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RÉALGAR

Sulfure d'arsenic, le réalgar se caractérise, d'une part, par des cristaux prismatiques, parfois centimétriques, striés parallèlement à l'axe d'allongement, d'une belle couleur rouge rubis lorsqu'ils sont frais, et, d'autre part, par une faible dureté, l'ongle le rayant facilement. Le réalgar se présente aussi en masses compactes millicristallines ou en encroûtements.

formule : AsS (70,1 p. 100 d'arsenic, 29,9 p. 100 de soufre) ;

système : monoclinique, classe prismatique ;

dureté : 1,5-2 ;

poids spécifique : 3,48-3,60 ;

éclat : résineux, de gras à perlé ;

transparence : transparent s'il est « frais », sinon translucide ;

cassure : de conchoïdale à subconchoïdale.

L'altération naturelle du réalgar lui a valu son étymologie (de l'arabe rhaj al-ghar, poudre de caverne) ; une exposition prolongée à la lumière des cristaux transforme en effet ceux-ci en une poudre rougeâtre constituée d'orpiment, un autre sulfure d'arsenic, et d'anhydride arsenical, un poison violent ; les beaux échantillons doivent donc être conservés dans l'obscurité.

Le réalgar se forme dans les filons hydrothermaux tardifs de basse ou de moyenne température, où il se trouve associé à d'autres sulfures, comme la blende (ZnS), l'orpiment (As2S3), la pyrite (FeS2), la stibine (Sb2S3), le cinabre (HgS), avec lequel il peut être confondu, et à des borates et des carbonates divers. On le trouve encore comme produit de fumerolles volcaniques et, plus rarement, comme dépôts à proximité de sources thermales.

Les plus beaux cristaux connus proviennent sans doute du site, aujourd'hui épuisé, de Green River Gorge (Washington) et de la mine Getchell (Nevada) aux États-Unis, où certains spécimens atteignent cinq centimètres. Le gisement réputé de la carrière de Lengenbach (Binnental, Valais, Suisse) fournit de magnifiques cristaux rouge vermillon isolés sur de la dolomie ; de taille généralement plurimillimétriques, ils peuvent atteindre exceptionnellement cinq ou six centimètres. En Corse, la mine de Matra, près de Moita, livre des cristaux millimétriques à centimétriques d'un rouge rubis intense. Parmi les autres gisements intéressants, on peut citer ceux de Roumanie (Baia Spriei, Cavnic et Sacarâmb), de Macédoine (Allchar), d'Italie (dans les marbres de Carrare)...

Le réalgar a longtemps été – jusque dans les années 1920 – le principal minerai d'arsenic, puis on lui a préféré l'arsénopyrite, aux gisements plus importants et, de plus, parfois aurifères, comme celui de Salsigne dans l'Aude. Il fut employé en pyrotechnie comme composant de la poudre blanche pour les feux d'artifice. Ses utilisations comme dépilatoire en tannerie ou pour la confection de certains vernis ont aussi été abandonnées. Le réalgar n'est donc plus aujourd'hui qu'une curiosité minéralogique pour collectionneurs très difficile à conserver.

Le réalgar fond facilement en une masse brillante, en dégageant des produits volatils arsenicaux à la forte odeur d'ail. Il est soluble dans l'acide nitrique et l'essence de térébenthine. Réduit en poudre, il déflagre une fois mélangé au salpêtre ou au chlorate de potassium, et il n'est pas fluorescent.

— Yves GAUTIER

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. RÉALGAR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARSENIC

    • Écrit par Jean PERROTEY
    • 4 498 mots
    • 2 médias
    ...en thioarsénite et dans les bases en donnant un mélange d'arsénite et de thioarsénite :
    Ce sulfure traité par le carbonate de sodium se transforme en réalgar, As4S4 qui est un sulfure mixte. Le pentasulfure est peu stable : dès 100 0C, il perd du soufre et se transforme en sulfure arsénieux.
  • MINÉRALOGIE

    • Écrit par Claude GUILLEMIN
    • 11 981 mots
    • 22 médias
    ...FeAsS, tétraédrite Cu3SbS3, bournonite CuPbSbS3, etc. ; rarement submétallique : blende (ou sphalérite) ZnS, covellite CuS, cinabre HgS, proustite Ag3AsS3, pyrargyriteAg3SbS3, etc. ; exceptionnellement résineux : réalgar AsS, orpiment As2S3, etc. Ils ont souvent une forte densité.
  • ORPIMENT

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 649 mots

    Sulfure d'arsenic, l'orpiment est un minéral facilement reconnaissable par sa couleur jaune doré à jaune orangé, son clivage très facile en plaques transparentes et flexibles, rappelant celui des micas, et par sa faible dureté, permettant de le rayer avec l'ongle. Les cristaux se présentent...

  • SULFURES ET SULFOSELS NATURELS

    • Écrit par Roland PIERROT, Guy ROGER
    • 6 075 mots
    • 13 médias
    Le réalgar AsS est monoclinique (P 21/n) et se présente en prismes courts ou allongés, striés verticalement, mais surtout en masses compactes, terreuses, allant du rouge orangé ou rouge vermillon. Ce minéral a un bon clivage, il est sectile. Il se décompose à la lumière en donnant un mélange d'orpiment...

Voir aussi