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ARMÉE BLANCHE

Cette expression désigne ordinairement les diverses formations militaires qui ont combattu le pouvoir bolchevique en Russie de 1918 à 1922. Si leur but premier était le renversement du nouveau régime, certains de leurs chefs continuaient à se référer au pouvoir issu de la révolution de Février, tandis que la majorité d'entre eux aspiraient au retour à l'autocratie.

Kornilov - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Kornilov

Dès août 1917, un premier regroupement dans le midi de la Russie s'était formé autour des généraux Kornilov et Alexeïev. Avec l'aide des Alliés, des armées blanches se créent en 1918 dans les régions périphériques de l'ancien Empire russe. Placées un moment sous le commandement suprême de l'amiral Koltchak, elles convergent vers Moscou. Pendant la première moitié de l'année 1919, elles progressèrent rapidement et, durant l'été, le pouvoir des soviets ne n'exerça plus que sur une portion de territoire correspondant à l'ancienne Moscovie.

Dans le Sud, outre l'armée des volontaires commandée par Denikine, il y avait celle des Cosaques dirigée par les atamans Kaledine et Bogaïevski. Le Nord était tenu par l'armée du général Mille, dont la base d'opérations était à Arkhangelsk. À l'est, toute la Sibérie et la région de l'Oural étaient sous le contrôle des armées de l'amiral Koltchak. Enfin, dans le Nord-Ouest, l'armée de Youdenitch avançait vers Petrograd.

Les alliés des Russes blancs - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Les alliés des Russes blancs

Nikolaï Youdenitch - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archives/ Getty Images

Nikolaï Youdenitch

Mais, dès la fin de 1919, la situation militaire était modifiée au profit de l'Armée rouge et les fronts tenus par les armées blanches étaient pratiquement disloqués. Malgré le retour offensif de Wrangel en Crimée en 1920 et la persistance d'un mouvement armé dans la région de Vladivostok jusqu'en 1922, les troupes blanches durent abandonner le combat et furent dispersées. Les survivants s'embarquèrent sur les navires alliés ou se réfugièrent dans les pays limitrophes de l'U.R.S.S.

Parade de l'Armée rouge - crédits : Tow/ Slava Katamidze Collection/ Getty Images

Parade de l'Armée rouge

Les raisons de leur échec sont d'ordre politique et militaire. La supériorité numérique de l'Armée rouge était encore renforcée par l'unité et la qualité de son commandement ; face à elle, les armées blanches souffrirent des défaillances du commandement et des dissensions. Mais ce qui fut sans doute déterminant, c'est l'absence de tout programme politique et social qui aurait pu rallier les populations autour de la contre-révolution. Au contraire, les mesures impopulaires telles que la mobilisation dans les régions occupées et la restitution des grands domaines à leurs propriétaires éloignèrent des blancs la masse des paysans qui espéraient accéder enfin à la propriété du sol.

— Pierre KOVALEWSKY

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, chargé de conférences à l'université de Paris-III, doyen de l'Institut Saint-Denis, Paris

Classification

Pour citer cet article

Pierre KOVALEWSKY. ARMÉE BLANCHE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Kornilov - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Kornilov

Les alliés des Russes blancs - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Les alliés des Russes blancs

Nikolaï Youdenitch - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archives/ Getty Images

Nikolaï Youdenitch

Autres références

  • ALEXEÏEV MIKHAÏL VASSILIEVITCH (1857-1918)

    • Écrit par Pierre KOVALEWSKY
    • 287 mots

    Malgré son origine modeste, Mikhaïl Alexeïev réussit, grâce à un travail acharné, à accéder au sommet de la hiérarchie militaire russe. Professeur à l'École supérieure de guerre, il est le maître de plusieurs promotions de futurs chefs militaires.

    À l'ouverture des hostilités, il...

  • DENIKINE ANTON IVANOVITCH (1872-1947)

    • Écrit par Alexandre BENNIGSEN
    • 442 mots
    • 1 média

    Fils d'un officier de carrière né dans le servage, Denikine suit l'école normale de Lovitch, puis l'école militaire des cadets de Kiev ; il est officier d'artillerie, breveté d'état-major en 1899, puis commandant de la région militaire de Varsovie.

    Il participe à...

  • KOLTCHAK ALEXANDRE VASSILIEVITCH (1873-1920)

    • Écrit par Alexandre BENNIGSEN
    • 611 mots
    • 2 médias

    Fils d'un ingénieur militaire de la marine, issu d'une petite noblesse d'Ukraine d'origine turque, où l'on est officier de marine de père en fils, Alexandre Vassilievitch Koltchak entre à quinze ans à l'Académie navale. C'est un savant océanographe spécialiste de l'Arctique et brillant...

  • KORNILOV LAVR GUEORGUIEVITCH (1870-1918)

    • Écrit par Alexandre BENNIGSEN
    • 335 mots
    • 1 média

    Fils d'un paysan pauvre du Semieretchie en Sibérie méridionale, Kornilov est officier de carrière dans l'armée tsariste, breveté d'état-major, puis prend part à la guerre de 1904-1905 contre le Japon et commande ensuite les forces armées du Turkestan. En 1914, il commence la...

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Voir aussi