Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

Forces politiques et élections législatives

La faiblesse de la IVe République tient aussi à la position marginale et critique de deux forces politiques très importantes, qui ne participeront que très peu au pouvoir gouvernemental, les communistes et les gaullistes. Celui-ci ne peut donc s'appuyer que sur une « troisième force », allant de la gauche socialiste à la droite, ce qui ne favorise pas l'unité des équipes ministérielles.

Attitude critique des communistes et des gaullistes

Paul Ramadier - crédits : Apic/ Bridgeman/ Getty Images

Paul Ramadier

Les communistes, qui représentent en permanence au moins un quart de l'électorat, ne participent aux cabinets que jusqu'en mai 1947, dans une attitude d'ailleurs à l'époque plutôt modérée. Si certains de leurs membres ont pu être tentés par une prise de pouvoir à la Libération, le P.C.F. a très vite surtout cherché à infléchir les institutions et à occuper des postes de responsabilité. Mais la montée des récriminations sociales sur le plan intérieur et l'annonce de la guerre froide sur le plan international conduisent à la rupture du tripartisme, union du P.C.F., de la S.F.I.O. et du M.R.P. pour gouverner ensemble. Dans un contexte de grèves aux usines Renault soutenues par la C.G.T. et le P.C.F., les ministres communistes refusent de voter un texte gouvernemental, ils sont remerciés par Paul Ramadier, président du Conseil. À partir de mai 1947, les communistes sont donc dans l'opposition et ils y resteront jusqu'en 1981. Ils fondent leurs succès électoraux sur le soutien des classes populaires et se font les porte-parole de tous les mécontentements.

Les gaullistes constituent la deuxième force politique qui reste à l'écart du pouvoir, dans une attitude critique. Certes leur organisation a subi bien des fluctuations au cours de la période. Après son départ du pouvoir, après que le M.R.P. s'est éloigné de ses positions, le général de Gaulle lance un mouvement, le Rassemblement pour la France (R.P.F.), en avril 1947. Le R.P.F. se veut un rassemblement et non un parti, c'est pourquoi la double appartenance est en principe possible. Il critique fortement les hommes politiques et les partis impuissants face à la montée des périls et du risque communiste, la réforme des institutions est le premier objectif à poursuivre. Il remporte un grand succès aux élections municipales d'octobre 1947 puisqu'il recueille 40 p. 100 des suffrages dans les communes de plus de 9 000 habitants. Ses militants vont diriger de très nombreuses grandes villes, parfois seuls, parfois en coalition avec d'autres forces politiques.

Les résultats des élections législatives de 1951 sont plus mitigés. Le R.P.F. est resté dans une attitude critique et n'a accepté à peu près aucun apparentement. Il obtient néanmoins 117 sièges à l'Assemblée, disposant ainsi du groupe parlementaire le plus nombreux, mais c'est très en dessous de ses espérances ; isolé sur la scène politique, cela ne lui permet pas de constituer l'ossature d'une majorité. Ce demi-succès se transforme très vite en véritable échec, puisque le parti se divise, la plupart des parlementaires acceptant progressivement de participer au pouvoir, allant « à la soupe » selon le mot du général. Celui-ci met son mouvement en sommeil. Certains anciens élus R.P.F. se représentent aux élections de 1956 sous l'étiquette Républicains sociaux.

Au centre de l'échiquier, les partis de gouvernement

Entre les deux forces extrêmes, qui ne participent pas directement au pouvoir, quatre partis principaux se répartissent les suffrages des électeurs. Après l'échec du tripartisme entre communistes, socialistes et M.R.P., la IVe République a donc connu des gouvernements dits de troisième force, qui regroupent souvent des socialistes, des radicaux, des M.R.P. et des modérés (appelés aussi indépendants), c'est l'union des forces centrales[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRÉCHON. QUATRIÈME RÉPUBLIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Paul Ramadier - crédits : Apic/ Bridgeman/ Getty Images

Paul Ramadier

Henri Queuille - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Henri Queuille

René Coty - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

René Coty

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    ...pour les futurs africains qui purent y nouer des amitiés personnelles et des alliances politiques. Ces relations privilégiées avec le personnel de la IVe République ne furent pas à l'abri des remous de la guerre froide parce que le plus grand parti fédéral de l'Afrique noire française, constitué en 1946,...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...projets de constitution, y compris celui qui fut approuvé par le peuple français le 13 octobre 1946. Ainsi l'Algérie française n'avait pas accepté la IVe  République, dont elle devait provoquer la chute le 13 mai 1958. Aux élections de novembre 1946, les électeurs français plébiscitèrent un parti d'inspiration...
  • BIDAULT GEORGES (1899-1983)

    • Écrit par Christian SAUVAGE
    • 926 mots
    • 2 médias

    Homme politique français de la ive République. Formé chez les jésuites. Georges Bidault fait des études à la faculté des lettres de Paris, qui déboucheront sur l'agrégation d'histoire. Il s'engage dans l'Association catholique de la jeunesse française. Proche du « Sillon...

  • BOURGÈS-MAUNOURY MAURICE (1914-1993)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 951 mots
    • 1 média

    Maurice Bourgès-Maunoury est né à Luisant (Eure-et-Loir) le 19 août 1914. Polytechnicien, licencié en droit et diplômé de l'École des sciences politiques, il choisit d'être officier d'artillerie de 1935 à 1940, par fidélité à son aïeul maternel Joseph Maunoury (1867-1923), maréchal de France à titre...

  • Afficher les 41 références

Voir aussi