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FLORENCE RÉPUBLIQUE DE

Le gouvernement du « popolo »

L'autonomie communale

Au milieu du xiiie siècle, Florence n'est qu'une cité toscane comme les autres, moins riche que Sienne par exemple, et son indépendance n'est pas totale : en 1246, l'empereur Frédéric II lui impose encore son bâtard comme podestat. Plusieurs circonstances vont contribuer à la distinguer de ses voisines.

En premier lieu, c'est à Florence que l'effacement de l'autorité impériale en Italie est le plus marqué. Certes, il s'est formé, dès 1216, à l'occasion d'une vendetta entre deux familles des bords de l'Arno, un parti dit «   gibelin », fort du soutien de l'empereur, qui a fini par regrouper tous les partisans italiens de l'empire. Mais les succès des gibelins à Florence sont de brève durée : ils ne prennent que deux fois le pouvoir (1237-1240 et 1260-1268). Après quoi ils sont bannis pour la plupart, et, s'ils restent autour du contado prêts à participer à toutes les coalitions, leur rôle politique est insignifiant. Cet effacement est la conséquence de celui de l'empereur, dont les séjours en Italie sont rares (1313, 1327, 1354, 1368), brefs, plus alarmants que dangereux, et dont l'administration, en Toscane du moins, a disparu.

Le second fait, c'est le développement du parti guelfe, rassemblé autour du pape, et hostile aux gibelins. Né en 1216, il a pris toute sa force en 1266, quand Charles d'Anjou, désigné par Urbain IV, s'est emparé du royaume de Sicile, mettant son autorité au service des guelfes, qui font désormais la loi dans l'ensemble de l'Italie péninsulaire. Or, Florence, dont les marchands ont financé la guerre victorieuse du comte d'Anjou, a étroitement lié son sort aux guelfes. La protection du pape et du nouveau roi de Naples est décisive pour la cité. Sur le plan politique, l'intervention des Angevins tire plus d'une fois les Florentins d'un mauvais pas, lors par exemple des guerres qui opposent ceux-ci à Pise et à Lucques, en 1315, 1326 et 1339-1342. Leur indépendance, il est vrai, est menacée à ces occasions par ces protecteurs trop puissants qui s'imposent passagèrement comme seigneurs – terme ambigu – de la ville : la troisième seigneurie, exercée en 1342-1343 par un baron du roi de Naples, le duc d'Athènes, est unanimement stigmatisée par les chroniqueurs ; mais, à l'égard de l'empereur, l'autonomie communale est désormais totale.

Institutions populaires et expansion économique

Cette chance politique a joué un grand rôle dans l'essor de l'économie florentine à la fin du xiiie siècle et dans la stabilisation de ses institutions populaires.

Dès le début du xiiie siècle, la bonne marche des affaires, leur diversification s'étaient manifestées par l'établissement de métiers nouveaux ou « arts » : les arts de la soie, des épiciers, des merciers, des fourreurs, du change et, plus notables encore, l'art de Calimala, l'ancien art des marchands, désormais spécialisé dans l'affinage des draps étrangers, et l'art de la laine (1212). À ce négoce, favorisé à la fois par la conjoncture économique, l'importance de la population urbaine (100 000 habitants en 1300) et l'esprit d'initiative des Florentins, les circonstances décrites plus haut donnent un élan exceptionnel. Stimulée par les privilèges pontificaux (le pape choisit ses banquiers parmi les hommes d'affaires florentins) et par les libéralités du roi de Naples (larges facilités commerciales dans son royaume), l'activité des marchands toscans s'exerce dans tous les États d'Europe et concerne d'innombrables denrées : épices, ivoires, bijoux, étoffes, laines, colorants, alun, blé, armes, chevaux, monnaies. Leur technique commerciale est, par son caractère systématique, supérieure à celle de leurs concurrents, aussi bien étrangers qu'italiens : les Florentins se groupent en compagnies,[...]

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Pour citer cet article

Charles-Marie de LA RONCIÈRE. FLORENCE RÉPUBLIQUE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Palazzo Pitti, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Palazzo Pitti, Florence

Palais Medici-Riccardi, Florence - crédits : Fratelli Fabbri, Milan,  Bridgeman Images

Palais Medici-Riccardi, Florence

République de Florence, XIV<sup>e</sup>-XV<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

République de Florence, XIVe-XVe siècle

Autres références

  • ALBERTI LES

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 310 mots

    Famille florentine. Aux alentours de 1200, un certain Rustico Alberti, issu des seigneurs de Catenaìa, dans le Casentino, s'établit à Florence et y exerce la profession de juge. Liés au parti guelfe, les Alberti se rangent, au cours des luttes civiles du début du xive siècle, du côté des...

  • ALBIZZI LES

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 310 mots

    Famille florentine. Originaires d'Arezzo, les Albizzi sont inscrits à l'Arte della Lana, l'une des plus importantes corporations marchandes de Florence, dès le début du xiiie siècle ; très fréquemment, on les trouve occupant les plus hautes fonctions au gouvernement de la ville...

  • BARDI LES

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 260 mots

    Famille de magnats florentins. D'origine féodale, installés à Florence depuis le xiie siècle, les Bardi ont, comme les Peruzzi ou les Alberti, constitué une des grandes compagnies bancaires et commerciales d'Occident, entre 1250 et 1345 ; celle-ci a des succursales, non seulement dans toute...

  • BERNESQUE, genre littéraire

    • Écrit par Véronique KLAUBER
    • 347 mots

    Le genre bernesque naquit dans l'atmosphère enjouée des fêtes que donnaient les Médicis, en particulier Laurent le Magnifique et Hippolyte. À Florence vécurent les poètes Ange Politien (1454-1494), Luigi Pulci (1432-1484) et celui qui sera considéré comme le fondateur de la maniera...

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Voir aussi