RÉVOLUTION RUSSE
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Le premier gouvernement provisoire (mars-avril 1917)
Formé le 2 mars, le premier gouvernement provisoire est présidé par le prince Georges Lvov, entouré d'une majorité de représentants éminents du parti constitutionnel-démocrate (Pavel Milioukov aux Affaires étrangères ; Nikolaï Nekrassov aux Transports ; AndreïChingarev à l'Agriculture). À la gauche de l'échiquier politique gouvernemental, Alexandre Kerenski, ministre de la Justice, est censé « faire le pont » entre le gouvernement et le soviet. En quelques semaines, ce gouvernement prend un train de mesures spectaculaires : libertés fondamentales, suffrage universel, amnistie générale, abolition de la peine de mort, suppression de toutes les discriminations de caste, de race ou de religion, reconnaissance du droit de la Finlande et de la Pologne à l'autodétermination. Malgré ces mesures réellement révolutionnaires, qui marquent une rupture radicale avec la culture politique de l'autocratie tsariste, le gouvernement doit faire face à une vague de revendications et d'actions difficilement contrôlables émanant des couches les plus diverses d'une société en révolution.
Pavel Nikolaïevitch Milioukov (1859-1943), historien russe et ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire russe au début de 1917.
Crédits : Hulton Getty
Alexandre Fedorovitch Kerenski (1881-1970), chef du gouvernement provisoire russe au début de 1917, salue les troupes. Il sera renversé par les bolcheviks.
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Finlandais arrêtés par les gardes rouges soviétiques, vers 1918.
Crédits : Hulton Getty
Les ouvriers demandent – et obtiennent, le plus souvent – la journée de huit heures, ainsi que des augmentations de salaire, vite absorbées néanmoins par une inflation galopante. Ils mettent sur pied des comités d'usine et des unités de « gardes rouges ». Les comités d'usine ont pour objectif de contrôler l'embauche et les licenciements, d'empêcher les patrons de procéder à des lock-out, sous prétexte de rupture d'approvisionnement, mais aussi de maintenir une certaine discipline du travail, de lutter contre l'absentéisme. Ces mesures constituent l'ébauche d'un contrôle ouvrier sur la marche des entreprises. Quant aux unités de gardes rouges, ce sont des milices ouvrières armées prêtes à défendre l'usine en tant qu'outil de travail des prolétaires, mais aussi à « défendre la révolution » contre ses « ennemis ».
Le gouvern [...]
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Écrit par :
- Nicolas WERTH : directeur de recherche au CNRS
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Pour citer l’article
Nicolas WERTH, « RÉVOLUTION RUSSE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/revolution-russe/