée sous l'influence d'autres activités, essentiellement la publicité et la mode : un cas typique est celui de Richard Avedon qui, grand photographe de mode, est devenu un portraitiste tour à tour émouvant (Marilyn Monroe) et extrêmement féroce pour certains de...

Voir aussi