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QUAKERS

George Fox et les premiers quakers

Toutes les particularités du quakerisme s'expliquent par les conditions ecclésiastiques de sa naissance. Son fondateur, George Fox (1624-1691), anglican par sa famille, avait été choqué dès la fin du règne de Charles Ier, et encore plus pendant le Commonwealth cromwellien, par l'abondance des groupements, sectes et Églises qui prétendaient tous à la vérité et dont le formalisme et l'exclusivisme lui inspirèrent de l'aversion. Il devint alors un « chercheur » ( seeker), c'est-à-dire un homme détaché de toute appartenance ecclésiastique, en quête d'une vérité à découvrir personnellement. La mystique de Jacob Boehme, dont les écrits venaient d'être traduits en anglais, semble l'avoir beaucoup influencé. À cela il faut ajouter une introversion quasi maladive qui joua, chez Fox, dans le sens de l'individualisme mystique. Comme beaucoup de seekers de son temps, le père de la Société des Amis a participé à la fermentation antinomienne caractéristique des sectes du Commonwealth. Il n'hésitait pas à interrompre les cultes de l'Église officielle pour proclamer son message, à braver les autorités ou à les apostropher durement. Ainsi, le sobriquet de quakers (c'est-à-dire trembleurs) attribué à ses disciples viendrait, selon certains, du conseil qu'il aurait donné à un juge qui l'interrogeait : « Fais ton salut avec crainte et tremblement. » À moins que les « Amis » n'aient été dénommés trembleurs à cause des manifestations d'émotion frénétique qui se produisaient habituellement dans leur culte et leurs prédications. Parmi les premiers Amis, certains donnèrent le spectacle de véritables déviances, tel James Nayler, qui se prenait pour Jésus lui-même. Quoi qu'il en soit des liens possibles entre les quakers – pacifistes absolus et se refusant à tout serment – et certains mouvements révolutionnaires du Commonwealth, tels les diggers, les levellers et les ranters, le quakerisme se caractérise par une attitude de protestation radicale, sociale et religieuse. En rejetant le voussoiement, les formules et les gestes de politesse, les appellations traditionnelles des jours de la semaine, en refusant même de donner aux églises d'autre nom que celui de « maisons à clocher » (steeple houses), les premiers quakers mettaient en cause toutes les relations sociales et religieuses de l'époque et du lieu, de même qu'ils dénonçaient, avec toutes les branches de la Réforme radicale, le lien entre la culture de la société globale et le christianisme.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences humaines, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Jean SÉGUY. QUAKERS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABOLITIONNISME, histoire de l'esclavage

    • Écrit par Jean BRUHAT
    • 2 943 mots
    • 3 médias
    Si l'on néglige quelques initiatives de pionniers sans grand retentissement, les quakers sont, à la fin du xviiie siècle, les premiers qui aient mené une action coordonnée et systématique contre la traite négrière. Leur communauté de Pennsylvanie décide, en 1774, d'exclure de son sein tous ceux qui...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Claude FOHLEN, Annick FOUCRIER, Marie-France TOINET
    • 33 218 mots
    • 62 médias
    ...plus mêlé du point de vue ethnique, car la vallée de l'Hudson a été colonisée par des Hollandais, le Delaware par des Suédois et la Pennsylvanie par des quakers aux mœurs simples et aux idées tolérantes. La position centrale en fait une région de contacts entre le Nord et le Sud, et c'est là que se sont...
  • GRIMKÉ SARAH (1792-1873) et ANGELINA (1805-1879)

    • Écrit par Universalis
    • 454 mots

    Les sœurs Sarah et Angelina Grimké comptent parmi les premières figures de la lutte contre l'esclavage et pour les droits des femmes.

    Respectivement nées le 26 novembre 1792 et le 20 février 1805 à Charleston, en Caroline du Sud, Sarah Moore Grimké et Angelina Emily Grimké développent très...

  • HICKS EDWARD (1780-1849)

    • Écrit par Universalis
    • 331 mots

    Peintre américain, né le 4 avril 1780 à Attleborough (Pennsylvanie), mort le 23 août 1849 à Newtown, près de Philadelphie (Pennsylvanie).

    Edward Hicks vient tard à la peinture d'art. Peintre de voitures et d'enseignes dès son plus jeune âge, il rejoint le regroupement religieux des ...

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Voir aussi